Petite visite ce matin sur le site de la revue britannique Decanter où je suis tombé sur un article intéressant qui m’a ramené à des propos que je tenais ici dernièrement sur le francocentrisme québécois en matière de vin. Dans cet article de Decanter, on rapporte les propos du "winewriter" Andrew Jefford à propos de la haute qualité que peuvent atteindre les vins de Chardonnay en Australie. D’entrée, on cite un commentaire où M. Jefford a lui aussi la vilaine idée de comparer avec l’étalon français en disant, et je cite: "Le Chardonnay australien peut surpasser sans effort des bourgognes de top niveau". De tels propos tenus par une personnalité québécoise reconnue dans le monde du vin seraient considérés comme rien de moins que blasphématoires. Celui qui oserait écrire cela verrait sa crédibilité compromise et son bon jugement mis en cause. Heureusement pour M. Jefford, au Royaume-Uni ça ne risque pas de lui arriver. En général, j’aime lire les britanniques qui écrivent sur le vin. Je trouve que c’est un pays possédant le palais et le marché diversifiés que je souhaiterais pour le Québec. C’est un pays exposé à des influences et des affinités multiples, de par sa géographie et sa langue. La géographie explique l’attrait pour le culture européenne du vin, alors que la langue a provoqué une ouverture plus facile sur les pays vinicoles anglo-saxons du Nouveau-Monde. Pour moi, c’est une autre preuve que la notion de palais inné n’a aucun sens. Bien sûr, il y a une composante physiologique dans les préférences possibles en matière de vin, mais l’élément le plus important est culturel et en ce sens tient de l’acquis.
http://www.decanter.com/news/wine-news/502263/chardonnay-is-australia-s-best-variety-says-jefford
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jeudi 7 octobre 2010
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Pas d'accord avec vous. La comparaison ne profite qu'au moins connu qui se compare avec le connu. D'autre part, lisez bien, Decanter dit que le chardonnay australien (sans spécifier lequel) peut 'sans effort" dépasser le Bourgogne du meilleur niveau. C'est donc qu'il y a un meilleur niveau que le meilleur chardonnay de Bourgogne.
RépondreSupprimerJe comprends que vous ayez envie de vous ouvrir aux vins du monde entier, en Belgique, c'est ce que nous faisons aussi. Mais ces mots de Decanter ne sont pas des mots de pasionnés de vin, dce sont des mots de marketteur.
Et puis, quel intérêt de comparer des pommes et des poires, si le chardonnay australien est bon, il peut avoir sa personnalité, inutile de se comparer.
Et puis, merci d'excusez nos amis producteurs français pour leur chauvinisme: ils ne connaissent tout simplement pas les autres vins, invendables en France. Mais on trouve le même phénomène en Espagne ou en Italie...
M. Lalau,
RépondreSupprimerVous serez peut-être content. Le texte de Decanter a été modifié, et on a changé le mot "outperform" pour "compete". Donc ils ne surpassent plus les meilleurs bourgognes, ils compétitionnent sans effort avec eux. Il n'y a donc pas de meilleur, mais des meilleurs, comprenant des australiens. L'honneur est sauf.
De toute façon, mon propos ne visait pas à souligner la justesse du commentaire de M. Jefford, mais plutôt sa liberté. Une telle liberté n'existe pas ici au Québec, où il faut s'en tenir à certains dogmes, comme celui de la supériorité absolue des plus grands vins français.
Aussi, je comprends que les vins français se sentent désavantagés par ce genre d'affirmation. Mais c'est la rançon de la gloire. Le jour où l'on arrêtera de les proclamer comme les meilleurs, les comparaisons de ce genre seront bien plus rares.
Pour ce qui est du côté mercantile, plus que passionné de Decanter. Je ne pense pas que ce soit le cas. D'ailleurs, je ne l'ai pas souligné dans mon court texte, mais M. Jefford, s'il envoie des fleurs aux vins australiens de Chardonnay, envoie aussi le pot à une icône de la viticulture australienne, en déclarant que le Shiraz est un cépage inapproprié pour la région de Barossa. Ce n'est pas rien! Je ne pense pas que les Aussies vont apprécier ce commentaire.
Pour ce qui est du chauvinisme français. Je n'excuse rien, mais c'est de bonne guerre. Je ne blâmerai jamais un français de défendre et promouvoir les vins de son pays. J'en prends et j'en laisse.
Claude Vaillancourt
Effectivement, les anglais ont une belle culture du vin, enfin ceux qui veulent être ouverts à différents types d'expériences vinicoles. J'apprécie beaucoup Jefford depuis des années, un esprit fin à mon sens.
RépondreSupprimerLe propos de Jefford est d'autant plus acceptable - quoique un peu provocateur, comme l'indique le changement après publication - qu'il vient de passer un an en Australie et déguster selon ses propres mots plusieurs milliers de vins de ce pays. Cela donne une certaine vision que peu de gens peuvent attaquer puisque Jefford connaît également très bien les vins français.
Mon seul petit doute, un peu chiche il est vrai : qui a payé pour son séjour en Australie? Dans quelle mesure a-t-il été "sponsorisé" par les divers organismes de vin là-bas? Historiquement, c'est toujours un sujet un peu tabou en Angleterre ce genre de chose...
Olivier,
RépondreSupprimerUne chose est sûre, il n'a pas été commandité par les producteurs de Shiraz de Barossa et Mclaren Vale!
Claude
Merci de vos éclairages.
RépondreSupprimerLa fierté d'un bon produit de terroir, d'accord, le chauvinisme idiot, non merci.
Et pour avoir dégusté aux Sélections Mondiales, et écouté Jacques Orhon parler de l'Argentine et du Chili, notamment j'ai l'impression que le Québec est de moins en moins francocentré.
A propos de l'article de Jefford: il m'a confirmé que le "chapeau" de Decanter avait déformé sa pensée, qu'il n'avait jamais voulu faire une comparaison aussi générale.
Jacques Orhon est effectivement une voix plus ouverte à la diversité dans le paysage québécois, mais ici, la force d'inertie du système est telle qu'il faudrait beaucoup plus que cela pour provoquer un changement réel des mentalités. L'offre de vin est contrôlée par un monopole d'état au Québec. Ça change beaucoup de choses.
RépondreSupprimerM.Lalau
RépondreSupprimerAvec du retard je suis allez lire votre blogue. Ce faisant, j'ai compris que je ne vous apprenais rien en ce qui concerne la correction de Decanter, et j'en ai même compris l'origine... Je me suis aussi aperçu que le dogme de la supériorité absolue des grands vins français n'existe pas qu'au Québec...
Cher Monsieur Vaillancourt…permettez que je remette en question votre affirmation sur la force d’inertie du système québécois de la vente des vins au Québec.Je suis un passionné de vins et je trouve au contraire que les consommateurs québécois sont plutôt ouverts à la découverte et que la filière gourmande du Québec est animée aussi par des chroniqueurs qui nourissent cette découverte.67 % des vins vendus au Québec proviennent de d’autres pays producteurs que la France.Ce n’est pas rien, vous en conviendrez.34.3% des vins vendus au Québec proviennent de pays producteurs dits du Nouveau Monde.
RépondreSupprimerÀ ce titre , vous faites œuvre utile en participant à faire connaître certains vins du Chili avec la communication de vos propres découvertes et de votre parcours.Vous m’avez inspiré quelques belles trouvailles et j’avoue ne pas ressentir le besoin de comparer ces vins pour me justifier de les boire.Quand j’aime cela me suffit.Le plaisir et parfois l’émotion sont mes seuls critères et ils sont subjectifs.
J’imagine que ce sont vos expériences personnelles qui vous inspirent les deux remarques suivantes :
« De tels propos tenus par une personnalité québécoise reconnue dans le monde du vin seraient considérés comme rien de moins que blasphématoires. Celui qui oserait écrire cela verrait sa crédibilité compromise et son bon jugement mis en cause. » (texte du commentaire principal)
« Une telle liberté n'existe pas ici au Québec, où il faut s'en tenir à certains dogmes, comme celui de la supériorité absolue des plus grands vins français. »(en réponse à Monsieur Lalau)
Cela expliquerait sans doute votre propos et son biais car contrairement à vous , je crois que cet espace de liberté est immense.Au Québec, j’ai souvent lu des chroniqueurs et certains blogueurs (dont vous) affirmez que tel vin du Nouveau Monde vaut bien son équivalent français et s’y compare avantageusement.Ces affirmations suscitent des débats et son lot de contradicteurs.C’est bien ainsi ,n’est-ce pas là le propre de la liberté d’expression et le fondement de l’avancement.Etant donné que ce n’est pas un objectif dans la vie d’avoir raison, il faut accepter la confrontation des points de vue et des arguments.Ce n’est pas toujours confortable ni toujours agréable, j’en conviens mais c’est utile.Cette liberté existe bel et bien au Québec et à cet égard, vous n’avez rien à envier à Monsieur Andrew Jefford
M. Goprom,
RépondreSupprimerSelon mes lectures, en janvier 2010 la part de marché des vins français au Québec était de 38%. De toute façon, en ce qui me concerne, ce n'est pas le pourcentage des ventes qui m'intéresse vraiment, mais la largeur et la qualité de l'offre. Un petit calcul rapide à partir de SAQ.COM donne 4400 produits français offerts, contre environ 1700 pour le Nouveau-Monde. Donc, le Nouveau-Monde en entier ne compte même pas la moitié des produits français offerts actuellement. Si on faisait cette statistique pour les vins de spécialité, la différence serait sûrement encore plus grande. Aussi, ces chiffres ne sont qu'un instantané de la situation. Si on prenait le nombre de vins différents qui passent sur les tablettes de la SAQ par année, ou par le Courrier Vinicole. La différence favorisant la France serait encore bien plus grande, et je ne parle même pas du marché de l'importation privée. Pour ajouter au manque de variété du côté du Nouveau-Monde, l’offre, en proportion, est concentrée sur un bien plus petit nombre de producteurs. Par exemple, pour le Chili, sur 174 produits offerts, environ la moitié de ceux-ci proviennent de seulement cinq groupes vinicoles, et les trois quarts de dix producteurs différents. Pour la diversité, on repassera. Ce n’est pas comme ça qu’on peut vraiment connaître la réalité de ce pays.
Pour le reste, je pense que c'est une question de perception. Il y a de nombreux chroniqueurs connus au Québec qui affirment, et même revendiquent avec fierté une préférence française ou européenne. Je n'en connais aucun qui dit favoriser les vins du Nouveau-Monde. Au mieux, certains semblent neutres.
Pour ce qui est de ma liberté, je vous rappellerai que j'écris sur un petit blogue personnel, alors que Jefford écrit dans des revues comme Decanter et The World of Fine Wine. Pas de comparaison possible.
Claude Vaillancourt
J'ai pris ma statistique des parts de marché dans le rapport annuel 2010 de la SAQ
RépondreSupprimerCe chiffre de 31% n'inclut que les vins tranquilles. Il faut croire qu'il se vend beaucoup de vins mousseux français ou bien que les ventes sont en chute libre. Je joins le lien de l'article du journal "Les Affaires" où j'avais pris le chiffre de 38%.
RépondreSupprimerhttp://www.lesaffaires.com/archives/les-affaires/les-trois-axes-de-developpement-de-la-saq/507625
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