Comme je l’écrivais dans un message précédant, j’aime fréquenter les auteurs britanniques lorsqu’il est question de vin. Un de mes blogueurs préférés était Jaimie Goode qui tient le très intéressant site Wineanorak. Le gars est un vrai passionné de vin qui parle de vins et de producteurs de tous horizons. C’est aussi un scientifique de formation qui a écrit le livre “The science of wine”. Toujours est-il qu’hier en visitant son blogue, je suis tombé sur un texte de sa part qui m’a semblé consternant (voir lien). J’ai souvent parlé ici, avec une pointe d’ironie, de ce que j’appelle le “vrai goût”, et de la pression qui existait pour s’y conformer si on voulait accéder au statut de “vrai amateur”. Et bien il faut lire le texte de M. Goode pour se convaincre de la réalité de ce phénomène. Je n’ai jamais rien lu d’aussi condescendant à propos du vin et de ceux qui s’y intéressent. Le pire, c’est que M. Goode était conscient en l’écrivant de l’arrogance de son texte, mais malgré tout il a senti le besoin de le publier. Il est rare qu’un “winewriter” se livre aussi ouvertement sur ce qu’il pense vraiment sur ce sujet. D’habitude on vous débitera des banalités du genre que chaque dégustateur doit apprendre à se connaître, et que ce qui compte c’est notre propre perception. M. Goode lui rompt avec la langue de bois et livre le fond de sa pensée en la matière. Selon lui, à peu près tous les journalistes qui écrivent sur le vin savent assez bien distinguer les bons vins des mauvais. Toutefois, là où plusieurs échouent lamentablement, c’est dans la capacité de distinguer les vins vraiment sérieux de ceux fabriqués pour impressionner. Selon M. Goode donc, seule une caste supérieurement douée sait faire ce qui compte le plus pour quelqu’un écrivant à propos du vin, c’est-à-dire distinguer les vins exceptionnels et sérieux, des vins simplement excellents!!!... WOW!!! Je n’ai jamais rien lu d’aussi brutalement honnête. Je ne sais pas si M. Goode avait trop bu de vin exceptionnel et sérieux lorsqu’il a pondu ce grand texte, et que c’est sans inhibition aucune qu’il a livré le fond de sa pensée. Mais une chose est sûre, ça va droit au but, et à mon sens c’est assez révélateur de la mentalité d’une certaine catégorie de dégustateurs qui ont la chance de goûter à beaucoup de vins très renommés. Comprenez-moi bien. Je ne mets pas tous les dégustateurs buvant régulièrement des vins renommés dans cette catégorie. Mais comme je l’ai déjà dit, lorsqu’on atteint certains sommets, immanquablement la perspective change, et le danger est alors grand de ne regarder que vers le bas. Si on ne se souvient pas du parcours qui nous a mené vers le haut, il devient facile de perdre le contact avec la réalité de la grande majorité des dégustateurs, et d’oublier que ce qui fait un dégustateur, ce n’est pas juste la renommée des vins qu’il a eu la chance de déguster. Combien de chroniqueurs qui écrivent sur le vin en s’adressant à un large public ont au fond la même vision des choses que M. Goode? Mon but n’est pas de dire que tout se vaut en matière de vin. Ce qui m’embête, c’est l’attitude hiérarchique, autant pour les vins que pour les dégustateurs. Ce genre de vision dévalorise la plus grande partie du monde du vin. Le vin qui est bu par la grande majorité des gens. Pour moi, le vin et l’humilité doivent aller de pair. J’aimerais bien voir M. Goode en pure aveugle distinguer les vins sérieux des vins fabriqués, les vins exceptionnels des vins simplement excellents. Je pense qu’il reprendrait contact avec la réalité et reverrait assez vite sa copie.
http://www.wineanorak.com/wineblog/uncategorized/controverialist-judgements-of-quality-in-wine#comments
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jeudi 14 octobre 2010
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