vendredi 1 octobre 2010

VERTICE, 2006, APALTA, COLCHAGUA, VINA VENTISQUERO


J’ai eu la chance de goûter plusieurs vins de Ventisquero lors des dernières dégustations de “Vins du Chili” tenues à Montréal, et j’avais beaucoup apprécié. Ce Vertice, à ma connaissance, est le deuxième vin de ce producteur à être offert par la SAQ, par le biais du Courrier Vinicole. Je n’avais pas obtenu le premier, un Sauvignon Blanc de la gamme Queulat, ce sera donc pour moi la première occasion que j’aurai de déguster tranquillement un vin de ce producteur. Lors des dégustations évoquées plus haut, j’avais particulièrement apprécié les vins des gammes Queulat et Grey qui montraient des RQP de haut niveau. Avec ce Vertice (35$), on se retrouve dans le haut de gamme du producteur, juste derrière le grand vin de la maison, la Syrah Pangea (65$ en IP). Ces deux vins sont élaborés par l’oenologue Felipe Tosso, en collaboration avec l’australien John Duval qui fut longtemps chez Penfolds, étant entre autre responsable de l’élaboration du réputé Grange. D’ailleurs, Duval pense que le potentiel de la Syrah au Chili est énorme. Pour en revenir à ce Vertice, il s’agit d’un assemblage à parts pratiquement égales de Carmenère (51%) et de Syrah (49%). Les deux cépages proviennent de parcelles différentes du même vignoble pentu situé à Apalta. Ils sont plantés sur des types de sols différents, argileux pour le Carmenère et granitiques pour la Syrah. La Syrah fut vendangée dans la dernière semaine d’avril, ce qui est tard pour cette région et indique des conditions relativement tempérées, alors que sans surprise, le tardif Carmenère fut récolté lors de la troisième semaine de mai. Le vin a été élevé pour 20 mois en barriques de chêne français d’âge non spécifié.

La robe est très foncée et impénétrable. Le nez est bien dosé, s’exprimant tout en délicatesse avec des arômes d’une très belle qualité, incluant les fruit rouges et noirs, le poivre noir, les herbes aromatiques, la terre humide, la fumée et le chocolat noir. Très beau nez, complexe et raffiné, où la qualité supérieure est évidente. En bouche, l’attaque est ample et souple. L’aspect soyeux de la texture se fait remarquer dès le départ. Comme on dit, c’est lisse et ça glisse, sans effort, tout en douceur, avec une superbe présence fruitée balancée par une juste dose d’amertume. Les notes épicées et terreuses se mêlent agréablement au fruit pour produire un bel effet gustatif. Le milieu de bouche révèle un vin de très bonne tenue, à la concentration élevée, mais évitant aisément de tomber dans la lourdeur. Pour conclure, on a droit à une finale fondue et harmonieuse où rien ne dépasse, sur un allonge de bon niveau aux relents de chocolat noir.

Superbe vin! L’élégance chilienne à l’oeuvre. Un vin qui défie les idées préconçues. Même moi qui suis vendu au Chili, quand je pense Apalta, ou au coeur de Colchagua, je pense maturité poussée du fruit, vin puissant et généreux qui en met plein la gueule, surtout pour un vin relativement ambitieux comme celui-ci. Et bien ce vin a joué un bon tour à mes préjugés car dans son style, il se présente tout en finesse et en délicatesse, avec une belle fraîcheur, et ce, malgré qu’il titre à 14.5% d’alcool. En le dégustant, je n’ai pu m’empêché de penser au “Dix de Los Vascos, 2004”, un autre vin relativement ambitieux de Colchagua qui m’avait bien surpris par son caractère fin et modéré. Les profils sont bien sûrs différents, “Le Dix” étant un Cabernet, mais j’y ai retrouvé la même sensation de raffinement. Dans les deux cas j’avais l’impression d’être en face de vins privilégiant l’équilibre et la finesse, à l’extraction débridée et à la puissance. Le Vertice pourrait sûrement être qualifié de plus moderne, mais pour moi, il s’agit du beau visage du modernisme. J’ai aussi bien aimé le mariage aromatique entre le Carmenère et la Syrah. Le producteur recommande une garde pouvant aller jusqu’à 10 ans. Personnellement, je pense que c’est très conservateur comme évaluation, et que ce vin a ce qu’il faut pour bien évoluer sur au moins 20 ans. La bonne nouvelle, c’est que les résiduels du Courrier Vinicole sont maintenant en tablettes, et qu’on peut s’offrir ce vin ce week-end pour aussi peu que 31.50$. Je n’avais acheté que deux bouteilles au Courrier Vinicole. Je vais en rajouter quelques-unes en fin de semaine. C’est à mon avis un fort RQP, comparable à des super-premiums chiliens offerts pour le double de prix, et pour faire changement, je ne parlerai pas du reste du monde!!! Une autre beauté du Chili, c'est que les producteurs encore peu reconnus peuvent offrir de superbes aubaines dans le plus haut de gamme. Tant que le fameux seuil de 95 de WS ou WA n'a pas été atteint, on peut être assez tranquilles côté prix. J'ai vu cette semaine le Vinedo Chadwick, 2006, offert en Ontario pour rien de moins que 165$!!! Du pur délire en ce qui me concerne. Mais s'il y a des acheteurs, je ne blâme pas M. Chadwick, et tant mieux pour lui. En ce qui me concerne, je m'intéresse au Chili pour ses superbes vins offerts à de très bons prix. Quand on rejoint la folie vue ailleurs, je ne suis pas.
 
 
 
*

4 commentaires:

  1. J'ai enfin bu ce vin hier. Grand équilibre et un vin savoureux. J'ai beaucoup aimé.

    Voici le lien vers le CR: http://www.fouduvin.ca/viewtopic.php?f=15&t=18072

    Patrick

    RépondreSupprimer
  2. Excellent vin! Un plaisir pour les papilles gustatives!

    RépondreSupprimer
  3. Mon cher Claude, deux ans plus tard, je suis encore plus emballé que toi, puisque j'ai cité ce vin en exemple à la fin de mon billet publié le 4 octobre dernier sur Le Huffington Post Québec, intitulé: "Qu'est-ce qu'un grand vin?"

    Voici le lien: http://huff.to/PbvjFF

    Ce billet a aussi été repris le lendemain sur Le Huffington Post de France et a été lu par des milliers de Français.

    Voici le lien: http://huff.to/SCQ91W

    Tout ça pour dire que je suis bien d'accord avec toi à propos de ce vin que tu as eu le flair de découvrir deux ans avant moi. Bravo!

    Yves Mailloux

    RépondreSupprimer
  4. Salut Yves,

    J'ai eu la chance de déguster le millésime 2007 du Vertice lors de la dégustation annuelle de Vins du Chili à la fin septembre. Ce vin fut un de mes préférés de la dégustation. Je l'ai préféré à la Syrah, Pangea, 2007 du même producteur et dont le millésime 2008 se vend 59$ à la Signature. À 37.75$, le Vertice est un grand chilien à prix abordable et il a déjà un peu de temps en bouteille derrière lui. Pour moi, ça compte.

    Claude

    RépondreSupprimer