La maison Catena n'a pas besoin de
présentation. Il s'agit à mon avis du plus grand producteur
argentin. Un producteur totalement axé sur la qualité et qui
maintient depuis longtemps cet engagement. Ce vin est un des premiers
ce cette maison que j'ai eu le plaisir d'acheter. Il provient
d'un vignoble unique situé à 940 m d'altitude et dont le rendement
était assez élevé à environ 65 hl/ha. Les versions actuelles de
ce vin sont des assemblages incluant des fruits venant de vignobles
situés à plus haute altitude. Le but étant d'ajouter de la
complexité par le mariage de fruits aux caractéristiques
différentes. Pour revenir à ce 1997, il a été élevé 19 mois en
barriques de chêne français (82%), dont 28% bois neuf et 18% de
barriques neuves de chêne américain. Le vin titre à 14% d'alcool
pour un pH de 3.76. Le producteur sur son site internet dit que ce
vin s'améliorera au cours des 7 à 10 prochaines années. Je suppose
que cette recommandation est valable à partir de l'année de la mise
en marché du vin, ce qui veut dire aux alentours de l'an 2000.
Alors, il est clair que ma patience a été plus grande que la
fenêtre suggérée par le producteur. Voyons néanmoins ce que ça
donne comme résultat.
La robe montre une teinte grenat encore
bien soutenue. Le nez est un ravissement pour un amateur de vin
mi-évolué comme moi. On y retrouve cette marque inimitable du temps
en bouteille sur l'empreinte aromatique globale. Comme toujours avec
ce genre de vin, il est difficile de mettre des mots appropriés pour
décrire les arômes. Il y a encore une bonne présence fruitée dans
ce vin, mais ce n'est pas le même fruit qu'en jeunesse. Alors je
peux bien dire qu'il y a là des arômes évolués de cerises, ça
demeure très inadéquat comme descripteur. Toujours est-il que ce
fruit évolué est amalgamé à des arômes de bois de cèdre, de
terre humide et de thé. On y retrouve aussi un léger aspect
évoquant le camphre et la térébenthine, ainsi qu'une pointe
torréfiée. Un nez très agréable auquel je revenais très souvent.
En bouche le vin est simplement suave. Apparemment léger de corps et
délicat à l'attaque, il rapplique de suite avec tout ce qu'il faut
de matière et d'intensité gustative pour offrir une bonne présence.
Le milieu de bouche permet de tirer un grand plaisir de cet amalgame
fruité-épicé marqué par le passage du temps. Les tanins sont
totalement fondus, ce qui ajoute au caractère gracieux du vin. La
finale confirme, avec toujours cet heureux mariage des saveurs, sur
un sursaut d'intensité et une belle longueur aux relents de chocolat
noir.
Ce vin n'est pas encore sur son déclin
et pour moi il est dans la phase que je préfère. Un stade où
l'effet du temps marque le vin, sans lui enlever l'essentiel, le
fruit. Il s'agit d'un vin bien différent de ce qu'il était en
jeunesse, mais en même temps il est reconnaissable. Le lien entre
les deux existe. Quand je lis les innombrables conneries qui
s'écrivent sur les jeunes vins du Nouveau-Monde, j'aimerais que ceux
qui écrivent ces sornettes puissent être mis devant un vin comme ce
Cabernet, 1997, de Catena, en pure aveugle. Les plus honnêtes d'entre eux
changeraient ensuite leur discours, ou à tout le moins apporteraient
des nuances. Déguster un vin comme
celui-ci donne beaucoup de plaisir, car c'est simplement un très bon
vin, mais c'est aussi une façon de voir le monde du vin autrement.
Pas juste parce que ça montre la capacité de transformation de
certains vins de prix modiques venant du Nouveau-Monde. Non. Un vin
comme cette bouteille de Catena chante les vertus du vin modéré,
sans excès, du vin facile à boire tout en étant complexe et
sérieux. Un vin qui n'est pas dans la logique du "plus c'est
mieux" et qui avec de l'âge brise le stéréotype de ce que
devrait être un vin du Nouveau-Monde de ce prix. À un moment où,
ici au Québec, plusieurs s'inquiètent des campagnes publicitaires
destinées à vendre du vin de qualité douteuse aux consommateurs
non passionnés. Je trouve qu'ils sont rares ceux qui s'inquiètent
du fait qu'on fait croire à l'amateur qu'il n'y a qu'une voie
générale qui mène au bonheur vinique et que celle-ci passe
obligatoirement par l'Europe et par l'argent. Les voies alternatives
existent, mais elles passent d'abord et avant tout par une mentalité
différente. Il faut se rappeler que la disposition mentale est
l'élément le plus important dans l'appréciation du vin. Dernier
élément intéressant qui démarque un vin comme ce Cabernet
Sauvignon de Catena, c'est la stabilité de son prix. Le 2008
actuellement en tablettes est offert au même prix que celui payé pour ce 1997. Voilà
qui fait changement de l'inflation ridicule vue ailleurs et qui
assure qu'on pourra toujours se l'offrir.
Salut Claude,
RépondreSupprimerDe bons achats à faire dans le dernier cellier?
Merci!
Paul
Salut Paul,
RépondreSupprimerDans ce que je connais, il y a deux incontournables, soit le Cabernet Sauvignon, Élégance, 2007, Maipo, Haras de Pirque et le Chardonnay, Sol de Sol dont je parle plus haut. Sinon le Vertice, 2006, de Ventisquero est un excellent vin, j'en parle quelque part sur ce blogue, mais c'est la deuxième fois qu'il est offert dans une offre spéciale de la SAQ.
Claude