J'ai acheté ce vin pour deux raisons.
La première, il vient de la réputée sous-région de Puente Alto,
lieu d'où originent plusieurs vins chiliens réputés à base de
Cabernet Sauvignon (Don Melchor, Vinedo Chadwick, Almaviva). La
deuxième, le vin porte la marque de Bernard Magrez, un français
très actif et réputé pour avoir augmenté la qualité de certains
vins bordelais (Pape Clément, La Tour Carnet). J'étais donc curieux
de voir ce que cette combinaison pouvait donner comme résultat. Ceci
dit, après l'achat du vin, je me suis aperçu en lisant la
contre-étiquette, collée sur l'originale, que le réel producteur
de ce vin est Vina La Rosa, un producteur implanté au royaume du
Carmenère, à Peumo dans Cachapoal. Je suppose que le vin a été
élaboré selon les spécifications du groupe Magrez. Aussi, sur le
site de Magrez, il y a de la confusion sur le lieu d'origine de ce
vin. Sur la fiche technique du millésime 2011, on parle en
introduction de Puente Alto, mais plus loin on dit que le lieu
d'origine du vin est San Bernardo, un endroit plus chaud situé
directement à l'ouest de Puente Alto, à l'intérieur de la vallée
de Maipo. Pour rajouter à la confusion, on dit que le millésime
2011 est issu d'un vignoble d'un hectare dont l'encépagement est
100% Cabernet Sauvignon, alors que le site de la SAQ dit que ce 2012
est un assemblage à parts égales de Cab et de Syrah issu du même
vignoble de un hectare. Ça ne colle pas. Tout ça pour dire que
l'information sur ce vin semble très confuse. L'étiquette nous
trompe sur le réel producteur et il est difficile d'être certain de
l'origine exacte et des cépages qui composent ce vin. Autre élément
surprenant, pour jeter encore plus de confusion, le site de la SAQ
classe ce vin comme vin nature... Voilà qui est très surprenant...
Je pense que la dégustation sera plus instructive que ce qu'on peut
lire au sujet de ce vin.
La robe est sombre et bien opaque. Le
nez libère des arômes de cerises, de prunes, de bois de cèdre, de
vanille et de camphre, complétés par de très subtiles notes
évoluées de type thé et feuilles mortes. La bouche dévoile un vin
velouté et rond, encore bien marqué par le côté épicé du bois
de chêne, mais avec un doux fruité intense balancé par une touche
d'amertume. Le milieu de bouche montre une matière riche et
concentrée où la douceur boisée se fait toujours sentir. La finale
ne renie rien et monte même d'un ton sur une bonne persistance aux
relents chocolatés.
Avec toute la confusion entourant
l'élaboration et l'origine de ce vin, c'était un peu comme le
déguster en semi-aveugle. J'étais sûr qu'il était chilien et
élaboré par Vina La Rosa, mais pour le reste je devais me fier à
mes sens et à mon expérience pour tenter d'y voir plus clair. C'est
bien sûr un exercice périlleux aux réponses incertaines. Ce qui
ressort le plus pour moi de la dégustation de ce vin, c'est sa
jeunesse et son profil de vin-friandise où le boisé de
jeunesse joue un grand rôle avec sa douceur épicée et son côté
chocolaté, tout ça allié à un fruité de cerise au marasquin. À
part les notes de bois de cèdre et de camphre, difficile pour moi
d'y percevoir des caractéristiques typiques des rouges de l'Alto
Maipo. Pas de cassis frais, pas de menthol, pas de poivron vert, rien
de végétal, rien non plus qui pourrait évoquer la Syrah. Un vin au
fruité mature qui a vu une bonne dose de bois neuf. Deux éléments
qui amenuisent la typicité. L'usage du bois est cohérent avec ce
que je connais du style de Vina La Rosa, mais c'est facile à dire
quand on connaît le producteur. Tout cela étant dit, j'ai bien aimé
ce jeune vin. De temps en temps je ne boude pas mon plaisir avec des
vins de ce style. Aussi, par expérience, je sais que ce type de vin
peut se métamorphoser avec le temps pour atteindre un profil
beaucoup plus sérieux. Un profil que sa rondeur et sa douceur de
jeunesse ne laissent pas soupçonner aujourd'hui. Pour qui n'a jamais
fait cette expérience, ça demande un réel acte de foi pour mettre
ce genre de vin en cave. Au final, on a un vin de belle qualité,
offert à un bon prix, mais à choisir, je préfère les vins venant
directement du producteur. Si je veux un Cab de Puente Alto de grande
qualité et offert à bon prix, et dont je suis sûr de l'origine, je
vais acheter le Cab, Marques de Casa Concha de Concha y Toro. Encore
une fois, le vin est de belle qualité, c'est ce qui l'entoure qui
m'embête. Ici on a Magrez qui met son nom sur l'étiquette en
prétendant être le producteur, alors qu'il joue plutôt les
revendeurs en fournissant une information nébuleuse sur le contenu de la bouteille. Je ne sais pas pourquoi la SAQ s'entête à offrir
ces vins chiliens de filière française en manque d'identité,
penser à l'Escudo Rojo, alors qu'il y a tant de bons producteurs
chiliens axés sur l'identité et le terroir qui sont absents des
tablettes de notre monopole, par exemple, Vina Leyda ou Vina Falernia. Le moins que je puisse dire c'est que ce qui entoure ce vin manque de sérénité.
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