mercredi 3 novembre 2010
CHARDONNAY, MARQUES DE CASA CONCHA, 2008, LIMARI, CONCHA Y TORO
Concha y Toro est un géant. C’est de très loin le plus important producteur de vin au Chili, et un des plus importants producteurs et exportateurs de vin au monde. Dans le petit monde des amateurs passionnés de vin, un tel statut est souvent perçu négativement d’emblée. Tout de suite on pense vin industriel, vin sans identité, vin désincarné. Bien sûr, une telle façon de penser manque de nuance et relève plus de l’idéologie plus que de n’importe quoi d’autre. Concha y Toro produit sans l’ombre d’un doute des vins que l’on peut qualifier d’industriels, mais en même temps, c’est une compagnie hautement innovatrice et une réelle locomotive pour le secteur vinicole chilien. C’est une compagnie qui possède une masse critique incomparable, ce qui permet d’accumuler et de transmettre le savoir-faire d’une façon inaccessible aux petits opérateurs. C’est aussi une compagnie qui de par ses nombreuses gammes de produits, multipliés par un nombre considérable de filiales produit une très grande diversité de vins. Le vin dont il est question ici est à mon sens un bon exemple du souci d’innovation et de la constante quête qualitative de ce géant, et du rôle important qui est laissé aux employés sur le terrain pour être les moteurs de cette quête qualitative.
Marcelo Papa, l’oenologue en charge de la gamme “Marques de Casa Concha” est celui qui au début des années 2000, a poussé très fort au sein de la compagnie pour qu’elle s’intéresse au potentiel de la vallée de Limari. Il a su être convaincant car il y a quatre ans, Concha yToro a décidé de créer une filiale à part entière appelée “Maycas de Limari”, totalement dédiée aux vins de cette région. Ce Marcelo Papa doit être très persuasif, car il a ensuite réussi à faire changer l’origine des raisins pour cette cuvée “Marques de Casa Concha”, de Maipo à Limari. Ce n’est pas rien, car cette cuvée, lorsqu’issue de raisins de Maipo se méritait années après années des gros scores des revues américaines, ce qui en faisait un très bon vendeur. Mais Papa est convaincu de la supériorité de la fraîche Limari pour les vins de Chardonnay, et malgré le succès de l’ancienne cuvée, il a réussi à faire accepter le changement à ses patrons. Ce n’est là qu’un exemple, mais à mon avis, cela montre bien qu’une grosse compagnie ne pense pas nécessairement qu’au profit facile. Les employés passionnés, innovateurs, convaincus et convaincants peuvent y faire entendre leur voix. Tout cela est bien beau, mais qu’en est-il du vin?
La robe est d’une belle teinte dorée. Le nez est assez réservé, mais tout de même assez dégourdi pour qu’on puisse y humer des arômes fruités de citron, de pêche, et de poire, complétés par de fines notes de noix et de fumée. Très beau nez tout en subtilité, où la qualité des arômes est évidente. La bouche pour sa part est plus loquace, et simplement superbe. On y retrouve un vin ample et caressant, alliant élégance et intensité des saveurs fruitées, bien supportées par un apport boisé modéré et de belle qualité. Le vin est bien équilibré et possède un niveau de concentration rare pour un vin de ce prix. Heureusement, cette concentration élevée ne se paie jamais au prix de la lourdeur, comme c’est le cas des vins bien constitués. Le milieu de bouche permet aussi d'apprécier une légère onctuosité, alliée à un bon volume. Cela ajoute à la présence du vin, et lui permet de bien couler vers une finale intense et harmonieuse d'une très bonne longueur.
J’ai écrit cette note de dégustation après ma quatrième bouteille de ce vin. Après deux superbes bouteilles, j’avais décidé d’inclure une bouteille de ce vin dans une dégustation de vins du Chili qu’on m’a demandé d’organiser la semaine passée. À ma grande surprise, ce vin a très mal paru lors de cette dégustation, finissant bon dernier de la soirée. Cela m’avait laissé très perplexe, car j’avais été très impressionné par les deux premières bouteilles qui m’avaient semblé bien meilleures. Et bien cette quatrième bouteille me confirme la grande qualité de ce vin, et il est clair dans mon esprit que la bouteille que j’avais apporté à la dégustation était différente, et passablement en retrait par rapport aux trois autres. Lors de la dégustation des deux premières bouteilles, je trouvais une ressemblance à ce vin avec la cuvée de base de Kumeu River de Nouvelle-Zélande. Je me disais que le niveau qualitatif était similaire, et que cela faisait de ce “Marquès de Casa Concha”, acheté pour 18$, un RQP de haut vol, car le Kumeu représentait déjà pour moi un bon achat à un peu plus de 30$. Je ne tente pas de justifier un vin qui a moins bien performé lors de cette dégustation. J’ai rapidement ouvert une autre bouteille pour vérifier, et si le vin n’avait pas été bon, je n’en aurais simplement pas parlé, comme c’est la cas des mauvais vins qu’il m’arrive de goûter.
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Ce vin est maintenant disponible à la SAQ, et les stocks baissent rapidement. À essayer pendant qu'il en reste.
RépondreSupprimerClaude
Claude,
RépondreSupprimerJ'imagine que tu parles de la dégustation qui avait eu lieu chez-nous. Effectivement, nous avions classé ce vin dernier de sa vague. Mais ton commentaire nous chicote un peu. On se laissera peut-être convaincre de lui donner une autre chance...
Jules
Salut Jules et Pierrette,
RépondreSupprimerDepuis sa mise en vente le 19 mai, environ trois quarts de 1176 bouteilles disponibles ont été vendues. Je suppose que je ne suis pas le seul à avoir aimé. Détail peut-être anodin, mais pour moi révélateur à propos de la connaissance du Chili à la SAQ. Dans le commentaire à propos de ce vin, publié dans le magazine CELLIER, on y dit que Marques de Casa Concha est un domaine, alors que ce n'est en fait qu'une marque de commerce identifiant une gamme de vins de diverses origines.
Claude