Un autre vin issu des nouveaux
vignobles côtiers d'Eduardo Chadwick qui y élabore aussi des vins
sous l'étiquette de sa "boutique winery", Arboleda. Ce
vin provient spécifiquement du vignoble Manzanar, situé à 12 km de
l'océan Pacifique. C'est un lieu très frais avec une sommation
annuelle moyenne de 1250 degré/jours. Il a été planté de trois
clones de Syrah, en 2005 et 2009, sans greffage, avec une exposition
au nord pour favoriser la pleine maturation des raisins.
L'élaboration inclut la vendange manuelle et le vin a été élevé
pendant 14 mois en barriques de chêne français de deuxième et
troisième usage. Il titre à 13.5% d'alcool, pour un frais pH de
3.45 et est très sec à 2.13 g/L de sucres résiduels.
La robe avec ses reflets violacés
trahit la jeunesse de ce vin, alors que son nez révèle sans plus de
questions que l'on a ici affaire à une Syrah de climat frais. On y
retrouve avec modération des arômes de fruits rouges et noirs, de
fumée, de lavande, de poivre noir et de viande crue. Beau nez quoi
que un peu sur la retenue à ce stade. Le bouche elle est plus
bavarde et le vin s'y déploie sans entrave. L'attaque a du nerf et
cette acidité marque le style du vin en donnant de l'éclat au
fruité et du tonus à la structure. Le vin montre une belle présence
en milieu de bouche, les saveurs y sont vives et bien concentrées
sur une trame tannique soyeuse. La finale est harmonieuse et très
persistante.
J'avais essayé il y a quelques mois
une bouteille du millésime 2011 de ce vin, toujours offerte à la
SAQ, et j'avais été déçu. Le vin manquait d'harmonie et le boisé
vanillé typique des rouges d'Errazuriz en jeunesse masquait en
partie la véritable profil aromatique du vin. À 25$ la bouteille,
j'avais décidé d'investir mon argent ailleurs. Quand j'achète un
vin de climat frais et que je paye une prime pour ce profil
aromatique, je veux pouvoir en profiter dès la jeunesse du vin. J'ai
décidé de tenter de nouveau ma chance avec ce 2012 quand j'ai vu
qu'on avait abandonné l'usage du bois neuf pour son élevage. À mon
avis, le bois neuf sied mal aux vins de climat frais où la
délicatesse aromatique du fruit est de mise. Finalement, mon
raisonnement était valide car ce 2012 montre le profil aromatique
que je recherche dans ce type de vin. En prime, le vin déploie une
belle structure, à la fois solide et légère, avec beaucoup de
vivacité. Tout ce qu'on attend en fait d'un vin de climat frais. Je
pense que le groupe Errazuriz/Arboleda est encore en processus
d'apprentissage avec les raisins qu'ils tirent de leurs jeunes
vignobles côtiers. Ce qui fonctionnait pour leur vins de Syrah de
l'intérieur de la vallée ne sied pas vraiment à la Syrah côtière.
Il faut dire que la Syrah à cause de son adaptabilité à des
climats très différents est un cas particulier qui ouvre la porte à
ce type d'erreur d'apprentissage. La qualité de la plupart des vins
chiliens issus de la côte fait parfois oublier que nous en somme
encore aux premiers pas pour ces vignobles et qu'avec l'expérience
et l'âge croissant des vignes, le progrès est loin d'être terminé.
Ce vin a récemment été très bien classé dans une large dégustation à l'aveugle de vins de Syrah du Chili tenue par le magazine britannique Decanter (voir lien au bas). Ceci dit, les résultats de ces dégustation marathon sont à prendre avec des pincettes ça fait beaucoup de très jeunes vins (88 vins) à juger en très peu de temps. Les vins les mieux classés viennent tous de régions côtières fraîches (San Antonio, Casablanca, Limari, Elqui) et de producteurs réputés. Les vins de la vallée centrale en prennent pour leur rhume, mais je soupçonne un parti pris stylistique de la part des juges. Comme si on mettait des shiraz australiennes en compétition avec des vins du Rhône nord face à des juges francophiles. N'empêche, l'article offre un beau survol de ce cépage au Chili.
RépondreSupprimerClaude
http://susieandpeter.com/wp-content/uploads/2014/10/Chilean-Syrah-tasted-rated-Decanter-October-2014.pdf
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