mardi 2 novembre 2010
CABERNET SAUVIGNON, ANTIGUAS RESERVAS, 1989, ALTO MAIPO, COUSINO MACUL
Vendredi soir passé, à l’invitation de mes amis Pierrette et Jules, j’ai participé à une dégustation de vins du Chili tenus avec leur fille et des amis de dégustation de St-Jean-sur-Richelieu. Leur salle de dégustation est un superbe endroit pour déguster, et comme toujours avec eux, tout s’est passé sous le signe du plaisir, de la convivialité et de la simplicité. Je reviendrai plus tard avec mes impressions complètes de cette très belle soirée. Toutefois, j’avais gardé ce qu’il restait des vins après la dégustation, environ le quart des volumes originaux. Depuis vendredi, je revisite ces vins par curiosité, et aujourd’hui, c’était au tour du plus vieux du lot. Je n’avais pas de grandes attentes pour un vin si vieux exposé à l’air au fond d’une bouteille depuis quatre jours. Même si à mon avis ce vin n’avait pas obtenu tout le crédit qu’il méritait vendredi passé, à cause d’une légère composante d’acidité volatile (acide acétique, vinaigre), qui rappelait le ketchup au nez. Mais la bouche pour moi était déjà belle. Toujours est-il que ces jours d’exposition à l’air on fait disparaître cette acidité volatile, et le vin m’est aujourd’hui apparu sous un jour des plus favorable. Cela m’a beaucoup surpris, car j’ai toujours peur de l’effet de l’oxygène sur les vins d’un certain âge. C’est pourquoi j’avais jugé qu’il valait mieux ne pas le passer en carafe avant le service lors de la dégustation officielle, et encore moins l’ouvrir quatre jours avant le service avec une bonne exposition à l’air. Voici donc mes impressions de ce vin en ce bel après-midi d’automne où j’ai la chance d’être en congé après une période intense au travail.
La robe est de couleur encore assez soutenue, même si bien translucide et légèrement tuilée. Le nez est tout en retenue et en finesse, et montre clairement un profil évolué, même si on y retrouve encore une bonne dose de fruit. Ce fruit transformé par le temps est accompagné de notes de thé, de bois de cèdre, et d’épices exotiques. En bouche, l’attaque est encore bien soutenue, harmonieuse et suave, avec un bel équilibre d’ensemble. Le fruit évolué domine la palette des saveurs, bien soutenu par une douce acidité et un fin trait d’amertume. En milieu de bouche le vin est simplement superbe, tout en subtilité et en nuance, mais avec tout de même une belle tenue. C’est un vin fin et délicat, au profil évolué, qui coule sans effort, tout en procurant ce plaisir particulier que seuls les vins qui ont bien vieilli peuvent donner. La finale maintient le cap, avec des saveurs qui s’y fondent à merveille, sur une persistance de bon niveau.
Quand on pense en connaître un peu sur le vin, celui-ci semble toujours trouver un moyen de nous surprendre. Il semble toujours trouver le moyen de défaire nos idées toutes faites, en nous montrant son caractère unique et évolutif. C’est en plein ce que cet “Antiguas Reservas” a réussi à faire pour moi. Dépouillé de son acidité volatile, tout en conservant le reste de son profil. Il s’est révélé à mes sens sous un jour encore meilleur. C’est un très beau vin dans l’absolu, mais quand on pense qu’il a été payé autour de 10$ la bouteille, cette qualité est simplement renversante. D’ailleurs, je remercie ici son propriétaire, un certain Jaco, pour l’offrande qu’il nous a permis d’ouvrir malgré le fait qu’il ne pouvait être présent pour la dégustation. J’ai acheté huit bouteilles de la cuvée 2008 de ce vin lors de la dernière promo 10% sur les vins du Chili. Avec un rabais supplémentaire de 2.50$ au col des bouteilles, j’ai payé un peu moins de 14$ l'unité. Même si le Antiguas d’aujourd’hui n’est pas le même que celui d’il y a 20 ans, j’ai confiance pour la suite des choses. De toute façon, la plupart des vins élaborés aujourd’hui le sont d’une manière différente de ce qui prévalait il a 20 ans. Ceci dit, l’expérience que m’a donné cette bouteille de 1989 me convainc d’être encore patient avec mes deux bouteilles de 1996 que j’avais achetées à mes tout débuts comme amateur de vin un peu plus sérieux. Je dis bien un peu plus sérieux, car encore aujourd’hui je ne suis pas un amateur de vin vraiment sérieux, c’est probablement pourquoi je continue de mettre des “Antiguas Reservas” de côté, malgré tout...
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Claude,
RépondreSupprimerTrès intéressant comme retour sur ce vin. Notre ami Jaco sera très heureux de savoir qu'il y a de l'espoir pour les bouteilles qu'il possède encore en cave.
Pour ce qui est de la dégustation, ce fut un plaisir de déguster avec toi et de profiter de tes connaissances sur les vins du Chili.
Parlant de Maipo Cabs âgés. J’ai souri hier en consultant le nouveau guide du vin de Michel Phaneuf. J’achetais son guide à chaque année à mes débuts comme amateur, et je me souviens que celui-ci n’était pas tendre envers les Don Melchor des années 90, y voyant des vins trop boisés et robustes, très marqués par les arômes d’eucalyptus, et plus imposants que raffinés. J’ai souri donc lorsque j’ai lu ses commentaires sur les 97 et 95 récemment offerts dans les livraisons de la revue CELLIER. Il ne tarit maintenant pas d’éloges sur ces vins.
RépondreSupprimerJe ne blâme pas Phaneuf pour sa méprise initiale sur le réel potentiel de ces vins. Je suis juste heureux de voir qu’il reconnaît aujourd’hui l’évolution positive de ceux-ci, et le potentiel de garde des rouges chiliens en général. Il souligne même en introduction de la section sur le Chili que même les vins abordables possèdent un bon potentiel de garde. Il souligne aussi que le Chili est le meilleur pays en terme de RQP. Ce n’est pas moi qui va le contredire.