Ceux qui suivent de près ce qui s'écrit sur ce blogue ont sûrement lu l'échange que j'ai eu avec un intervenant, dans la rubrique « L'exemple britannique », sur la place trop limitée qu'occupe les vins chiliens à la SAQ, surtout en ce qui a trait aux vins de spécialité. Parfois je me sens un peu seul avec cette vision des choses. C'est donc avec le soulagement de celui qui rencontre une opinion convergente que j'ai lu la chronique d'Anthony Gismondi du Vancouver Sun à propos de la place beaucoup trop limitée des vins de qualité chiliens en Colombie-Britannique. Le chroniqueur s'interroge à savoir pourquoi les vins intéressants des nouvelles régions de ce pays sont si peu représentés sur les tablettes du monopole provincial, et il ne trouve pas de réponse. Pourtant il se vend plus de bouteilles de vins chiliens en Colombie-Britannique, que de bouteilles de vins français, et en terme de valeur, les deux pays sont à égalité. Pourtant, le monopole de la province offre 1130 vins d'origine française, contre un très maigre 158 vins pour le Chili. Dans ces conditions, la performance de vente chilienne est incroyable. Malheureusement, le revers de cette médaille, c'est que ça confine presque totalement le pays dans le créneau et dans l'image de producteur de vin à bas prix. Je joins le lien vers l'article. À lire.
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Bien le bonjour, Monsieur Vaillancourt...
RépondreSupprimerC’est toujours avec beaucoup de plaisir que je vous lis et cet article d’Anthony Gismondi sur la sous représentation des vins chiliens en Colombie britannique est un autre contribution intéressante.Il ne trouve pas de réponse à son interrogation sur la faible place faite aux vins Chiliens de qualité sur les tablettes de la BC Liquors Stores.Que vous y trouviez du réconfort est normal compte tenu des efforts que vous consacrez justement à faire connaître ces vins de qualité au Québec et au plaisir que vous prenez à les boire.Dans votre texte votre dernière réflexion contient un début de réponse.
« Dans ces conditions, la performance de vente chilienne est incroyable. Malheureusement, le revers de cette médaille, c'est que ça confine presque totalement le pays dans le créneau et dans l'image de producteur de vin à bas prix. »
Par déformation professionnelle, je suis tenté de suivre cette piste afin d’y trouver possiblement un partie de la réponse que vous cherchez.
L’identité globale
L’image de marque, le branding disent les uns , l’identité globale disent les autres est au cœur de la démarche marketing.On ne mesure pas toujours à quel point la perception est le fondement des processus d’achat à la fois des grands détaillants et de leurs clients , les consommateurs.Une perception négative est un frein et il faut consentir d’énormes efforts pour changer une perception qui est née à une autre époque.Pensez à Hyundai et aux efforts que le manufacturier a dû consacrer à créer un produit jugé de très bonne qualité après avoir été perçu comme un manufacturier dont les véhicules étaient peu chers mais aussi peu fiables.Pas tout à fait une Lada mais presque.Ces perceptions ne se changent pas facilement parce que les consommateurs ne sont pas faciles à atteindre.Ils sont bombardés de messages de toutes sortes tous les jours et au final n’en retiennent que très peu.L’identité globale des vins chiliens affecte donc celle des vins de qualité issus de la nouvelle production vinicole chilienne.Il faudra des efforts encore plus considérables pour atteindre et convaincre les consommateurs.Matthieu Turbide relate dans une chronique publiée sur Méchant Raisin*, un repas qu’il qualifie de « succuleusement indécent » une expérience révélatrice de cette perception négative malgré le fait que « , aux yeux de la majorité, c’était le meilleur vin des trois pour accompagner le chevreuil »
« Je me suis alors demandé si, au départ, mon vin chilien de modeste origine n’avait pas été victime de discrimination. Si on ne l’avait pas trouvé coupable avant procès. Car, me semble-t-il, la principale qualité d’un vin, c’est justement de réussir à magnifier un plat, de rendre l’expérience gastronomique encore meilleure. »
Malheureusement dans notre société de surcommunication,la perception devient la vérité.On peut le déplorer, le dénoncer mais il faut surtout en comprendre les mécanismes et agir en conséquence.
Cela dit, la nouvelle production chilienne exprime une sensibilité notable pour bien positionner ses produits de qualité et se pose les bonnes questions si je me fie au sommaire que j’ai lu du plan marketing du vin Montgras** et aussi à la qualité des étiquettes qui marquent bien les différents produits de meilleure qualité.(à suivre)
*http://mechantraisin.canoe.com/dans-mon-verre/du-grand-vin-chilien-est-ce-possible/
**http://en.oboulo.com/marketing-plan-du-vin-chilien-montgras-64387.html
Bien le bonjour, Monsieur Vaillancourt.
RépondreSupprimerVoici la suite de ce trop long commentaire
La conquête d’une place sur les tablettes au Québec
Si le vins chilien est sous représenté sur les tablettes de la SAQ, se pourrait -il que cela tienne au fait qu’il est mal représenté et que le marché du Québec comme celui du Canada n’est pas suffisamment travaillé par les producteurs de vins Chiliens ?Bien sur j’ai constaté quelques efforts comme ce concours des vins Chiliens , jugé par des chroniqueurs canadiens, la dégustation annuelle des vins chiliens et sans doute d’autres initiatives qui m’échappent.En vérité , les places sur les tablettes sont rares et c’est un véritable parcours du combattant que les producteurs doivent suivre pour y accéder et s’y maintenir.Pas seulement dans le monde du vin mais dans tout le secteur de la vente au détail.La conquête d’un marché est un travail de longue haleine quand on ne veut pas se contenter d’être la saveur du mois.
Je lisais récemment une statistique*** qui indiquait qu’en 2008 on comptait 96,500 producteurs commercialisants en France.Le tableau n’indique pas combien de produits différents cela représente.Pour les fins de la discussion , supposons un facteur de 2 produits différents par producteur, ce qui est très conservateur, nous voilà du coup avec près de 200,000 produits.À l’échelle mondiale, je n’ai pas trouvé de statistiques qui donnent le nombre de producteurs commercialisants, mais je n’ai pas de mal à concevoir que le nombres de produits différents est considérable.Bien sur tous ces produits ne sont pas destinés au marché de l’exportation, plusieurs sont vendus sur les marchés locaux.Mais qu’importe, cela fait quand même beaucoup de monde à la recherche d’un espace sur les tablettes.
Au Québec, la SAQ est un détaillant avec une culture d’entreprise de détail, sa situation de monopole ne change rien à cette réalité et nous sommes très bien servis par son réseau.Elle n’est pas différente des autres détaillants quand vient le temps de gérer son espace tablette.Cependant, contrairement à d’autres détaillants, elle a introduit la notion d’importations privées, qui ouvre une porte aux producteurs bien représentés.C’est une clé offerte à tous les producteurs.Au Québec,les agences de représentations de vins ne sont pas toutes nées égales , à l’évidence, mais les plus dynamiques, les plus curieuses, les plus passionnées trouvent le moyen de promouvoir des vins auprès de consommateurs qui ne demandent pas mieux que de découvrir et possiblement adoptés des nouveaux vins.Alors ces vins se rapprochent des tablettes parce qu’ils ont fait des adeptes.Pas toujours mais souvent.Qu’importe le chemin ce qui compte c’est l’accès.
Je vous demandais récemment de nous communiquer une liste d’agences représentant les vins chiliens.Je cherchais cette information essentiellement pour m’approvisionner en vins chiliens et découvrir des vins qui ne sont pas encore sur les tablettes de la SAQ…Le temps vous manquent pour le faire , je le comprends.
Je suis persuadé qu’Hervé Bizeul a bien d’autres choses à faire que de venir à notre rencontre au Québec ou de tenir un blogue qui crée un lien avec les amateurs de vins .Lui et Jean Michel Comme le régisseur de Pontet Canet savent peut-être plus que d’autres que le vin ce n’est pas quelque chose, c’est surtout quelqu’un .Dans le cas de Monsieur Bizeul, il sait aussi que le plus difficile pour le vigneron ce n’est pas tant de produire son vin mais de le faire sortir de l’anonymat.
Bonne journée
Michel Goprom
***http://www.onivins.fr/EspacePro/Economie/StatistiquesRubrique.asp?Section=1
M. Goprom,
RépondreSupprimerLe temps me manque en effet dernièrement pour écrire ici. Je reviendrai dès que possible avec quelques commentaires suite à votre analyse. Je vous reviendrai aussi au sujet de l'importation privée. Promis.
M. Goprom,
RépondreSupprimerJ’écrivais que M. Gismondi n’avait pas de réponse à sa question, mais moi j’en ai toujours eu une. Je pense qu’il est très important de noter la situation de monopole au Canada pour comprendre la situation. Le but des monopoles est de vendre plus de vin avec de meilleures marges de profit. L’origine des vins importe peu pour cela. Le but n’est donc pas d’offrir les meilleurs RQP en matière de vin, non plus que d’offrir les meilleurs vins d’un pays donné, mais encore une fois de vendre le plus de vin possible avec le meilleur profit possible. Ce ne sont donc pas les lois d’un marché libre qui opèrent, mais celles particulières d’un monopole et des individus qui le gouvernent. Dans un monopole, il n’y a pas de concurrence, et ce faisant, il y a beaucoup de place pour l’arbitraire et la facilité. Il n’y a pas de détaillant de vin au Québec qui pourrait vendre une gamme de vins différents et méticuleusement choisis en disant venez acheter chez-nous, vous en aurez plus pour votre argent et vous ferez des découvertes étonnantes. La libre concurrence, qui est un important moteur pour accélérer le changement et obtenir de l’efficacité, n’a pas cours au Québec et au Canada dans le domaine du vin. Pour avoir parlé à de nombreux agents lors des dégustations de “Vins du Chili”. Ceux-ci disent qu’ils soumettent des vins à la SAQ, mais ils disent ça en levant les yeux et on sent qu’ils ont peu d’espoir de succès. Tout le monde sait dans le milieu que l’acceptation des vins par la SAQ est une question de bonne relations et d’argent. Le but de la SAQ n’est pas d’avoir la meilleure offre possible pour un pays donné. Elle veut avoir la meilleure offre globale du point de vue commercial. Bien sûr, pour les pays traditionnels, il y a des pressions externes qui peuvent être efficaces pour que certains vins soient offerts. Mais pour un pays secondaire comme le Chili, cela ne joue pas, et le but n’est pas de refléter au mieux l’offre globale de ce pays, en ayant les meilleurs vins dans toutes les catégories de prix.
Un organisme promotionnel comme “Vins du Chili” investi d’importants efforts dans des marchés libres comme le Royaume-Uni, car les producteurs chiliens peuvent y faire valoir tous leurs atouts commerciaux. Mais au Canada, avec le système de monopole qui prévaut, la partie est plus ou moins jouée d’avance. Quand on entre dans une succursale de la SAQ, les conseillers n’ont aucun intérêt à recommander des vins chiliens. Le conseiller moyen à la SAQ ne pense pas que le Chili soit un choix prioritaire, surtout pas pour les vins de spécialité. Il faut dire que l’offre de vins chiliens à la SAQ est très déficiente et que cela n’aide pas les conseillers à y voir un choix prioritaire. De toute façon, la plupart des conseillers jouent de prudence, et y vont de recommandations plus classiques. Il est plus facile d’y aller avec un choix traditionnel, que de recommander quelque chose de nouveau. C’est moins risqué. Ceci sans compter le déficit d’image du Chili. Il est donc impossible au Canada, pour un pays comme le Chili, ou pour un autre pays non traditionnel, d’avoir une force de vente dédiée et convaincue sur le plancher des magasins. Hyundai peut avoir ses propres vendeurs, des vendeurs convaincus, pour vendre ses voitures au Canada. Pour le vin, toutes les marques se retrouvent chez un concessionnaires unique. Si le client semble plus enclin à acheter une Honda, même s’il doit payer plus cher, pourquoi le vendeur tenterait-il de le convaincre des vertus de Hyundai? Surtout que le profit sur une Honda sera plus probablement plus important car elle est vendue plus cher. Ce qui compte encore une fois dans des conditions monopolistique, c’est que la performance d’ensemble se reflète sur la ligne du bas.
Je crois que sur la question du monopole, nous divergeons beaucoup.Je n'adhère pas à votre anlayse sur cette question...et je maintiens que les producteurs chiliens doivent mieux travailler le marché du Québec en utilisant la filière gourmande (chroniqueurs vins, restaurateurs, dégustations etc)D'ailleurs je remarque que plusieurs chroniqueurs commencent à traiter de vins chiliens (Jacques Benoit, Matthieu Turbide , le chroniqueur de la Gazette dont j'oublie le nom, Véronique Rivest,Michel Phaneuf pour ne nommer que ceux là.§eul Langlois fait la fine bouche...Vous n'êtes pas étranger à cette sensibilisation, j'en suis convaincu et nous vous devons beaucoup pour les belles découvertes.
RépondreSupprimerCela dit les promoteurs et agences que vous rencontrez devraient se retrousser les manches plutôt que de lever les yeux au ciel...puis saisir l'occasion de développer leur place auprès des producteurs chiliens.
Vous n'avez surement pas manqué , l'article de Marissal sur les agences privées et la possibilité pour les amateurs curieux de se procurer des vins qui n'ont pas encore d'espace tablette à la SAQ . Parmil es membres de l'association Raspipav dont il est question dans l'article de Marissal, il y a peu d'agences avec une offre de vins chiliens..Un marché ça se travaille , je le répète.
Bonne journée
Michel Goprom
http://www.cyberpresse.ca/vivre/vins/201011/04/01-4339393-la-filiere-vip-vin-en-importation-privee.php