vendredi 2 mars 2012

Sa Bobeté et le ridicule de l'infaillibilité


J'ai bien ri en lisant le dernier texte de Tim Atkin à propos des derniers scores de 100 points accordés par Robert Parker à un bon nombre de bordeaux 2009. Atkin donne à ce bon Bob un titre que s'était attiré Dylan dans un autre domaine. J'ai tenté de le traduire dans mon titre, car je trouve que ça représente bien le problème avec Parker. Cet homme a acquis un statut quasi surnaturel dans le monde du vin, du moins auprès d'un certain public et du marché de certains vins. Comme bien des choses dans ce fameux monde du vin, ça dépasse l'entendement, le rationnel, le gros bon sens. C'est rendu tellement ridicule que c'en est drôle. Dans ces circonstances, il est difficile de comprendre comment le système de notation sur 100 arrive à survivre. Il faut que l'appétit pour les chiffres érigés en vérités absolues soit très grand. Quand va-t-on se rendre compte que réduire un vin à un nombre et penser que celui-ci est valide pour tous en tout temps est absolument insensé? La beauté du vin tient en partie à son caractère changeant selon l'angle et le moment où on l'aborde. Au delà d'une certaine qualité objective, l'appréciation du vin est affaire de sensibilité personnelle, de prédisposition mentale et de contexte de dégustation. Encore une fois, ramener ça à un nombre très précis et définitif n'a absolument aucun sens. Le problème ne tient pas tant à Parker qu'à ceux qui lui accordent un statut d'infaillible. Ça me rappelle un vieux sketch de Ding et Dong avec un certain Jean-Paul II qui montrait bien l'absurdité de ce genre de croyance...

2 commentaires:

  1. Intéressant.
    Je ne me bat plus avec les grosses notes de Parker.
    Il a son goût et ses notes.

    Personnellement maintenant je donne 90 à un vin que j'aime et que je rachèterais. 89 à un vin que j'aime mais ne rachèterais pas, 88 à un vin qui est bon mais que je n'ai pas vraiment. 87 n'est pas bon signe...
    Sans vouloir développer ce système, c'est juste arrivé à force de déguster et de prendre des notes...sur 100 ! Mais il n'y a pas beaucoup de 100 dans "mon livre à moi"...

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  2. Je lisais sur le forum "La Paulée en ligne" cet extrait du texte de Parker expliquant pourquoi il y de plus en plus de vins se méritant ses gros scores:

    "There will be a tendency, looking through the following report, to suggest (1) I have somehow changed the way in which I judge Bordeaux, or (2) I have fallen victim to inflationary scores. I think I have laid out the case, in previous issues of the Wine Advocate, as well as in many of my books, about what has actually happened not only in Bordeaux, but in the top viticultural areas of the world, especially, California, France’s Rhône Valley, Spain and Italy. When I first tasted Bordeaux professionally in the late 1970s, there were probably no more than 6-12 great wines, and another 25-50 that could be recommended without hesitation. By the time 1982 was conceived, that had risen to probably three dozen or more truly world-class, great, great wines, and another 75 to 100 that were top-flight, and worthy of readers’ interests. By 1990, this had grown to around 50 to 75 great wines and approximately 200 other top wines. This number continued to soar, and by 2000, there were probably 100-125 great and compelling wines and another 250 to 300 worth buying. By 2009 and 2010, we are in a situation where the wine quality in Bordeaux has eclipsed anything that has ever been done in the past."

    À le lecture de ce texte, je me demandais pourquoi celui-ci ne se contentait pas de classer les vins en "Great wine", "Top wine", "Good wine", "Fair wine" et "Poor wine". Bien sûr ce serait moins vendeur qu'un score parfait de 100/100, mais sûrement moins ridicule qu'un 99+ à la précision chirurgicale... Ce qui séduit un certain public chez Parker c'est ce mythe voulant qu'il puisse départager le parfait de ce qui est supposément à un micro-poil de la perfection.

    Claude

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