dimanche 17 octobre 2010

CABERNET SAUVIGNON, MAX RESERVA, 2003, ACONCAGUA, ERRAZURIZ


Après l'expérience particulière vécue avec le Cabernet Sauvignon, 2008, de Arboleda. J'ai eu envie d'ouvrir un Cab de la même région avec un peu d'âge pour voir de quoi il en retournait. Il faut préciser que Errazuriz et Arboleda partagent un savoir-faire commun, appartenant toutes deux à Eduardo Chadwick. Ce Max Reserva, 2003, provient d'une année très chaude, et il contient 3% de Petit Verdot et 2% de Cabernet Franc. Il a été élevé pendant 15 mois en barriques de chêne français (66%) et américain (34%), dont 24% étaient neuves. Ce vin marquait l'arrivée d'un nouveau « winemaker » chez Errazuriz, en Francisco Baettig, et cela c'était traduit par un changement vers plus de maturité dans le style. Mon souvenir de ce vin en prime jeunesse est celui d'un vin velouté et assez volumineux, qui séduisait avec ses arômes de pâtisserie et de cerises au chocolat. J'ai bien hâte de voir où il en est cinq ans plus tard.

La robe montre toujours une teinte bien soutenue, bien qu'elle soit légèrement translucide. Le nez est très discret à l'ouverture, mais se dégourdi un peu avec le temps, en laissant échapper des arômes évolués de cerise, d'épices exotiques et de bois de cèdre, complétés par des notes de feuilles mortes et quelques subtiles traces de sa jeunesse chocolatée. En bouche, le vin se montre passablement plus expressif, avec une belle attaque bien ferme qui permet de découvrir un vin compact et frais. Le fruité est encore bien présent, mais n'a plus sa douceur de jeunesse, aidé en cela par une bonne dose d'amertume qui contribue à lui donné un air plus sérieux. Des notes épicées et d'évolution s'entremêlent au fruité pour ajouter à l'ensemble ce cachet qu'on ne peut retrouver dans les vins très jeunes. Les tanins sont fins et tissés serrés, ce qui contribue au profil compact du vin. La finale est harmonieuse et fondue, avec une bonne persistance. Un dépôt assez important se retrouve sur les parois de la bouteille.

Certains dégustateurs n'ont pas la métamorphose facile, pour le meilleur ou pour le pire... Toutefois, de ne pas trop changer comme dégustateur me semble un avantage pour constater la métamorphose du vin avec le temps. Dans le cas de ce Cabernet Sauvignon, je pense vraiment que le mot métamorphose n'est pas trop fort. En fait, c'est comme si le temps avait dépouillé le vin des amples et voyants habits dont on l'avait affublé au départ, pour le ramener plus près de sa nature de base. Personnellement, je n'ai rien contre le spectacle et les costumes. Lorsque la situation s'y prête, ça peut avoir son charme. Ceci dit, s'y j'ai à choisir, je préfèrerai le plupart du temps les vins qui s'en tiennent plus à l'essentiel. C'est d'ailleurs ce pourquoi j'aime garder du vin. Parce qu'il n'y a pas de substitut au temps pour permettre au vin de se révéler d'une façon plus fondamentale. Pourtant, je suis quelqu'un qui en matière de vin a le mot authenticité en horreur. Je trouve que c'est un mot galvaudé. Le vin authentique pour moi ça n'existe pas, parce que ça présuppose une vérité de départ, liée à un point d'arrivée incontournable. Ce qui existe toutefois, c'est le vin qui évolue, et dans ce processus on ne peut pas faire abstraction du parcours entier. Je veux dire par là qu'un vin à un moment précis est ce qu'il est à cause de tout ce qu'il a été durant son parcours. Malgré tout, une chose est sûre pour moi, c'est que cinq ans plus tard, ce vin n'a maintenant que très peu à voir avec ce qu'il était au départ. Comme quoi les vins qu'on peut qualifier de racoleurs en jeunesse, peuvent se transformer en vins beaucoup plus sérieux avec le temps. C'est d'ailleurs une des beautés reliées à la garde du vin. Cela ajoute une dimension supplémentaire à l'expérience d'ensemble. Ce Cabernet, Max Reserva, 2003, est maintenant à un point très intéressant de son évolution, mais il n'a pas encore tout dit. Heureusement, j'ai encore cinq bouteilles de ce nectar pour suivre le reste de cette histoire qui en cours de route, jusqu'à maintenant, m'aura procuré des plaisirs multiformes.


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3 commentaires:

  1. En lien avec le 2000, je ramène ce texte à propos du 2003. C'est intéressant de se relire qu'on on a oublié ce qu'on a écrit...

    Claude

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  2. Après avoir récemment lu le message d'un intervenant sur le forum Fouduvin qui cherchait où il pourrait trouver le Cabernet Sauvignon, Organics, 2004, Aconcagua, de Errazuriz, car ce vin lui avait beaucoup plu lors d'une dégustation récente. J'ai eu envie d'ouvrir une bouteille qui s'en rapproche en terme d'âge et d'origine, soit ce Cab, Max Reserva, 2003. Je n'ai rien à rajouter à mon texte ci-haut, sinon de dire que plus de deux ans plus tard ce vin est toujours aussi délicieux et que le terme métamorphose que j'employais alors est encore plus approprié aujourd'hui. Je ne saurais trop recommander l'achat et la garde de cette cuvée qui pour moi est un classique. Ce vin peut être acheté à la SAQ Dépôt pour un peu plus de 16$ la bouteille. Il n'y a pas de meilleure aubaine à notre monopole pour un vin de moyenne garde de ce calibre, et la beauté, c'est qu'il n'est pas nécessaire d'attendre 20 ou 30 ans pour constater l'évolution de ce vin. Après 5 ans il y a déjà une différence notable, et le vin continuera de bien évoluer pour au moins 10 autres années. J'ai ouvert un 1996 cette année qui était splendide. Plus tertiaire que ce 2003, mais avec encore ce qu'il fallait de fruit pour maintenir l'équilibre. Malgré que ce vin soit au répertoire général de la SAQ depuis 20 ans, il demeure le secret le mieux gardé en terme de potentiel de garde. Je le répète. Ne vous fiez pas au profil de prime jeunesse de ce vin. Avec 10 ans de bouteille, ça donne un vin totalement différent qui n'a rien à envier à des vins prestigieux vendus beaucoup plus chers. Il faut le goûter pour le croire.

    Claude (aka Don Max!!!)

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  3. J'ai une bouteille de 2004 de ce vin (le plus vieux chilien que j'ai en cave !). Je vais en mettre de côté et en garder pour essayer avec les enfants à leur majorité ;)

    Patrick

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