J'ai parlé en septembre dernier du
Pinot Noir, 2012 de la gamme Max Reserva de Errazuriz. Je remet ça
cette fois avec le Pinot d'entrée de gamme de la maison sur le
millésime 2013. Celui-ci provient du même vignoble de Manzanar
situé à 12 km de la côte du Pacifique. Comme le Pinot de Vina Leyda dont je traitais dans le texte précédent, ce vin fait partie
de cette nouvelle vague de vins d'entrée de gamme maintenant issus de vignobles de climat frais. L'élaboration de ce vin comprend la
vendange manuelle, l'égrappage et la macération pré-fermentaire à
froid en cuves ouvertes d'inox. Après la fermentation alcoolique, 50% du vin est placé en barriques de chêne français usagées où
il effectue une FML et où il est élevé pendant 8 mois. Le vin
titre à 13.5% d'alcool pour un vif pH de 3.46 et 2.26 g/L de sucres
résiduels.
La robe est d'un rubis translucide et
éclatant. Le nez est très agréable dès le premier abord et très
typique du cépage avec ses arômes de fraises, de fleurs et de
fumée, agrémentés d'une touche doucement épicée et torréfiée.
Beau nez montrant une belle complexité et une qualité d'arôme
irréprochable. La bouche est tout aussi charmante. Le vin y déploie
une élégance difficilement concevable pour un vin de ce cépage à
ce prix. Le vin allie légèreté de structure et bonne
concentration, avec des saveurs combinant intensité et qualité. Le
milieu de bouche confirme le côté aérien de ce vin qui sait
montrer une bonne présence en bouche, mais sans pesanteur. Les
tanins sont fins et le vin coule sans effort vers une belle finale
longue et harmonieuse, avec les tanins qui montrent un peu de poigne
à la toute fin.
Il faut lire ma note de dégustation en
sachant que ce vin est vendu 13.95$ en Ontario. Dans ce contexte
c'est un vin qui offre un formidable niveau de qualité. Ce n'est pas
du grand Pinot, il n'en a pas la profondeur, ni la prétention, mais
compte tenu du prix et de la nature capricieuse de ce cépage, c'est
probablement un des meilleurs vins de ce cépage qu'on puisse trouver
dans cette gamme de prix. Il y a vraiment de la finesse et de
l'élégance dans ce nectar aux prétentions modestes. Le vin est
frais, léger et gouleyant, mais en même temps avec de la matière
et de la présence. Il ne faut pas confondre ici aérien et dilué.
De plus, contrairement au Pinot de Vina Leyda dont je traitais juste
avant, il y a dans ce vin de Errazuriz un rapprochement à faire avec
le style bourguignon en général, sans que ça ne soit une copie.
L'usage de barriques usagées pour l'élevage du vin fut un choix
avisé, car comme pour la Syrah dont je traitais récemment, cela
permet de mettre l'accent sur la fraîcheur du fruit, sans interférence. Je mentionnais
dans mon texte précédant qu'un vin de Pinot Noir d'entrée de gamme
est parfois un bon indice de la qualité globale d'un producteur, et
bien ce vin confirme le rôle de leader de Errazuriz dans le paysage
vinicole chilien. Mettez quelques bouteilles de Max Reserva de côté
pour quelques années, et buvez cette cuvée "Estate" entre temps sans vous casser la tête. La quintessence de ce qu'on
pourrait appeler le "Pinot de semaine".
Merci Claude pour la note de dégustation. Bu quelques bouteilles du 2012, un vin que j'ai nettement préféré au vin de Vina Leyda. J'essaie le 2013 dès mon prochain passage en Ontario !
RépondreSupprimerPatrick
Patrick,
RépondreSupprimerTa préférence n'est pas étonnante pour quelqu'un qui aime bien la Bourgogne. J'ai aussi préféré le Errazuriz, plus de finesse, mais le Leyda a aussi son charme dans un style plus puissant. Ce qui est bien avec le Chili, c'est la variété croissante de styles. Plus de cépages et une variété de styles pour des vins du même cépage, sans compter les possibilités d'assemblages allant du classique à l'inusité. Mon intérêt marqué pour ce pays continue d'être restrictif, mais de moins en moins. En tout cas moins que si j'avais le même intérêt marqué pour une région classique. Enfin...
Claude