jeudi 31 décembre 2009

Bonne et Heureuse Année 2010!!!!








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CARMENÈRE/CABERNET SAUVIGNON, ENVERO, GRAN RESERVA, 2007, APALTA, COLCHAGUA, APALTAGUA





Beaucoup d’étrangers investissent dans le potentiel vinicole du Chili. Miguel Torres fut le premier à montrer la voie dans les années 80 en s’installant dans la vallée de Curico. Edward Tutunjian, un américain tombé amoureux du Chili a suivi le même chemin il y a un peu plus de dix ans en achetant des vignobles dans cette même vallée de Curico et y créant des vins sous une étiquette portant son nom. Depuis, il a étendu ses activités dans Colchagua, où il a racheté Apaltagua. Et dernièrement, il a entrepris de créer son propre vignoble en plantant du Cabernet Sauvignon et de la Syrah près de Pirque dans l’Alto Maipo. De plus, autre geste montrant le sérieux du bonhomme, il a engagé le réputé Alvaro Espinoza comme consultant. Le vin dont il est question ici, le Envero, est un assemblage à forte dominante de Carmenère (90%), qui provient de la réputée sous-région de Apalta, située au coeur de la vallée de Colchagua. Il est issu de vieilles vignes de 60 ans d’âge, et a été élevé en barriques de chêne pour 8 à 12 mois. Le vin titre à 14% d’alcool.

La robe est bien foncée et opaque. Le nez est d’intensité modérée, et exprime de beaux arômes de fruits rouges et noirs, mâtinés de notes doucement épicées et d’une touche d’herbes aromatiques, ainsi que d’un trait de poivron rouge grillé. Un léger caractère chocolaté vient compléter ce très agréable ensemble qui sait éviter le caractère parfois trop végétal du Carmenère. En bouche, l’attaque est pleine et équilibrée, la structure est assez compacte et évite les débordements. Le fruité est éclatant et bien balancé par une juste dose d’amertume. Comme au nez, les notes d’épices douces et d’herbes aromatiques viennent agrémenter l’effet gustatif d’ensemble. Le milieu de bouche ne fléchit pas, sur un bon niveau de concentration et une texture tannique veloutée. Le finale ne dévie pas, gardant le cap, en se montrant harmonieuse et intense, sur une longueur de bon calibre.

Tout amateur de vins chiliens puis-je être, le Carmenère n’est pas mon cépage favori. Je le préfère de loin comme élément minoritaire d’un assemblage, qu’il peut alors complexifier et enrichir. C’est un cépage difficile à maîtriser, et lorsqu’il joue les premiers rôles, c’est une boîte à surprises, tellement les résultats peuvent être variables. Dans ce cas-ci, la surprise a été plus que bonne. J’ai vraiment beaucoup aimé ce vin que j’ai trouvé bien équilibré, avec une bonne matière et déjà agréable à boire. Ce vin s’est mérité les chaleureux éloges de la revue britannique Decanter et ça me semble parfaitement mérité. J’ai payé cette bouteille la modique somme de 15.95$. À ce prix, il va sans dire que c’est un RQP de haut niveau, et Apaltagua est un producteur à surveiller.


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lundi 28 décembre 2009

RIESLING, HANLIN HILL, 2008, CLARE VALLEY, PETALUMA



Après avoir lu à propos de Brian Croser, qui a fondé Petaluma il y a environ 30 ans, et sur cette maison et la qualité de ses vins aujourd’hui. J’ai eu le goût d’ essayer un de leur vin, soit ce Riesling. C’est le moins cher de la gamme, et pourtant ce vin reçoit beaucoup de commentaires très élogieux et possède un historique de garde impressionnant pour un vin de prix si abordable (22.45$). Le premier millésime issu du vignoble de Hanlin Hill a été produit en 1979. La région de Clare Valley, comme bien d'autres en Australie, est touchée par la sécheresse depuis quelques millésimes, et ce 2008 n’y échappe pas. La floraison fût très hâtive, et les raisins furent cueillis un mois plus tôt que la norme historique. Ce faisant, ils ont évité le pire de la vague de chaleur qui a touché cette région en 2008. La fermentation a lieu à basse température (10-13°C) et c’est étendue sur une longue période de six à sept semaines, jusqu’à épuisement des sucres. Le vin titre à 12.5% d’alcool.

La robe est d’une teinte jaune plutôt pâle. Le nez est de bonne intensité et dégage des arômes marqués de citron, complétés par des notes de poire et une pointe de fruits exotique. À cela s’ajoute une trace d’hydrocarbure et un caractère minéral crayeux bien en évidence. En bouche, l’attaque porte bien son nom, avec une acidité vive et un aspect minéral soutenu. Cela donne au vin un caractère assez austère, avec un fruité citronné sur la retenue. Le milieu de bouche est intense et concentré, mais toujours marqué par l’acidité et l’aspect minéral. Cela se poursuit en finale, sur une très bonne longueur.

Voilà un vin qui n’est pas pour les coeur sensibles et les amateurs de douceurs onctueuses. Bien typé Riesling et bien sec, ici on est dans la droiture acérée. Dire que ce vin est tranchant serait un euphémisme, surtout trois jours après l’ouverture où il semblait avoir perdu un peu de son fruit. Actuellement, il faut être dans des conditions favorables pour apprécier ce vin tellement il ne fait pas de quartier. Toutefois, sa qualité me semble indéniable et son potentiel de garde évident. Le néologisme “minéralité” me semble souvent galvaudé dans le merveilleux monde vinicole, mais je pense que ce vin permet de constater assez facilement qu’il peut parfois être légitime. Selon mes lectures, ce vin s’assagit avec l’âge et gagne en complexité. Moi qui manque de vins de garde en blanc, et qui ne déteste pas ce style affirmé, je pense bien donner une chance à la garde de ce vin avec quelques bouteilles qui iront dormir tranquillement. Surtout que les blancs de ce prix, ayant un historique de garde éprouvé, sont plutôt rares. Un vin pouvant mettre à mal tous les préjugés à propos des vins australiens. Je pense vraiment que pour la garde c’est une véritable aubaine au prix demandé.


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vendredi 25 décembre 2009

CABERNET SAUVIGNON, RESERVA, DOMAINE DON MAXIMIANO, 1998, ACONCAGUA, ERRAZURIZ


Une petite vieiilerie pour fêter Noêl. Le nom de ce vin trahit son âge. C’était avant qu’on rebaptise cette cuvée sous le nom plus commun de “Max Reserva”. 1998, c’est l’année où le phénomène “El Nino” a frappé le plus fort au Chili, avec de la pluie et des températures plus fraîches. En fait, c’est le dernier millésime déclaré comme carrément mauvais dans ce pays. Toutefois, là comme ailleurs, il faut se méfier de ce genre de jugement général. Le Chili est un vaste pays vinicole, et là aussi les décisions humaines peuvent jouer un grand rôle sur le niveau qualitatif final. Pour le reste, j'ai peu d'informations sur ce vin. Sinon qu’il titre à 14% d’alcool, et de mémoire, qu’il a été élevé en barriques de chêne français et américain, dont une certaine proportion était neuves.

La robe est passablement translucide, de teinte brique au pourtour orangé, montre des signes clairs d’évolution. Le nez est bien présent, mais là aussi l’évolution est facilement notable avec des arômes de terre humide, de feuilles mortes et de thé, qui s’entremêlent à des notes de fruits rouges (cerises) et d’épices douces, ainsi qu’à un aspect torréfié intriguant. Très beau nez évolué et complexe, situé à des lieues de son profil de prime jeunesse. En bouche, le vin est d’un bel équilibre où les divers aspects sont bien intégrés. On peut percevoir l’évolution de chaque élément de départ, que ce soit le fruité ou le boisé. Il sont toujours là, mais sous une forme altérée par le temps, et à cela s’ajoutent de nouvelles saveurs qui viennent contribuer à lier l’ensemble. C’est un phénomène difficile à mettre en mots, mais le résultat est vraiment délectable. Ce vin est encore bien expressif, mais évite toute forme d’agression, chose qu’on retrouve souvent dans de très bon jeunes vins. Ici, la matière a eu le temps de se calmer, de se fondre, et ça coule de source, sans effort, comme une caresse. Ce n’est pas très concentré, ni volumineux ou puissant. On est ici dans un autre registre. La finale ne dévie pas de la ligne tracée, et montre une bonne longueur, sans plus, sur des rémanences de chocolat noir.

Compte tenu du millésime, je dois avouer que j’ai été agréablement surpris par ce vin. Il avait encore suffisamment de fruit pour créer un bon équilibre avec les notes tertiaires. Son aspect fondu m’a beaucoup plu. On était loin ici d’un vin spectaculaire qui en mets plein la bouche. C’était un vin modéré, au profil évolué et à la texture veloutée. Facile et agréable à boire, misant sur l’aspect aromatique. Certainement pas un grand vin, pas aussi bon qu’un bon Cab de Maipo, du même prix et du même âge, mais quand même d’un bon niveau qualitatif. Le genre de vin qui me motive à mettre beaucoup de rouges chiliens de cette gamme de prix de côté. Car ce type de vin n’est pas disponible sur le marché. Si on veut en boire sur une base régulière, il faut y voir soi-même.

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jeudi 24 décembre 2009

Joyeux Noël!!!!






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CHARDONNAY, MARQUES DE CASA CONCHA, 2007, PIRQUE, ALTO MAIPO, CONCHA Y TORO



Je poursuis ma série de Chardonnays chiliens en m’éloignant totalement de la côte Pacifique, pour aller complètement à l’opposé, au pied des Andes, dans l’Alto Maipo, près de Pirque. Le vignoble s’appelle Santa Isabel et il est situé dans la partie la plus élevée et la plus fraîche de cette région reconnue pour ses Cabernets. Cette cuvée reçoit année après année les louanges et les gros scores des critiques américains (WA et WS), et pourtant, ce 2007 deviendra une sorte de relique vinicole, car il s’agit du dernier millésime de ce vin produit dans sa forme actuelle. À partir du millésime 2008, cette cuvée est élaborée avec des raisins provenant de la vallée de Limari. En un sens, cela est surprenant, car avec les gros scores que recevait ce vin, on comprend mal pourquoi le producteur a décidé de changer la recette. Toutefois, d’un autre côté, ça en dit beaucoup sur le potentiel que Concha y Toro voit dans la région de Limari. Il faut dire que l’oenologue en charge des vins de la gamme Marques de Casa Concha, Marcelo Papa, croit tellement au potentiel de Limari, qu’il a convaincu ses patrons d’acheter et de planter des vignobles dans cette région, et de créer une nouvelle compagnie, dédiée à ces vins, appelée Maycas del Limari. Donc, avec ce Chardonnay de Maipo, je bois vraiment une partie de l’ancien Chili en voie d’extinction. Je le boirai avec un peu de recueillement donc.... Je l’aimais bien moi ce vin.

La robe arbore une teinte dorée. Le nez est bien calibré avec des arômes de pêches bien mûres, de citron, d’orange et de mangue, le tout étant complété par des notes de miel et d’épices douces, ainsi qu’une touche de caramel. Très beau nez sur le fruit bien mature et au boisé bien dosé. À la fois jeune et complexe. En bouche, l’attaque équilibrée, avec un brin de rondeur et une belle intensité fruitée qui se marie bien à l’aspect boisé de qualité. Le milieu de bouche montre un vin de bon volume et bien concentré, mais sans lourdeur. Ça coule facilement vers une belle finale intense, où les saveurs se fondent et persistent un long moment.

Fidèle au style mûr et savamment boisé de cette cuvée. Un vin très agréable, facile à boire. Beau dernier tour de piste. Je serais curieux de savoir ce que fait maintenant Concha y Toro avec ces vignes de Chardonnay??? Recalées dans une gamme inférieure, ou bien greffées avec du Viognier ou un cépage rouge aimant un peu de fraîcheur, comme la Syrah, le Cabernet Franc, ou le Malbec??? Une chose est sûre, l’abandon de ce vin à succès montre bien la détermination du Chili à aller de l’avant, sans trop s’émouvoir de ce qu’il laisse derrière.

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mardi 22 décembre 2009

Petites précisions sur mes notes de dégustation

J’aimerais préciser certaines choses par rapport à ce que j’écris sur ce blogue. La première étant que j’ai rarement le temps ou l’envie d’écrire sur des vins que je n’ai pas aimés. Ce qui fait que je peux avoir l’air de tout aimer, tout le temps. Il faut dire que n’étant qu’un amateur, les vins dont je parle sont, la plupart du temps, des vins que j’ai achetés, et que comme amateur je n’achète pas à l’aveuglette. Je fais presque toujours une recherche avant d’acheter un vin. Je connais aussi très bien mes goûts. Cela limite beaucoup les erreurs. Aussi, mon intérêt particulier pour le Chili limite encore plus mes mauvais achats de ce côté. Ça ne les élimine pas totalement toutefois. À preuve, dernièrement, le Carmenère/Cabernet Sauvignon, 1810, 2006, Maule, Casa Donoso. Un vin totalement ruiné par les bretts, ou bien le Chardonnay, Reserve, 2008, Casablanca, Vina Carmen, un vin très quelconque qui a fini son existence dans la sauce au fromage. Ou encore une dégustation des produits D’Arenberg à laquelle j’ai participé dernièrement. Je n’ai vraiment pas aimé la plupart de ces vins dominés par l’impression sucrée du fruit. Ça prend déjà assez de temps et de motivation pour écrire sur les vins que j’ai aimés. Je n’ai pas ce temps ni cette motivation pour le faire négativement. Voilà.

Un autre point est celui des notes. Je ne donne pas de notes aux vins dont je parle. Plus je progresse dans le monde du vin et plus je trouve ridicules les notes chiffrées et précises. Cela ne veut pas dire que je n’ai aucune idée du niveau qualitatif d’un vin donné, mais les mots permettent de mieux préciser cette appréciation qualitative, de la mettre en contexte, et surtout, d’inclure la notion de plaisir dans l’équation. Par exemple, je trouve que la plupart des vins rouges sont mis en marché bien trop jeunes. Actuellement, j’ouvre des 2007 par curiosité, et la plupart sont bien trop jeunes et donneront bien plus de plaisir dans quelques années. La qualité est là, on peut la constater, mais le vrai plaisir est à venir. Comment peut-on intégrer cette opposition dans un seul chiffre? C’est à mon avis impossible, et s’il faut lire le commentaire pour bien comprendre, alors le chiffre est inutile. Aussi, il y a toute la question des critères à la base de l’évaluation. Par exemple, un critère de plus en plus important pour moi, et relié à la notion de plaisir, est la fameuse “buvabilité”. Cette notion est très variable dans le temps pour un vin donné, et n’est généralement pas primordiale dans l’attribution de notes par les professionnels. Selon mon expérience, ceux-ci privilégient la plupart du temps la concentration, la puissance et la longueur. Autre problème pour moi avec les notes, et celui-ci est bien personnel, c’est que j’ignore ce qu’est un vin parfait. Alors même selon mes critères qualitatifs personnels, sans limite supérieure bien établie, il me serait difficile d’établir une échelle de notation valable. À l’encontre des notes précises, il faut bien sûr ajouter les limites du dégustateur. Je suis convaincu qu’il est impossible pour un dégustateur, même le meilleur, d’attribuer à l’aveugle la même note au même vin de façon répétée. Les sens du goût et de l’odorat n’ont juste pas cette précision, et quelqu’un qui veut écrire sérieusement sur le vin devrait avoir l’humilité de le reconnaître.

lundi 21 décembre 2009

CHARDONNAY, WINEMAKER’S LOT 14, 2008, CASABLANCA, CONCHA Y TORO


La gamme “Winemaker’s Lot” de Concha y Toro est plutôt obscure. Elle n’est pas référencée sur le site du producteur, probablement car elle est hétérogène et sans continuité dans le temps. Les vins de cette gamme sont axés sur des parcelles particulières de vignobles de cette grande maison, et vinifiés par un “winemaker” à l’emploi de celle-ci. Dans le cas de ce Chardonnay, l’oenologue en charge est Carlos Halaby. Les raisins proviennent de la parcelle 14 du vignoble “El Triangulo”, situé dans la vallée de Casablanca. Ce vignoble donne aussi les raisins pour les deux cuvées les plus ambitieuses en matière de cépages bourguignons, soit le Chardonnay Amelia, et le Pinot Noir Occio, de la filiale Cono Sur. Concha y Toro étant une très grosse entreprise produisant de très forts volumes sur la majorité de ses vins, cette gamme particulière semble vouloir privilégier la vision d’un homme, avec un cépage, sur un terroir précis, et ce, pour des vins de prix abordables.

La robe est de teinte or pâle. Le nez est d’intensité modérée avec le citron comme arôme principal, mais aussi des notes de poire et de pêche, ainsi qu’une touche doucement épicée. En bouche, l’attaque est d’un très bel équilibre, les saveurs reflètent assez bien ce qui était perçu au nez, avec toujours le citron en majeure. Ces saveurs sont intenses et de très belle qualité, mais en même temps sans excès et avec une certaine élégance. Le milieu de bouche est un pur plaisir, où tous les éléments semblent montrer de justes proportions. Au risque de me répéter, ce vin joue vraiment la carte de l’équilibre, avec une belle fraîcheur et cette fameuse “buvabilité” tant recherchée. Aucun excès dans ce vin donc, mais rien ne manque. Cela se transpose en finale où une agréable impression d’harmonie se dégage, sur une persistance de très bon niveau.

Après San Antonio et Limari, voilà un beau vin de Chardonnay de Casablanca au profil qui le distingue de ses trois prédécesseurs. Son caractère citronné le rapproche d’un vin de Sauvignon Blanc, mais sans l’aspect végétal, et avec une légère influence boisé qui apporte un subtil caractère épicé et qui contribue à la rondeur. Avec le Tabali, c’est clairement le vin le plus facile à boire. Il faut se restreindre pour ne pas vider la bouteille trop rapidement. Vraiment un vin des plus agréables et un RQP très appréciable (17.95$). Ce vin et les trois autres dégustés auparavant sont une belle illustration des progrès rapides effectués par la Chili avec le cépage Chardonnay. La qualité est là, et la diversité de style aussi. Pour l’amateur averti, il maintenant possible de boire de très bons Chardonnays chiliens, et ce, pour des prix imbattables. Et comme la plupart des vignobles sont très jeunes, et que l’on continue de développer de nouveaux terroirs de climats frais, le meilleur est encore à venir.

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vendredi 18 décembre 2009

CHARDONNAY, AMAYNA, 2006, LEYDA, SAN ANTONIO, VINA GARCES SILVA





Je continue sur ma lancée de Chardonnays chiliens avec un vin venant d’un autre de ces nouveaux producteurs ayant comme point de mire d’élaborer des vins de terroir et de qualité. Dans ce cas-ci, le terroir est celui de Leyda, une petite sous-région de l’appellation côtière plus large de San Antonio. Comme plusieurs de ces nouveaux producteurs chiliens axés sur la qualité, Garces Silva est doté d’un chai de vinification par gravité des plus modernes, et d’une salle d’élevage à température et humidité contrôlée. Pour ce qui est de ce Chardonnay, il est fermenté en barriques de chêne français Taransaud, dont la moitié sont neuves, et élevé dans celles-ci pendant un an.

La robe est d’une belle teinte or. Le nez est intense et offre des arômes de pêche, de mangue, de citron, de maïs, de noix et d’épices douces, le tout étant complété par un aspect minéral me rappelant l’eau de source fraîchement récoltée. En bouche, l’attaque est très intense, les saveurs irradient de toutes parts, avec une belle ampleur et une texture légèrement onctueuse. La matière est concentrée et intense, sur un bon volume. Les saveurs sont de très belle qualité et bien intégrées. La finale est fondue et harmonieuse, avec une allonge de fort calibre.

Des trois Chardonnays chiliens dégustés dernièrement, avec le Tabali et le Chocalan, ce Amayna est clairement le plus distinctif. C’est le plus puissant, le plus concentré et le plus expressif, tant au nez qu’en bouche. C’est un vin de caractère, avec un petit côté sauvage difficile à décrire. En ce sens, il me fait penser aux Sauvignons de Casa Marin, avec une empreinte du terroir bien affirmée, mais qui pourrait en déconcerter certains recherchant un profil plus classique. Ceci dit, pour moi, ce caractère particulier est positif, et nul doute que ce vin est de très grande qualité. Je ne connais pas de Chardonnay de ce prix (24$) qui offre autant de matière. Pour boucler la boucle de ce trio de vins. Je vais citer encore une fois Jay Miller du Wine Advocate, qui après deux 91 aux Chocalan et Tabali, a octroyé un 93 à ce vin, y voyant une ressemblance frappante avec un Grand Cru de Bourgogne, et le classant comme un des meilleurs du Chili. Comme les Grands Crus de Bourgogne ne sont pas mon ordinaire, j’avoue ne pas pouvoir juger de la justesse de la comparaison de M. Miller. Mais encore une fois, je ne référence ce commentaire qu’à titre indicatif. Pour montrer qu’il a apprécié, et non pour la note elle-même. Toujours est-il que pour moi il est clair que ce vin est de qualité supérieure et qu’il complète avec brio un fort trio de Chardonnays chiliens montrant les progrès qualitatifs rapides de ce cépage au Chili, et offrant des RQP de très haut calibre. Le millésime 2007 de ce vin devrait arriver bientôt à la SAQ. Gardez l’oeil et l’esprit ouverts.

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mercredi 16 décembre 2009

CHARDONNAY, RESERVA ESPECIAL, 2007, LIMARI, VINA TABALI




La dernière année a marqué une évolution dans mon profil de consommateur de vin. Moi qui buvait surtout du rouge, j’augmente graduellement ma consommation de blanc. Une des raisons est que je préfère maintenant mes rouges avec un certain âge, ce qui leur procure plus de “buvabilité”. Toutefois, je n’ai pas encore la réserve requise de ce type de vin pour en boire régulièrement. Je stocke donc les jeunes rouges, et j’ouvre plus de jeunes blancs, qui eux se boivent très bien, malgré leur jeunesse. Une autre raison de ma dérive relative vers les blancs, étant donné mon intérêt pour les vins du Chili, est l’augmentation marquée du niveau qualitatif des blancs issus de ce pays, avec le développement de nouvelles régions plus fraîches et mieux adaptées à la culture des cépages blancs en général. En ce sens, je continue ma revue de quelques Chardonnays issus de ces nouvelles régions chiliennes, avec une offrande de Vina Tabali, issue de la vallée de Limari. Ce vin provient d’un vignoble aux sols à haute teneur en calcaire, sous influence directe du Pacifique, qui est situé à 25 km. Le fermentation a eu lieu en barriques de chêne français, suivie d’un élevage de 10 mois dans celles-ci.

La robe arbore une teinte dorée assez pâle. Le nez est quelque peu retenu, mais tout de même bien agréable, exhalant des arômes de pêche, de citron, de noix, et de miel. Beau nez fin et délicat. En bouche, le vin se montre pas mal plus démonstratif, avec une attaque superbement équilibrée, ronde et souple, presque onctueuse. Le vin est d’une texture caressante, et le fruité est d’une pureté exemplaire, amalgamé à de légères notes doucement épicées. Le milieu de bouche est lui aussi sous le signe de l’équilibre, la matière est bonne, sans excès d’aucune sorte. Les proportions sont idéales. Le vin coule sans effort et le niveau de la bouteille baisse trop rapidement. La finale garde le cap sans fléchir, avec toujours cette impression d’équilibre presque idéal, sur une allonge de bon niveau.

Si la “buvabilité” doit être un critère primordial dans l’évaluation d’un vin, et bien cette “Réserve Spéciale” de Vina Tabali marque un point indéniable. Ce vin est dangereusement bon. Pourtant, il n’a aucune particularité spectaculaire. Mais l’ensemble est une réussite totale. L’exemple parfait illustrant que parfois, la somme peut être supérieure à l’ensemble des parties. Ça coule sans effort en caressant le palais, sur un spectre gustatif irréprochable. Très beau vin de Chardonnay, subtil et élégant, à l’apport boisé finement dosé. Aucune lourdeur dans ce vin, que du plaisir. Franchement. J’adore. Et comme toujours avec moi, quand je pense au prix (18.95$), j’ai tendance à le trouver encore meilleur. Je ne suis pas le seul. Jay Miller de Wine Advocate a donné un 91 à ce vin, comparant son profil élégant à celui d’un Côte de Beaune. Vraiment superbe vin à l’excellent RQP, qui montre que le Chili fait de grands et rapides progrès avec le cépage Chardonnay, de Malleco au sud, jusqu'à Limari au nord.

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lundi 14 décembre 2009

CHARDONNAY, MALVILLA, 2008, SAN ANTONIO, VINA CHOCALAN


Chocolan est un de mes producteurs chilien favori. C’est un membre de cette nouvelle vague de producteurs totalement axés sur la production de vins de qualité. Jusqu’à présent, je n’avais goûté qu’à leurs vins rouges, issus de la partie ouest de la vallée de Maipo, sous région appelée Maipo Costa. Malgré le nom évoquant la côte, cette région ne donne pas directement sur celle-ci, étant protégée du Pacifique par la cordillère côtière. Toutefois, de l’autre côté de cette cordillère, on retrouve la région de San Antonio, qui elle donne directement sur le Pacifique. C’est là, près du village de Malvilla, que Chocalan a étendu ses activités il y a cinq ans, en plantant un vignoble à seulement 4 km de l’océan, rivalisant ainsi avec Casa Marin pour le titre de vignoble le plus maritime du Chili. Ce nouveau vignoble est surtout axé sur la production de vins blancs (Chardonnay, Sauvignon Blanc, Riesling et Gewurztraminer), complétés en rouge par le Pinot Noir. Les premières vignes ont été plantées en 2005. Ce Chardonnay est donc issu de la première récolte effectuée sur des vignes de trois ans d’âge. Seulement 20% du vin est fermenté en barrique de chêne neuves, et élevé sur lies pendant huit mois dans celles-ci.

La robe brille d’une superbe teinte dorée. Le nez est étincelant avec un superbe mélange d’arômes de pêche, de poire, de citron, de banane, d’orange, et de miel, le tout complété par une très légère touche de vanille et un léger aspect floral. Très beau nez montrant une belle complexité, particulièrement au niveau fruité. En bouche, l’attaque est équilibrée, avec une bonne amplitude, une certaine rondeur et une saine acidité. Les arômes perçus au nez se reflètent assez fidèlement au niveau gustatif. Les saveurs sont intenses et éclatantes, avec un léger apport boisé déjà bien intégré. Ce vin est bien expressif, mais il n’y a rien d’excessif dans celui-ci. En fait, il montre une belle finesse. Ce n’est pas un vin très concentré, et cela sied bien au style préconisé, axé sur l’élégance et la qualité aromatique. La finale est harmonieuse, avec des saveurs qui se fondent très bien, sur une longueur de bon calibre.

Que dire de plus à propos de ce très beau vin? Un Chardonnay jouant la carte de la finesse et de l’élégance, c’est encore rare au Chili, mais ce vin est la preuve que c’est maintenant possible. Bien sûr, la fraîcheur du terroir semble être ici la clef. Il faut aussi se rappeler que ce vin est issu de vignes de seulement trois ans d’âge. Dans ce contexte, le niveau qualitatif est proprement renversant. Il ne manque qu’un peu de profondeur pour se rapprocher du haut calibre. Toutefois, il est évident que le potentiel est là et que ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne se reflète complètement. Offert pour 22.10$ à la SAQ, c’est un bel achat et une belle occasion de constater à quel point Vina Chocalan est un producteur sérieux.

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vendredi 11 décembre 2009

MALBEC, 2007, CASABLANCA, LOMA LARGA


La région de Casablanca a été la première région dite de climat frais développée au Chili, sous l’impulsion de Pablo Morandé à la fin des années 80. Depuis ce temps, plusieurs producteurs s’y sont installés pour y produire leurs vins blancs, et parfois du Pinot Noir. C’est donc une région reconnue pour ses vins blancs. En fait, tous les producteurs de la région produisent en majorité des vins blancs, sauf un Loma Larga, dont la production de vins rouges est majoritaire. Bien sûr ils ont planté du Pinot, mais aussi du Merlot et un tout petit peu de Cabernet Sauvignon. Mais fait notable, ils furent les premiers à planter dans Casablanca les cépages Cabernet Franc, Malbec, et Syrah. Cinq années d’analyses climatologiques et de sol ont précédé les premières plantations, en 1999, pour bien déterminer les parcelles les mieux adaptées à chaque cépage. Un chai de vinification spectaculaire, à la fine pointe de la technologie, utilisant l’écoulement par gravité, a été construit. Toutefois, la philosophie de vinification de la maison, menée par l’oenologue français, Emeric Genevière-Montignac, en est une alliant hygiène stricte et intervention minimale, ainsi qu’un usage modéré du bois neuf.

Pour ce qui est de cette cuvée de Malbec, c’est en fait un assemblage de 95% de Malbec, complété par de la Syrah. Le vin est élevé un an en barriques de chêne français, dont seulement 10% sont neuves, le reste étant de deuxième et troisième usages. De façon très étonnante pour un rouge venant d’une région dite fraîche, le vin titre à 14.8% d’alcool. Il faut croire que les analyses climatiques ont porté fruit, et qu’il existe des micro-climats dans cette partie spécifique de la région. Voyons maintenant ce que ça donne une fois dans le verre.

La robe est dense, sombre et opaque. Le nez s’exprime avec une certaine retenue sur de très beaux arômes de fruits noirs, complétés par des notes d’humus, de bois de cèdre, d’épices douces, ainsi qu’un léger aspect floral. Beau nez, pas le plus complexe pour le moment, mais il possède une belle qualité d’arômes. En bouche, le vin se montre intense et compact, ferme, mais en même temps riche, avec un fruité noir très dense et de superbe qualité. Une fine amertume bien marquée donne un aspect un peu viril et permet l’obtention d’un bel équilibre d’ensemble. En milieu de bouche le vin fait montre de son fort niveau de concentration, tout en sachant éviter la lourdeur. Le vin est à la fois svelte et puissant, sur une trame tannique serrée et satinée. La finale continue dans la même veine, avec un sursaut d’intensité, une très bonne allonge qui voit l’amertume prendre graduellement le dessus.

Je pense connaître assez bien le vin chilien, mais au gré de mes explorations, il arrive encore à me surprendre et à me montrer un visage inédit. Dans le cas de ce Malbec, je n’avais jusqu’à présent rien rencontré de tel au Chili. Ce vin transcende l’idée que j’avais du cépage, qu’il soit d’origine argentine, cadurcienne ou même chilienne. Dès le premier abord, ce vin m’a fait penser à des vins espagnols modernes, à la fois fermes, riches et intenses, comme ceux du Priorat. J’ai vraiment beaucoup aimé ce vin. Il est encore très jeune, et le temps ne pourra que lui être bénéfique. Au prix demandé (19$) sur la boutique en ligne de la LCBO, c’est vraiment un excellent achat. La qualité est indéniable, et pour moi il était intéressant de découvrir un autre visage maintenant possible du vin chilien.

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mercredi 9 décembre 2009

La Syrah au Chili

Voici le lien vers un article intéressant de Liz Caskey, une américaine établie au Chili, à propos de ce qu'elle appelle les "Rhône Rangers" chiliens, ces producteurs lancés dans la production de vins de Syrah au Chili. Plusieurs d'entre eux le font dans des régions de climat frais pour produire des vins étonnants. Sans surprise, aucun des vins mentionnés dans l'article n'est disponible au Québec. Seul Tabali est présent ici avec sa cuvée de base de Syrah. Toutefois, l'Ontario fait meilleure figure et offre la Syrah, 2007, de Amayna, ainsi que la Syrah, Coralillo, 2007 de Matetic. On peut aussi trouver actuellement la cuvée Rapsodia, 2007, de Loma Larga. Un assemblage composé de 70 % de Syrah, complété par du Malbec et du Cabernet Franc. On peut aussi trouver les Malbec et Cabernet Franc de Loma Larga.



http://www.epicopia.com/blog/52-chiles-rhone-rangers-the-new-syrahs

mardi 8 décembre 2009

SAUVIGNON BLANC, LAUREL VINEYARD, 2005, SAN ANTONIO, CASA MARIN



Pour faire suite au Sauvignon Blanc de Errazuriz, je continue avec un autre Sauvignon Blanc issu de très jeunes vignes, quatre ans dans ce cas-ci, mais avec trois ans de plus en bouteille. Je commence à garder quelques blancs des nouvelles régions fraîches du Chili. Pour commencer, j’ai choisi le précurseur dans le domaine, Casa Marin et ses vins controversés. Il est intéressant de suivre en parallèle l’évolution des deux cuvées de Sauvignon Blanc. Après le “Cipreses Vineyard” il y a quelque temps, j’y vais cette fois avec la cuvée soeur, “Laurel Vineyard”. Nul besoin de rappeler tout le bien que je pense de ce producteur visionnaire au Chili, à qui l’on doit le tournant marquant vers la côte, initié il y a maintenant une décennie.

La robe est d’une belle teinte jaune encore bien pâle. Le nez est maintenant beaucoup plus modéré qu’en prime jeunesse. L’aspect végétal est en déclin marqué, disparus les arômes d’asperges, le citron et l’aspect minéral un peu salin occupent maintenant l’avant scène. En bouche toutefois, le vin est encore très vigoureux, avec toujours cette matière riche, dense et intense. Les saveurs de citron sont concentrées et profondes, étant soutenues par une acidité qui ne se dément pas. Un léger aspect végétal toujours présent vient complexifier la palette gustative. La finale est intense et très longue.

Pas de doute pour moi que Casa Marin fait du grand Sauvignon Blanc. Désolé pour ceux que ça fait paniquer, mais comme dans le cas des bons Cabs de Maipo, avec l’âge ce vin perd son côté distinctif et se rapproche d’un profil classique français. Ce vin était seulement le deuxième millésime produit. À ce sujet, je joins un lien vers un article très récent relatant une dégustation des vins de Casa Marin, dont les Sauvignons du millésime 2009. À la lecture vous verrez que je ne suis pas le seul à voir ces vins dans l’élite mondiale pour ce cépage. Reverrons-nous jamais ces vins à la SAQ? Il le faudrait bien.

samedi 5 décembre 2009

SAUVIGNON BLANC, SINGLE VINEYARD, 2008, ACONCAGUA COSTA, ERRAZURIZ



Comme je l’écrivais dans un message précédant. Une des raisons pour lesquelles j’aime le Chili vinicole est la possibilité de suivre une histoire en plein développement. Ce pays a résolument pris le virage terroir et il est stimulant de pouvoir goûter certains des premiers vins issus de ces nouveaux vignobles, plantés dans des endroits jusqu’ici inexploités pour la viticulture. Même les producteurs historiques du pays prennent ce virage. C’est le cas de la maison Errazuriz. Elle avait déjà amorcé ce mouvement, il y a une quinzaine d’années, en plantant dans la fraîche région de Casablanca pour la production de ses vins blancs et de Pinot Noir. En 2005, elle a décidé de pousser plus loin cette logique en plantant les premières vignes de ce qui allait devenir le domaine Manzanar, situé dans la partie côtière de la vallée de l’Aconcagua, à seulement 14 km de l’océan Pacifique. En plus du Sauvignon, on y a aussi planté du Chardonnay, du Pinot Noir, du Merlot et de la Syrah. En développant ce nouveau domaine côtier, Errazuriz prend clairement exemple sur le succès de la région de San Antonio/Leyda, située un peu plus au sud. D’ailleurs, Errazuriz n’est pas le seul à étendre le vignoble chilien vers la côte. Montes s'est établi lui aussi sur la côte, un peu au nord de Errazuriz, à Zapallar, qui est la portion côtière de la petite vallée de Choapa. Plus au sud, Concha y Toro développe actuellement un nouveau domaine ambitieux près de l’embouchure du fleuve Rapel, dans ce qui pourrait être appelé Cachapoal Costa, et Casa Silva fait la même chose, encore un peu plus au sud, dans l’extension côtière de la vallée de Colchagua.

Pour ce qui est de ce Sauvignon Blanc, il s’agit du premier vin issu du Domaine Manzanar, où quatre clones du cépage ont été plantés (1, 107, 242, 376). J’ignore pourquoi, mais il semble que les jeunes vignes de Sauvignon Blanc soient prêtes plus rapidement que d’autres cépages à donner un premier vin. Dans ce cas-ci, après seulement trois ans. Il est donc clair que ce vin n’est qu’un premier pas, et que le plein potentiel reste à développer. Ce Sauvignon a été élaboré en inox, à basse température de fermentation (12-15° C), en minimisant le contact avec l’oxygène, pour préserver au maximum les arômes variétaux soufrés, facilement oxydables. Le vin n’a pas subit de fermentation malo-lactique, pour conserver le plus possible de fraîcheur. Voyons maintenant le résultat de ce coup de départ.

La robe est de teinte jaune, aux reflet verdâtres, tout de même assez foncée pour un jeune vin de ce cépage. Le nez montre beaucoup de fraîcheur et une belle justesse d’expression, exhalant des arômes de citron, de zeste de pamplemousse, d’herbe coupée, de poivron vert, ainsi qu’un très léger aspect évoquant les fruits tropicaux en arrière-plan. Très beau nez de Sauvignon, d’une étonnante profondeur, complexe, et à l’équilibre réussi entre l’aspect fruité et le caractère végétal. En bouche, le vin surprend par la richesse de sa matière, ainsi que par son amplitude et sa rondeur en attaque. L’acidité est bien présente pour soutenir l’ensemble, et apporter la fraîcheur nécessaire, mais elle n’est pas tranchante. Le milieu de bouche permet de confirmer les impressions initiales, de constater l’aspect minéral du vin, et de se convaincre de son excellent niveau de concentration, sur un bon volume et un bon équilibre. Le finale fraîche et harmonieuse, rehausse le caractère minéral, sur une longueur de bon calibre.

Ce vin est un premier essai très réussi. En fait, je demeure étonné qu’un si bon vin, avec autant de richesse et de matière puisse être élaboré à partir de si jeunes vignes, même si ce n’est pas la première fois que je constate le phénomène. Une chose est sûre, si l’âge des vignes est vraiment un facteur qualitatif déterminant, les vins de ce domaine seront vraiment formidables dans quelques années. Le terroir semble vraiment s’exprimer dans ce vin. L’aspect côtier se révèle, et en ce sens, je l’ai trouvé plus près des vins de Sauvignon de San Antonio/Leyda, que de ceux de Casablanca. C’est vraiment un superbe effort de la part d’Errazuriz, l’occasion de goûter le fruit d’un pays vinicole résolument en marche vers la diversité et encore plus de qualité. Le plus beau, c’est que ce premier né est offert pour aussi peu que 15.95$ à la LCBO, ce qui en fait un RQP de tout premier ordre.

mardi 1 décembre 2009

LE GOÛT: UNE QUESTION DE CHOIX?

Peut-on choisir son goût? Voilà une question qui peut sembler singulière. Pourtant, depuis que je m’intéresse au monde du vin, c’est une question que je me pose avec de plus en plus d’insistance. Le goût est-il quelque chose d’indépendant de notre volonté, ou est-ce le résultat d’un choix? Je lisais hier un message publié par le journaliste et blogueur vinicole britannique Jaimie Goode, et cette question m’est revenue avec beaucoup d’acuité. Voici ma traduction du premier paragraphe de son court texte sur les vins de Nebbiolo:

“J’ai décidé que j’aimais le Nebbiolo. C’est tellement non commercial, donnant des vins de couleur pâle, brutalement tannique, à l’acidité élevée, aux saveurs complexes, et difficiles à se procurer.”
http://www.wineanorak.com/blog/2009/11/nebbiolo-what-crazy-wonderful-grape.html#links


Je respecte Jaimie Goode, et apprécie bien, en général, ce qu’il écrit. C’est un vrai passionné du vin, mais ce petit paragraphe m’a jeté par terre. Pour moi, ça représente en bonne partie ce que je n’aime pas dans le monde du vin. En aucun moment il ne parle de plaisir. Son “amour” semble plus philosophique que motivé par ses sens. Il semble avoir décidé d’aimer les vins de ce cépage parce que de manière générale ça correspond avec ses principes. Rendu à ce point, peut-on dire qu’il aime vraiment? Il me semble que l’affinité réelle ne se choisit pas. Elle s’impose d’elle-même, et dans le cas du vin, elle doit relever du plaisir, d’abord et avant tout.

Quand je lis des choses semblables, je ne peux m’empêcher de penser que le choix du goût est quelque chose d’assez répandu chez l’amateur de vin, dit sérieux, même si c’est rarement exprimé de manière aussi directe. Et qui dit choix, dit adhésion, mais aussi rejet. De plus, si pour plusieurs ce qu’on appelle le goût, dans le sens de bon goût ou mauvais goût, est affaire de choix. Cela veut dire que ce type de goût affecté est une construction de l’esprit qui au bout du processus n’a que peu à voir avec les sensations que procure un vin donné. Ça devient une question de concordance par rapport à des critères prédéterminés.

Je pense qu’il faut se méfier lorsqu’on progresse dans le monde du vin du danger de choisir son goût, surtout si c’est pour le corriger. Ça ne veut pas dire qu’il ne faille pas évoluer, apprendre et découvrir. Pour moi, ne pas choisir, ça veut surtout dire ne pas rationaliser le plaisir, rester fidèle à ses perceptions, demeurer honnête avec soi-même, et éviter de se conformer à des idées toutes faites, même si elles sont du côté du classicisme, du bon goût, d’une mouvance philosophique en matière d’élaboration, ou bien de la dernière tendance branchée.

lundi 30 novembre 2009

CHARDONNAY/PINOT BLANC/PINOT GRIS, TRIO, 2008, CASABLANCA, CONCHA Y TORO


Concha Y Toro est à mon avis le meilleur producteur du Chili, malgré le fait qu’il soit de loin le plus gros. Cette maison réussit, année après année, le tour de force d’allier forts volumes et qualité, et ce sur une gamme de vins très vaste, issus de cépages et de terroirs variés, et ce à plusieurs niveaux de prix. La gamme TRIO est orientée sur la production de vins d’assemblage à prix abordables.

La robe est d’une belle teinte dorée assez foncé. Le nez est bien agréable, dominé par l’aspect fruité, exhalant des arômes de pêche, de citron, d’ananas et de banane, complétés par un aspect floral et un côté miellé. En bouche, l’attaque est d’une belle ampleur, le vin est rond et légèrement onctueux, sur une belle intensité fruitée. Bon volume en milieu de bouche et acidité modérée. La finale est harmonieuse avec une bonne persistance.

L’assemblage est moins courant en blanc qu’en rouge, et c’est bien dommage. Ce vin en est un bel exemple. Ça permet l’obtention de vins plus complexes et plus complets, même pour des vins abordables comme celui-ci. Au lieu d’un autre Chardonnay de Casablanca un peu stéréotypé, on obtient un vin plus original et de très belle qualité compte tenu de son modique prix. Comme je ne note pas les vins, certains pourraient être intéressés de savoir que Jay Miller de Wine Advocate a octroyé un 90 à ce vin. Bien sûr ce n’est qu’un chiffre, et personnellement je suis en désaccord avec le procédé. Je préfère y voir le fait qu’il a bien aimé la qualité de ce vin. Pour 14.95$ à la SAQ, c’est à mon avis un très bon achat.

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jeudi 26 novembre 2009

CABERNET SAUVIGNON, INTRIGA, 2006, MAIPO, VINA INTRIGA



Vina Intriga fait partie du groupe Montgras qui possède quatre propriétés distinctes au Chili. D’abord dans la vallée de Colchagua, Il y a l’opération de base sous étiquette Montgras, et l’opération plus haut de gamme, Ninquén. Ensuite, il y a Amaral, établi dans la région côtière de Leyda, pour la production de vins blancs de qualité, et finalement, Intriga dans la vallée de Maipo qui se concentre sur la production d’un unique vin rouge, élaboré à partir de Cabernet Sauvignon. Ce vin, malgré son prix abordable (21.55$), un peu comme la cuvée Ninquén dans Colchagua, a droit à un traitement ambitieux pour son élaboration. D’abord, les raisins proviennent de vignes de 10 à 50 ans d’âge, certaines menées selon le système classique d’espalier, mais d’autres selon le système de pergola, moins commun pour la production de vins de qualité. Le vin est élevé en barrique de chêne (85% français, 15% américain et neuf à 85%) pour une période de 17 mois. La méthode Paul Hobbs, déjà appliquée au Ninquén, est utilisée aussi pour cette cuvée. Le vin titre à 14.6% d’alcool, et le producteur parle d’un potentiel de garde de 15 ans.

La robe est d’encre, totalement opaque. Le nez d’intensité modérée dégage de riches arômes de fruits noirs évoquant la confiture de cassis, complétés par des note d’épices douces, entre autres la vanille, par une touche de terre humide, un soupçon de menthol et un très léger aspect torréfié. En bouche, on retrouve un vin ample et généreux, aux saveurs très intenses. Le fruité est doux, mais bien balancé par une juste dose d’amertume. Le milieu de bouche permet de bien saisir le haut niveau de concentration et la riche matière de ce vin volumineux aux tanins souples, mais bien présents. C’est un vin qui en met plein la bouche et démontre beaucoup de présence. La finale est explosive, avec le riche mélange de saveurs qui gagne encore en intensité, avant de décliner lentement sur très bonne allonge aux relents d’amertume cacaotés.

L’élaboration de ce vin laissait présager un vin ambitieux, malgré son prix somme toute modeste. C’est bel et bien le cas, et cela se sent et se goûte. C’est un vin très démonstratif en bouche, où à ce stade s’est un peu le feu d’artifice. La maturité du fruit de ce vin me porte à croire qu’il provient du plancher de la vallée de Maipo, qui en est la partie la plus chaude. En terme de concentration, de longueur et de richesse, c’est un vin qui rivalise, et dépasse même, des exemples chiliens pas mal plus chers. Ça demeure un vin très jeune, surtout si on tient compte de son style. Le producteur parle d’un potentiel de garde de 15 ans, et ça me semble parfaitement justifié. Pour mon goût, il manque actuellement de finesse. Il est tellement riche qu’il a besoin de temps pour s’affiner en bouteille, et je pense bien qu’il y parviendra. Il me fait penser, en plus long et plus concentré, au Cabernet, Gran Reseva, ou Etiquetta Negra, de Tarapaca. Des vins provenant eux aussi du plancher de la vallée de Maipo, et qui vieillissent admirablement, avec ce fruité très mature, un peu confit, qui les distinguent de leurs cousins plus frais de l’Alto Maipo. Un bel achat pour la garde.

Carmenère et cuisine indienne

Pour les amateurs d'accords mets et vins. Voici le lien vers un article récent et intéressant qui présente le Carmenère, et son profil particulier, comme étant une solution possible pour l'accord difficile du vin avec la cuisine indienne.

http://www.winesofchile.org/wp/wp-content/uploads/2009/11/curry-and-carmenere2-imbibe-2009.pdf

lundi 23 novembre 2009

ARNALDO B., GRAN RESERVA, 2005, CAFAYATE, BODEGAS ETCHART



Pour continuer dans la veine argentine des derniers temps sur ce blogue, et pour continuer avec un producteur que j’aime bien. J’ai décidé d’ouvrir un autre vin de la région de Cafayate, un rouge celui-là, de la maison Etchart qui est maintenant propriété de la française Pernod Ricard. Ce vin est un assemblage de Malbec (65%), complété par du Cabernet Sauvignon (25%) et du Tannat (15%). Le vin est élevé pendant 15 mois sous chêne français et américain. Le producteur parle d’un potentiel de garde de 8 à 10 ans.

La robe est très foncée et d’une totale opacité. Le nez est contenu en intensité et exhale un heureux mélange d’arômes fruités, épicés et boisés. Aux arômes dominants de fruits rouges et noirs, s’ajoutent des notes de vanille, de noix de coco, de café, de fumée et de cacao. Un beau nez charmeur où l’influence du bois est palpable, tout en demeurant sous contrôle, et en formant un heureux mariage avec le richesse et la maturité du fruit. En bouche, on retrouve dès le départ cette richesse et cette maturité de fruit. Cela se traduit par une bonne amplitude et des saveurs intenses. Le mariage fruité/boisé évoqué au nez se transpose avec succès en bouche. Le vin est enveloppant, avec un bon volume, et une masse tannique souple, mais tout de même assez imposante. C’est un vin costaud, mais pas lourdaud. Toute cette matière a du tonus et se tient très bien. La finale est harmonieuse et très intense, les saveurs se fondent bien avant de décliner un long moment sur une amertume qui gagne en importance, tout comme le coté épicé.

Très bon vin élaboré avec succès dans un style mûr, riche et boisé, mais surtout, équilibré. On a affaire ici à un vin assurément moderne, mais c’est loin d’être une bombe de fruits confits et sur-boisée. Sur ces deux critères, la juste mesure a été trouvée, et le vin a l’acidité nécessaire pour maintenir ce qu’il faut de tonus. Il faut reconnaître la sagesse de Etchart qui a gardé ce vin en bouteille un an avant sa mise en marché. C’est là un exemple que plus de producteurs sud-américains, et d’ailleurs, devraient suivre. Au moment où les 2007 et même des 2008, commencent à apparaître sur le marché. Il est bon de voir un vin qui a eu le temps de se faire un peu en bouteille. Cela dit, même s’il est déjà très bon. Je suis convaincu que quelques années supplémentaires le rendront encore meilleur. Au prix demandé par la SAQ pour ce vin (17.95$), il est clair que le RQP de celui-ci est plus qu’avantageux. Je n’aurais pas peur de mettre ce vin à l’aveugle dans une vague de bons vins de 30 à 40$ de diverses origines. Il tiendrait son bout. Il en reste peu en tablettes à la SAQ. J’ai profité de la promo du week-end pour en acheter quatre bouteilles. Toutefois, j’ai goûté au 2006 dernièrement, lors d’une dégustation sur les vins d’Argentine, et le niveau qualitatif m’a semblé similaire à celui-ci. Il devrait être disponible plus tard à la SAQ. À surveiller donc.

dimanche 22 novembre 2009

DÉGUSTATION: VINS DE L'ARGENTINE


Le 11 novembre dernier j’ai eu la chance de participer à une dégustation thématique sur les vins de l’Argentine à l’hôtel Le Windsor à Montréal. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour écrire sur le vin dernièrement. C’est donc avec un peu de retard que je transmets mes impressions générales sur cette dégustation. J’ai goûté une soixantaine de vins sur une période de 3 heures. C’est beaucoup, en fait c’est trop, mais dans ce genre d’événement on veut toujours profiter de l’occasion pour essayer le plus de produits. Dans ces circonstances, je n’ai pas de notes très détaillées pour chaque vins. Je me contenterai de donner mon impression générale et de nommer les vins ou producteurs que j’ai particulièrement appréciés.


D’abord, au niveau des vins blancs, j’ai aimé le caractère distinctif des vins de Torrontès, que ce soit en sec, en vendanges tardives, et même en mousseux. Je trouve que ce cépage représente le point fort de ce pays en blanc. Sinon, il y a bien quelques bons Chardonnay, comme ceux de Catena venant de vignobles frais situés en altitude. Mais somme toute, l’offre n’est pas très relevée. Il faut donc se tourner vers les rouges pour espérer trouver son compte. Mon impression générale des rouges argentins est que le terroir transcende le cépage, ceci sans compter que l’usage appuyé du bois est assez généralisé, ce qui a aussi pour effet de masquer les particularités dans ces vins tous très jeunes. Donc, peu importe le cépage, on avait souvent l’impression d’avoir affaire à des vins assez similaires. Cette homogénéité générale s’explique selon moi par le fait que la grande majorité des rouges proviennent de la même région, c’est-à-dire Mendoza. Toutefois, si on aime les vins généreux, au fruité bien mûr. Ce n’est pas le choix qui manque.



Voici quelques producteurs qui ont retenus mon attention:

Catena: Bien sûr. Un producteur que je connais bien et que j’apprécie beaucoup. Les vins de la gamme de base sont toujours aussi bons et de RQP très avantageux. Toutefois, j’ai été déçu par les cuvées plus chères. Le Cab, Alta, 2005 et le Malbec, Alta, 2006. Pas que ce soit de mauvais vins, mais le gain qualitatif m’a semblé marginal par rapport à la gamme régulière. J’ai aussi pu goûter pour la première fois à la grande cuvée de ce producteur, soit l’assemblage Nicolas Catena Zapata, 2005. Là aussi un très bon vin, mais pas de “wow factor”. Et je ne peux pas blâmer la saturation de mon palais, car j’ai goûté ces vins dès le début. Bien sûr, le contexte n’était pas le meilleur, mais c’est ainsi pour tous les vins dégustés.

Dominio Del Plata: Un autre producteur solide. Les vins d’entrée de gamme Crios, Susana Balbo, sont toujours des aubaines. Mon favori demeure le Torrontès. Il y avait aussi deux assemblages haut de gamme, Expressivo, Ben Marco, 2007 (37$) et Brioso, Susana Balbo, 2006 (35$). Deux vins très jeunes, mais de belle qualité offerts à des prix justifiés.

Finca Flichman: Je me suis concentré sur les vins plus haut de gamme de ce producteur. Paisaje de Barrancas, 2006 (22$), Paisaje de Tupngato, 2006 (22$) et Dedicado, 2006 (36$). Le style est riche et le boisé est appuyé, les vins sont très jeunes, mais la qualité est là et les prix plus qu’honnêtes.

Familia Zuccardi: Un autre de mes producteurs argentins favoris. Ils connaissent un succès monstre avec les vins de la gamme Fuzion. Des vins dont certains snobinards aiment rire, mais qui demeurent des tours de force pour le prix demandé. Heureusement, Zuccardi est capable de reproduire le phénomène dans ses gammes supérieures. J’ai goûté les trois rouges de la gamme Q, soit le Malbec, le Cab et le Tempranillo. Pour 19$, c’est excellent, et des vins dont j’ai testé le potentiel de garde et qui évoluent très bien. J’ai aussi pu goûter leur top cuvée, appelée Zeta. On gagne en concentration et en puissance. Très bien dans le style et de qualité comparable à bien des supers cuvées de ce pays.

Bodegas Etchart: Mon producteur favori en Argentine pour des vins de prix très abordables. Deux Torrontès, un sec et un vendanges tardives, dont j’ai parlé hier, étaient offerts. Deux vins de très bon RQP. Il y avait aussi l’assemblage, Arnaldo B., 2006 (18$). Ce vin vaut d’autres cuvées de ce pays se vendant pour le double du prix. Un RQP exceptionnel selon moi.

Bodegas Pascual Toso: Un autre très bon producteur qui offre une gamme de vins très solides du bas vers le haut. Difficile pour le prix demandé (13$) de battre les cuvées régulières de Syrah et de Malbec. J’ai aussi pu goûter les cuvées supérieures de ce producteur, offertes en I.P.. Là aussi les vins sont très bons. Il y avait un Cab, 2007 et un Malbec, 2008 de la gamme Reserva (23$) et un Malbec, 2007 et une Syrah, 2007 de la gamme Alta (40$). On gagne en concentration avec la gamme Alta. Ce sont de bons jeunes vins au boisé toujours bien appuyé. La qualité est là, mais ils sont difficile à juger à ce stade et dans ce contexte.

Finalement, ma découverte fut la maison MonteQuieto. Ce producteur de la région de Agrelo dans Mendoza offrait trois vins qui m’ont semblé équilibrés et élégants, jouant plus sur la finesse aromatique que sur la puissance, avec un usage modéré du bois. Ces vins ne sont malheureusement pas disponibles pour le moment. À titre indicatif, il y avait un Malbec, 2008, de base (19$), et deux vins d’assemblage, le Quieto, 2006 (22$) et le Quieto, Reserva, 2006 (32$). Un nom à retenir si jamais ces vins apparaissent un jour sur nos tablettes à la SAQ.

Cette dégustation était loin de comprendre tous les meilleurs producteurs de l’Argentine. Toutefois, elle m’a permis de confirmer l’idée générale que j’avais de ce pays au plan vinicole. C’est-à-dire un pays à l’offre limitée en blanc, mais qui excelle dans les rouges riches et généreux. Le pays peine aussi en terme de diversité de styles, et cela semble le reflet du manque de diversité au niveau des terroirs.

samedi 21 novembre 2009

TORRONTES, VENDANGES TARDIVES, 2007, CAFAYATE, BODEGAS ETCHART



Une nouveauté argentine sur les tablettes de la SAQ que ce vin de vendanges tardives issu du cépage blanc emblématique de ce pays, soit le Torrontès. Produit par la maison Etchart que j’ai toujours aimée pour ses vins issus de la région de Cafayate qui offrent toujours un bon RQP. Ce vin titre à 11% d’alcool, avec environ 80 g/L de sucres résiduels, il a été élaboré sans inflence du bois de chêne. Le producteur parle d’une garde possible de 5 ans pour ce vin.

La robe est d’une belle teinte dorée. Le nez est d’une expression bien calibrée, avec de jolis arômes de citron, de pêche et d’orange, complétés par un agréable aspect floral, une touche doucement épicée et un trait légèrement amer de zeste d’agrume. Voilà un nez très agréable et d’une surprenante complexité. En bouche, le vin est bien rond, assez ample avec une bonne concentration de matière, avec un niveau de sucre modéré et ce qu’il faut d’acidité pour bien tenir le tout. Ce n’est pas un liquoreux, ou encore un sirop, comme c’est le cas avec certains vins de glace. On est bien sur une vendange tardive aux belles proportions. Le vin coule bien et est très facile à boire. La finale tombe un peu rapidement en volume, mais les saveurs persistent quand même un bon moment.

Très joli vin de vendanges tardives montrant le caractère original du cépage Torrontès. Il vient offrir une bonne compétition, pour ce type de vin, à ses contreparties chiliennes (Errazuriz et Concha y Toro). Il est un peu moins sucré et moins riche que ceux-ci, mais offre un bel équilibre et un aspect aromatique séduisant et distinctif. J’ai pu goûté le millésime 2008 dernièrement lors d’une dégustation thématique sur les vins d’Argentine, et celui-ci m’a semblé aussi bon, sinon meilleur. Un vin de belle qualité et d’un excellent RQP à 12.95$ pour 500 ml. À ne pas manquer.

Je déguste actuellement le Torrontes, 2009, sec, de la maison Etchart. C'est un très bon vin pour le prix régulier demandé (13.40$), mais il est en promotion jusqu'à dimanche à 1$ de rabais, et avec la promo générale de week-end, on peut se le procurer pour environ 11$, ce qui en fait une superbe aubaine. Le Torrontes de El Provenir dont j'ai parlé dernièrement et la dégustation des vins de l'Argentine à laquelle j'ai participé la semaine passée m'ont fait redécouvrir le cépage Torrontès. J'ai donc profité de la promo du week-end pour aussi acheter le Torrontès, Don David, de Michel Torino aussi originaire de Cafayate, ainsi que le Torrontes, Infinitus qui vient de la Patagonie. Je vous reviendrai donc avec mon appréciation de ces vins qui apportent de la variété à la gamme de blancs que je consomme. J'aime bien le Chardonnay et le Sauvignon, mais ça devient redondant à la longue. Le Torrontès montre un profil muscaté qui le rapproche du Viognier, mais dans un style plus léger, plus floral et plus frais. Le Torrontès est vraiment le point fort de l'offre argentine en blanc, qui autrement est généralement plutôt faible.

mardi 17 novembre 2009

Pourquoi j'aime le Chili (petite suite)

Je reviens brièvement sur le sujet simplement pour mentionner qu'il n'y a pas que des chroniqueurs américains qui voient le Chili comme le meilleur pays au niveau du RQP. C'est le constat qui est fait dans "Le Guide du Vin 2009" de Michel Phaneuf et Nadia Fournier. D'ailleurs, Nadia y va d'un bon texte sur ce pays où elle parle de nouveaux horizons, donnant en exemple la vallée de Limari située au nord du pays. C'est bien de voir du sang neuf dans le domaine de l'écriture vinicole au Québec. Bravo Nadia!

Parlant de RQP chiliens. J'en déguste un en ce moment. Soit le Cabernet Sauvignon, Santa Digna, 2007, Curico, Torres. Un vin que j'ai redécouvert avec bonheur sur le millésime 2006, et dont la qualité est vraiment splendide en 2007.

lundi 16 novembre 2009

RQP et garde du vin

Combien de fois en lisant des notes de dégustation lit-on que le vin était bon, mais bien trop jeune, et qu'il sera bien meilleur dans quelques années. Le mot infanticide est un mot à la mode dans le petit monde des amateurs de vin. C'est un mot souvent employé, car c'est un mot qui reflète une réalité. L'amateur boit surtout des vins jeunes. Il y a une bonne raison pour cela, la grande majorité des vins mis en marché sont des vins jeunes. Souvent trop jeunes. Personnellement, à force d'expérience, je me suis aperçu que je préférais les vins qui avaient eu le temps de se développer un peu en bouteille. Je ne parle pas de vins très vieux, mais de vins qui ont eu le temps de développer de nouveaux arômes et de polir certains angles. En fait, je préfère tellement ce type de vins, que c'est ce que j'aimerais ouvrir la plupart du temps. Actuellement, j'aimerais surtout ouvrir des vins de la fin des années 90, ou du début des années 2000. Mais pour surtout boire ce type de vins, il faut s'être constitué une forte réserve, et il faut avoir été patient. Présentement, je suis en train de me constituer cette réserve. J'achète beaucoup plus que je ne bois, et ça explique aussi en partie pourquoi je suis encore très axé sur la notion de rapport qualité/prix.

Garder du vin coûte de l'argent. Les sommes investies ne profitent pas ailleurs. Pour l'amateur aux moyens relativement limités, le seul moyen de se constituer une forte réserve est de miser sur des vins de prix plutôt abordables montrant un très bon RQP. Aussi, j'aime bien mettre de côté des cuvées plus modestes, moins concentrées. Ces vins sont plus faciles à boire, procurent souvent plus de plaisir, et ont une courbe d'évolution généralement plus rapide. La grosse cuvée très concentrée et bien boisée coûtera beaucoup plus cher à l’achat, et prendra beaucoup plus de temps à se développer, ce qui aura pour effet, à terme, d’en augmenter encore plus le prix. Ceci sans compter qu’en matière de garde, l'évolution heureuse ne peut qu'être espérée, car rien n'est certain en cette matière, même si des vins ont un historique bien établi.

Enfin, tout cela pour dire que mon approche RQP inclus le facteur garde, et mon désir de pouvoir boire ce genre de vin sur une base très régulière. Entre l'infanticide régulier de grosses cuvées et le plaisir que peut offrir un vin en apparence plus modeste, mais bien développé en bouteille. Pour moi le choix est fait et il a été facile. D'ici quelques années, je pourrai cesser de me plaindre que les vins que j'ouvre sont trop jeunes. Ceci sans compter le plaisir qu'il y a à ouvrir une bouteille qu'on a eu la patience de garder. C'est comme si de par notre patience et notre acte de foi dans une bouteille donnée, le vin qu'elle contient devenait un peu notre création. Si le résultat est positif, on se félicite et en plus du plaisir sensoriel, on en tire aussi un brin de fierté. Cela est d'autant plus vrai lorsqu'on a misé sur des vins peu renommés, en se basant sur notre évaluation des qualités du vin.

samedi 14 novembre 2009

Pourquoi j'aime le Chili

Ce blogue traite des vins de l’hémisphère sud, mais parmi ceux-ci, il est clair que mon pays de prédilection demeure le Chili. La raison première de mon attrait pour les vins de ce pays réside dans le rapport qualité/prix. C’est ce qui m’a attiré vers les vins de ce pays il y a dix ans, et c’est encore la base de mon intérêt. Toutefois, en dix ans, les choses ont bien changé. Le paysage vinicole de ce pays s’est complètement transformé. Alors qu’il y a dix ans la qualité se retrouvait presqu’exclusivement dans les rouges de la vallée centrale, surtout des vins de Cabernet Sauvignon. Aujourd’hui, elle s’étend à une beaucoup plus vaste gamme de vins, incluant maintenant les vins blancs, avec une grande variété de cépages et de terroirs. Le Chili allie maintenant qualité et diversité, en offrant son meilleur dans les vins vendus entre 15 et 35$. Comme ailleurs, bien choisir permet de tirer le maximum de valeur des achats effectués, mais le niveau général est très bon, et les arnaques sont rares. Bien sûr, lorsqu’on achète un vin du Chili, on obtient un vin chilien. Je veux dire par là qu’il ne faut pas s’attendre à retrouver dans ces vins des répliques identiques de vins européens ou californiens. Là comme ailleurs, il existe une variété de styles imprimés par l’homme et d’expressions reliées au terroir. La diversité de l'offre est d’ailleurs une force croissante dans ce pays. Un autre point non négligeable est le potentiel de garde de la plupart des rouges chiliens, même dans le cas de vins coûtant moins de 20$. Pour ce qui est des blancs, comme le virage qualitatif relié à des terroirs plus frais est plus récent, la capacité de garde reste à être démontrée.


Ce constat de l’état de l’offre vinicole chilienne n’est pas que le mien. Deux chroniqueurs américains ayant fait partie du jury lors du dernier “Wines of Chile Awards” sont arrivés au même constat.

D’abord Josh Raynolds de International Wine Cellar qui y est allez d’un texte très élogieux: “The best new wines from Chile”, dont voici un court extrait et le lien:

While Chile has been a reliable producer of under-$10 wines for some time, the most interesting activity right now is in the $15 to $20 category, where I found wines that can often compete with examples from Europe or the U.S. selling for twice those prices, or even more.

http://www.mayu.cl/images/The_Best_New_Wines_fron_Chile.pdf


Il y a aussi Linda Murphy de winereviewonline.com qui pointe dans la même direction dans son texte: “Chile wines for the times”. Voici un extrait et le lien:

As difficult as this is for California wineries, it presents an opportunity for mid-priced Chilean wines, some of which have previously fallen between the cracks -- not expensive enough to impress collectors and high rollers, but not inexpensive enough to woo bargain-hunters. For those who appreciate $20 wines that taste like $40, look to Chile, as I did on a recent visit to judge the Wines of Chile Awards in Santiago. Between the competition -- limited to wines priced $30 or less -- and tastings at wineries, I found a number of delicious Chilean wines that are available in the United States and suitable for serious but penny-pinching wine drinkers

http://www.winereviewonline.com/Linda_Murphy_on_Mid_Price_Chile.cfm


Il est intéressant de noter que les deux textes vantent le RQP général des vins chiliens dans un contexte économique difficile. Une façon de dire, si vous voulez continuer de bien boire, en faisant abstraction du prestige et de l’image. Le Chili est là. À noter que plusieurs des vins recommandés par Linda Murphy sont ou seront disponibles à la SAQ ou à la LCBO. Ils sont sur ma liste d’achat et j’en parlerai ici lorsque j’y aurai goûté.

jeudi 12 novembre 2009

DÉGUSTATION CHILI - FOU DU VIN

J’ai longtemps écrit sur le forum Fou du Vin et mardi le 10 novembre, à l’invitation d’un de ses membres, Sylvain (Bordeaux 70), j’ai eu la chance de déguster une série de vins chiliens en compagnie d’autres membres de FDV, Pierrette et Jules (Passéedate et Passédate), Normand (Maxima), et deux amis de Sylvain, André et Luis, qui est d’origine chilienne. Très belle soirée sous le signe de la bonne humeur, de bons vins servis avec un bon repas concocté par Sylvain qui nous a montré ses talents de chef. Merci pour tout Sylvain. Le contexte ne se prêtait pas trop à la prise de notes. Néanmoins, voici de brèves impressions sur les vins dégustés.

On a commencé la dégustation hors thème, en France en plus, avec en apéro un très bon vin, soit le Pinot gris Steinert Pfaffenheim Alsace grand cru 2005. Pas de notes, mais j’ai bien aimé. Merci Normand.





En rouge, on a commencé avec le Cabernet Sauvignon, 1989, Colchagua, Los Vascos, un vin à la robe tuilée qui ne titre qu’à 12% d’alcool, et qui s’est montré encore bien en vie, avec un beau mélange d’arômes évolués typiques des Cabs d’un âge certain, mais toujours avec une bonne dose de fruit et une structure tannique intéressante. Le vin a gagné à l’aération et je suis sûr qu’il aurait créé la surprise dans une dégustation en pure aveugle. Mon plus vieux vin chilien à date. Je ne peux pas dire que j’ai été étonné, car par expérience je connais le potentiel de garde des vins chiliens, même ceux d’entrée de gamme comme ce Los Vascos. Toutefois, cette expérience renforce ma confiance en cette matière. Une bonne chose pour moi avec le grand nombre de fioles chiliennes que j’ai mises à l’ombre.

Les vins jeunes servis par la suite, montraient bien la différence que le temps peut faire. Autant le Los Vascos n’aurait pu être identifié comme chilien à l’aveugle autant les deux vins suivant exprimaient clairement leur origine. En l’occurrence, il s’agissait du Carmenère, Barrica Seleccion, 2007, Santa Carolina et du Merlot, Coleccion, 2007, Colchagua, Casa Silva. L’aspect végétal de certains jeunes rouges chiliens de la vallée centrale était bien notable dans ces vins, ainsi qu’un aspect boisé primaire, tout en douceur, sur les épices douces.

Les deux vins qui suivirent étaient plus âgés et m’ont bien plu. D’abord, il y a eu Luis qui a offert le Merlot, Marquès de Casa Concha, 2002, Rapel, Concha y Toro. Une bouteille qu’il avait rapportée du Chili avant que ce vin ne soit offert par la SAQ, depuis le millésime 2005. Ce vin fut pour moi un autre bel exemple de ce que le temps peut faire à un bon vin rouge chilien. J’avais essayé ce Merlot dans le millésime 2005, malgré sa qualité évidente, son profil de jeunesse m’avait laissé songeur, si bien que je n’en ai pas racheté. Ce 2002 montre bien que le temps sait transformer les choses. Le vin est encore riche et généreux, mais sans aucune trace de boisé trop appuyé. Le focus est mis sur le fruit noir et sur les premières notes d’évolution qui commencent à poindre. Le Merlot n’a pas été jusqu’à maintenant le point fort du Chili, à cause de la chaleur de la vallée centrale, mais ce Marques est un des mieux coté, et ce 2002 montrait bien pourquoi. L’autre vin était le House of Morandé, 2001, Maipo, Vina Morandé. Ce vin que j’ai déjà commenté sur ce blogue a été fidèle à l’idée que j’en avais. Un beau vin à mi-chemin dans son évolution, mais montrant malheureusement une pointe d’arômes brettés. Ce fut la favori de la majorité, moi j’ai préféré le Los Vascos.




Pour compléter la soirée en rouge, on a eu droit au Clos Apalta, 2001, Colchagua, Casa Lapostolle. Une première pour moi avec ce fleuron de la viticulture chilienne. Probablement le vin chilien le plus long et le plus concentré qu’il m’ait été donné de goûter jusqu’à maintenant. La qualité et le potentiel sont indéniables. Pour le moment toutefois, le nez est bien timide et plutôt simple, et en bouche bien que la puissance impressionne, l’équilibre optimal n’est pas encore atteint. Belle expérience quand même qui me permet d’améliorer ma perspective du paysage vinicole chilien.




Pour ce qui était supposé être la conclusion, on est retourné en France avec un vin de très haute qualité, soit le Château de Fargues, 2002, Sauternes. Vraiment un superbe vin liquoreux, riche, opulent, avec un bel équilibre, sucré, bien sûr, mais tout en sachant éviter la lourdeur, sur une texture onctueuse. Une véritable caresse pour le palais.

En prolongation, Sylvain a ajouté un Chardonnay, Medalla Real, 2007, Casablanca, Santa Rita. Un chardonnay typique de la région, mais sur le mode de la finesse plus que de la puissance. C’est sûr qu’après un vin riche comme le Fargues, il y avait un contraste, mais j’ai quand même bien apprécié.

Merci à tous les participants pour la soirée, pour votre bonne humeur, et spécialement à Sylvain pour les vins, la bouffe et l’accueil.

mardi 10 novembre 2009

CHARDONNAY, 2008, CASABLANCA, VINA ARBOLEDA




Vina Arboleda est une création de Eduardo Chadwick. Celle-ci est présentée comme une “boutique winery”, mais ses activités se confondent un peu avec celles de Vina Errazuriz. Les deux sont centrés sur des vins de la vallée de l’Aconcagua pour les rouges et Casablanca pour les blancs. De plus, Francsco Baettig est le “winemaker” en chef pour les deux étiquettes. Finalement, les raisins pour ce vin proviennent du même vignoble que ceux servant à élaborer la cuvée “Wild Ferment” de Errazuriz. Donc, beaucoup de similarités, mais deux vins du même cépage passablement différents, à tout le moins, selon ma perception à quelques semaines d’intervalle. La preuve à mon avis que si le bon vin se fait au vignoble, ce sont les décisions de l’homme qui impriment le style. Dans le cas de ce vin, 45% du moût a été fermenté avec des levures indigènes, alors que le reste a été fermenté avec des levures sélectionnées. De façon surprenante, ce vin voit moins de bois neuf (8%) que le “Wild Ferment” (21%). La contre-étiquette du Arboleda parle d’un vin robuste, c’était très vrai la journée de l’ouverture, où le vin était tout d’un bloc et avait l’air massif. Toutefois, le lendemain, il m’a semblé moins “rentre dedans”, plus subtil, même si ça demeurait un vin volontaire. Le CR qui suit représente mes impressions du deuxième jour où le vin me semblait vraiment à son mieux.

La robe est d’une belle teinte or pâle. Le nez s’exprime avec une certaine modération sur des arômes de pêche, d’orange et d’ananas, complétés par de subtiles notes boisées, une touche de maïs en grains et un léger côté rappelant la noisette grillée. En bouche, l’attaque est équilibrée, dans un style rond et assez volumineux. Les saveurs fruitées sont éclatantes et de très bonne intensité, avec un léger côté boisé/épicé qui vient agrémenter l’ensemble. Le milieu de bouche permet de prendre la mesure du niveau de concentration élevé de ce vin. C’est très intense et riche, mais le vin possède une onctuosité qui permet d’amortir un peu cette énergie gustative. La finale poursuit dans la même veine d’intensité et de richesse, avec un beau fondu de saveurs et une longueur de bon calibre.

En matière de vin, quoi qu’on en dise, quand la qualité est au rendez-vous, le suite est affaire de style. Certains ne prêcheront que par la finesse, c’est légitime. Toutefois, ceux qui adoptent cette position restrictive semblent bouder de possibles plaisirs pour des raisons qui semble parfois étrangères au vin lui-même, lorsqu’il est de qualité. Disons les choses clairement, ce vin n’est pas un parangon de finesse. Toutefois, il brille autrement, par sa richesse et son intensité, par la générosité de sa matière, tout en sachant demeurer un vin équilibré dans son style. Je pense que si un blogue comme celui-ci dédié aux vins de l’hémisphère sud a un sens, il ne peut faire autrement mettre de l’avant ce genre de vin et proférer leur légitimité. La beauté du vin réside dans la diversité, et un vin comme ce Chardonnay, par sa palette aromatique et par son énergie contribue à enrichir cette diversité. Ici, on est très loin du prototype bourguignon, et c’est tant mieux ainsi. Ça montre une facette nouvelle de ce que le cépage Chardonnay peut donner, ni meilleure ni pire, simplement différente, pourvu que le vin soit de qualité, et il l’est. Si mon propos vous rejoint le moindrement, n’hésitez pas à faire l’essai de ce vin. Je recommande toutefois un passage en carafe de quelques heures, suivi d’une remise en bouteille pour consommation le lendemain. Fait intéressant, la LCBO vient de mettre sur le marché le millésime 2007 de ce vin. Si j’en ai la chance, je vais l’acheter et vous en reparlerai ici, histoire de voir un peu, même si ce n’est pas le même vin, ce que le temps en bouteille peut apporter à cette cuvée.

samedi 7 novembre 2009

CHENIN BLANC, 2008, WESTERN CAPE, KEN FORRESTER



J’ai déjà eu la chance de discuter avec Ken Forrester lors d’un salon des vins de l’Afrique du sud. Il m’est apparu comme un homme très sympathique et passionné par son métier. J’avais alors eu la chance de déguster sa gamme de vins, dont le GSM, “The Gypsy” et son Chenin haut de gamme “FMC”. Deux excellents vins commandant toutefois des prix autour de 60$. J’avais alors goûté à son vin de Chenin régulier du millésime 2006, si ma mémoire est bonne. J’avais bien aimé. Le prix (18.70$) est trois fois moindre, mais bien sûr, le vin n’était pas trois fois moins bon. Ce vin est issu de vignes non irriguées de 35 ans d’âge et est élevé 9 mois sur lies en barriques de chêne français.

Le nez est délicat et dégage de subtils arômes de citron, de melon et un soupçon de poire. À cela s’ajoute des notes de florales et de miel, ainsi qu’un très léger aspect doucement épicé. En bouche, l’attaque est bien ronde et le vin déploie de belle saveurs fidèles à ce qui était perçu au nez. Le milieu de bouche montre un vin de bonne concentration, avec du volume et laissant une superbe impression tactile. La finale est frappée au sceau de l’harmonie avec de saveurs qui se fondent admirablement, sur une longueur de bon calibre.

Très beau vin de Chenin Blanc, fidèle à l’idée que j’ai de ce cépage. Le Chenin Blanc est vraiment un cépage distinctif et sous-exploité. Il est malheureusement dans l’ombre des Chardonnay et Sauvignon Blanc associés à des région françaises plus prestigieuses. Dans le cas de cette interprétation de Ken Forrester, on a le côté citronné du Sauvignon et la rondeur boisée souvent associée au Chardonnay, avec en plus un aspect miellé typique de ce cépage qui est difficile à mettre en mot, et qui lui donne son caractère original. L’Afrique du Sud est le spécialiste de ce cépage dans le Nouveau-Monde, mais je pense que d’autres pays possédant des climats frais auraient avantage à le planter pour diversifier leur offre de vins blancs. Une chose est sûre toutefois, cette version sud-africaine est une réelle réussite et un achat avantageux.

vendredi 6 novembre 2009

MALBEC, SELECCION, ALAMOS, 2007, MENDOZA, CATENA


J’ai acheté ce vin un peu par hasard, intrigué de voir ce que ce “super” Alamos pouvait donner en terme qualitatif par rapport au Malbec Catena que je connais bien. Son prix (17.40$) est situé à peu près entre celui du Alamos régulier et celui du Catena. Pour le reste, je n’ai pas trouvé d’informations sur ce qui distingue ce vin, sinon qu’il vient de la sous-région de La Consulta, plus fraîche car située à une altitude plus élevée. J’ai bu ce vin sur trois jours, et il a fort bien tenu.

La robe est bien colorée et presque opaque. Le nez est bien démonstratif et exhale des arômes de cerises et de mûres, d’épices douces comme la vanille, de goudron et de torréfaction. Beau nez bien agréable et assez complexe, avec de l’éclat, mais sachant éviter l’excès boisé. La bouche est équilibrée dès l’attaque et déploie d’intenses arômes fruités bien complétés par un aspect épicé/boisé bien dosé. Le milieu de bouche montre un vin de corps moyen, juste assez concentré, à la structure compacte et à la fine texture tannique. Le caractère épicé et goudronné s’impose un peu plus en finale sur une longueur de bon calibre.

J’ai vraiment bien apprécié ce vin. Son profil m’a semblé assez différent de celui du Catena, moins rond, moins typé Malbec argentin. En fait, ce vin me faisait plutôt penser à un bon Cab californien de milieu de gamme, du genre Beringer “Knight’s Valley”. Ce n’est qu’une impression, mais omme on peut le voir sur la photo, ce vin s’est mérité un 90 du Wine Spectator. Je ne crois pas aux notes, mais si on peut traduire ce chiffre par très bon vin, alors je suis bien d’accord. Bien sûr, un très bon vin offert au prix de 17.40$ représente une formidable aubaine. Malheureusement, Catena a décidé de boucher la bouteille avec un liège aggloméré. Ce n’est donc pas un vin à garder très longtemps, mais je pense quand même qu’il pourrait être intéressant à suivre au cours des trois à cinq prochaines années. La SAQ annonce le 2008, mais il sûrement de ce 2007 en tablettes.

mardi 3 novembre 2009

TORRONTES, LABORUM, 2007, CAFAYATE, BODEGAS EL PROVENIR DE LOS ANDES



Quand on pense vin et Argentine, généralement on se retrouve dans la région de Mendoza, mais l’Argentine ne se limite pas à cette région, même si elle demeure de loin la plus importante. La région de Cafayate, située plus au nord, se démarque par ses vignobles en altitude, les plus élevés au monde. Ici au Québec, cette région est connue avec des producteurs comme Etchart, Michel Torino, ou bien le vin haut de gamme de Michel Rolland, Yacochuya. El Provenir est un autre producteur axé sur la qualité qui opère dans cette région. Cette maison fondée en 1890 a été reprise en 1999, et a depuis entrepris un virage qualitatif. Pour en juger, nous avons ici un blanc élaboré avec le cépage blanc emblématique du pays, le Torrontès. Les vignes de 40 ans d’âge sont menées selon le système ancien de pergolas, avec toutefois des rendements contrôlés à 45 Hl/ha. Le vin est élaboré totalement en inox et est ainsi une pure expression du cépage.

Le nez est bien expressif et fait penser à un vin alsacien de Gewurztraminer, avec des arômes de poire et de pêche, un caractère légèrement miellé et épicé, ainsi que des notes florales bien marquées. Très beau nez, bien aromatique et très agréable, auquel on revient souvent. En bouche, l’attaque est équilibrée, et montre une bonne amplitude. Comparativement au nez, les saveurs fruitées gagnent en importance, avec toujours cette touche doucement épicée et unléger trait d’amertume, alors que l’aspect floral est un peu plus en retrait. Bonne concentration en milieu de bouche, sur une belle tenue avec un peu de gras pour étoffer l’ensemble. La finale est harmonieuse et de bonne longueur sur de légers relents d’amertume.

J’ai vraiment bien aimé ce vin qui est un des meilleurs Torrontès que j’ai eu l’occasion de déguster. J’aime ce cépage pour son profil aromatique complexe, mais les vins issu de celui-ci manque généralement de tenue et de matière en bouche. Ce n’est heureusement pas le cas avec ce Laborum, un vin de très belle qualité. Je n’avais qu’une bouteille de ce vin, achetée il y a presqu’un an en Ontario pour 19.99$. Il reste des bouteilles au prix réduit de 16.45$. Si j’en avais la chance, je n’hésiterais pas à en racheter. Compte tenu de la qualité de ce vin, j’aimerais bien goûter les rouges de ce producteur. Je vais garder l’oeil ouvert.

dimanche 1 novembre 2009

CHARDONNAY, RESERVE, 2007, STELLENBOSH, VERGELEGEN



Vergelegen est une maison historique d’Afrique du Sud dont la fondation remonte à l’année 1700. Rachetée en 1987 par le groupe minier Anglo-American, les vignobles furent replantés après une analyse des sols et du climat, et aujourd’hui à cause de problèmes de virus affectant certaines vignes, le vignoble doit déjà être en partie restauré. Néanmoins, Vergelegen est reconnu comme étant un des meilleurs producteurs de vin du pays. Un chai de vinification sur trois étages, utilisant la gravité pour l’élaboration des vins a été construit, de plus, le plan à long terme est de se convertir à la biodynamie, une idée à la mode chez les producteurs ayant de hautes visées qualitatives. Ce vin est fermenté avec les levures indigènes. Il est élevé pendant 12 mois en barriques de chêne français, dont la moitié sont neuve et l’autre moitié de second usage.

La robe est d’une teinte dorée assez pâle. Le nez s’exprime librement sur des arômes de citron, d’ananas, de pêche, de noix et de caramel. En bouche, l’attaque est très ample, mais parfaitement équilibrée, avec un mélange de saveurs intenses reflétant très bien ce qui était perçu au nez. Le vin est gras, presque onctueux, mais il y a suffisamment d’acidité pour préserver une nécessaire fraîcheur. Le milieu de bouche permet de jauger le très bon niveau de concentration et la richesse de la matière contenue dans ce nectar caressant. Le vin, malgré son bon volume, coule facilement et en douceur, pour mener vers une finale qui ne dévie pas, continuant dans la droite ligne harmonieuse et agréable déjà tracée par ce Chardonnay séducteur. La longueur est très bonne, sur de légers relents amers en toute fin de bouche et un retour caramélisé.

Les vins du Nouveau-Monde sont souvent méprisés par certains puristes comme étant trop ceci ou trop cela. Moi je dis une chance que le Nouveau-Monde existe et qu’il peut produire ce genre de vin caressant et séducteur. Le monde du vin serait plus pauvre si ce genre de vin n’existait pas. Celui-ci est rond, son fruité est doux et son boisé est généreux, mais tout est fait avec mesure et le résultat est harmonieux et très bien réussi. On sait éviter les excès, mais on n’essaie pas d’imiter vainement le prototype bourguignon. Ce vin assume son origine et son terroir. L’homme qui l’a conçu sait y faire, car il a pris les bonnes décision pour tirer le meilleur de sa matière, en choisissant bien le style de ce vin qui selon moi est une réussite exemplaire. Vous aurez compris que j’ai adoré ce vin. Il est de très grande qualité. Il montre qu’élégance et style séducteur peuvent aller de paire. Il montre que le boisé, lorsque bien maîtrisé, est un atout pour ce style de vin. Il en reste quelques bouteilles dans le réseau de la SAQ. Si votre vision de ce que peut être un bon vin de Chardonnay n’est pas limitée et si ma description vous inspire, faites-vous plaisir, car pour les 26.35$ demandés, ce vin est un excellent achat.

samedi 31 octobre 2009

THE GAZETTE: SYRAH DU MONDE (MES CHOIX)

Voici de courts commentaires sur mes deux vins favoris de chaque vague. Pour le reste, je n'ai pas fait de classement. Toutefois, ces choix sont un peu arbitraires, car dans plusieurs cas le niveau qualitatif était très similaire. De plus, je ne suis pas habitué à ce genre de dégustation intensive. Mon taux de réussite sur l'identification de l'origine est d'environ 50%. Là où j'ai le mieux visé, c'est avec l'Australie où je n'ai manqué que le Rosemount. Comme Bill le mentionne dans l'article, je n'ai pas reconnu les deux Syrahs chiliennes de climat frais, mais j'ai bien identifié les deux venant de la vallée centrale, ce qui explique probablement en partie le bon classement que je leur ai donné. À qualité qui me semblait similaire, mon préjugé favorable au Chili a joué. N'ayez crainte, ça n'a pas eu d'impact sur les résultats globaux de la dégustation!!!

VAGUE -1

1- SHIRAZ, DIAMOND LABEL, 2007, SE AUSTRALIA, ROSEMOUNT: J'ai pris ce vin pour un argentin. Il avait une bonne richesse, mais en même temps était assez contenu. Je l'ai trouvé bien équilibré et agréable.

2- SYRAH, DON DAVID, 2007, CAFAYATE, MICHEL TORINO: J'ai pris celui-ci pour un australien, son boisé sur le café et l'encens me rappellait celui d'un vin  australien haut de gamme, The Octavius, 2003, Yalumba, bu plus tôt cette année. Le côté mûr du vin allait aussi dans ce sens. Bon vin pour le prix.


VAGUE -2

1- SYRAH/VIOGNIER, GOAT-ROTI, 2007, WESTERN CAP, COASTAL REGION, GOAT DE ROAM: Bien identifié comme originaire de l'Afrique du Sud, j'ai trouvé que l'identité Syrah était bien là avec du poivre et des herbes amères au nez. Belle matière, bon équilibre, sans excès.

2- SYRAH, CASTILLO DE MOLINA, 2007, LONTUÉ, VINA SAN PEDRO: Bien identifié comme chilien. Fruit rouge, pâtisserie, menthol et vanille au nez. Çe se transpose bien en bouche avec une matière compacte et un boisé bien dosé. Bon vin qui laisse transparaître son origine. N'est-ce pas là une qualité?


VAGUE -3

1- SHIRAZ, MARME BROOK, 2005, BAROSSA, SALTRAM: Bien identifié comme australien. Fruits rouges, café, réglisse, pâtisserie au nez. En bouche, doux fruité, intensité et boisé bien intégré. Style Shiraz évident, mais la qualité et l'équilibre sont au rendez-vous.

2-SYRAH, 2007, VIN DE PAYS DES CÔTES RHODANIENNES, GÉRIN: Reconnu comme français. Viande fumée et fruit rouge au nez. Structure compacte en bouche avec une bonne acidité. Bon équilibre et bel exemple de ce style de vin à bon prix.


VAGUE -4

1-SYRAH, WINEMAKER'S RESERVE, 2005, MAIPO, CARMEN: Bien identifié comme chilien. En fait j'ai reconnu le vin. J'ai été un peu surpris de sa belle performance. J'ai écrit un CR sur ce blogue à son sujet où j'étais un peu sévère, lui reprochant surtout de ne pas être une aubaine. La faible proportion de Cabernet qu'il contient le rend inmanquablement chilien, mais la qualité est là.

2-SYRAH, 2006, SICILIA (i.g.t.), PLANETA: N'ayant aucune idée de ce que serait suposée être une Syrah italienne, et encore moins scicilienne, j'ai identifié ce vin comme étant sud-africain. Fruit rouge sucré au nez, avec un peu de poivre. Bon équilibre en bouche, belle concentration et fruité intense.


VAGUE -5

1 - SHIRAZ, RESERVE, 2006, YARRA, COLDSTREAM HILLS: Bien identifié comme australien. Le nez est plutôt timide, avec un beau fruité rouge et des épices douces, bien amalgamé à un boisé de qualité. En bouche, le fruit est d'une belle douceur, le vin est équilibré et bien concentré, avec un boisé bien dosé. Beau vin qui démonte le stéréotype du Shiraz "bodybuildé".

2- CHANTE-PERDRIX, 2005, CORNAS, DELAS: J'ai visé Australie avec celui-ci, à cause de la douceur du fruit, à l'évidence, je me suit trompé. Le nez montre un beau fruit rouge tout en douceur, aidé en cela par des notes de vanille. En bouche, le vin montre une structure serrée et une bonne acidité, avec toujours ce doux fruit rouge bien allié à un boisé bien dosé. Bel équilibre d'ensemble. Beau vin.

vendredi 30 octobre 2009

THE GAZETTE: SYRAH DU MONDE

J'ai eu la chance d'être invité par Bill Zacharkiw, chroniqueur-vin émérite de The Gazette, pour participer à une dégustation comparative à l'aveugle de vins de Syrah de diverses origines et de prix variés. Il y avait au total 26 vins à déguster, distribués par niveau de prix en 5 vagues. Ce fut un exercice difficile mais enrichissant, qui demandait beaucoup de concentration. J'ai trouvé le niveau général des vins très bon, même si la plupart étaient encore très jeunes. Je serais curieux de goûter de nouveau ces vins dans 5 ans pour voir de quoi il en retournerait. Une chose est sûre, cette dégustation m'a confirmé que je n'ai pas un palais Nouveau-Monde, malgré ce que peut laisser croire le thème de ce blogue. J'ose penser que j'aime le bon vin, peu importe son origine. Le bon vin n'est pas l'apanage d'une région ou d'un pays, même si des stéréotypes stylistiques existent vraiment. Le dipôle stylistique Syrah/Shiraz associé au duo France/Australie existe vraiment, mais chacun de ces pays peut produire des vins allant à l'opposé de ce stéréotype, ou quelque part entre les deux, et pouvant ainsi brouiller les cartes pour le dégustateur à l'aveugle. Ce constat s'applique aussi pour les vins venant des autres pays. Au fond, tout est question de terroir et de l'interprétation que l'homme veut en faire. En ce sens, la Syrah est un cépage tout indiqué, car son adaptabilité permet plusieurs interprétations de qualité. Merci à Bill pour l'invitation. Je joins le lien vers l'article.



http://www.montrealgazette.com/life/food-wine/syrah+shiraz/2164642/story.html