dimanche 13 septembre 2009

Soirée découverte du Chili: Les résultats

Soirée spéciale hier pour moi avec une dégustation thématique sur le Chili. Une soirée où j’étais en charge de choisir les vins, où ça se passait en pure aveugle pour tous, sauf pour moi. Une soirée où je devais partager mon expérience des vins de ce pays, et où tous devaient apprendre, sauf moi. Ça, c’était en théorie, car les choses ne se sont pas passées exactement comme prévu. J’ai, à un moment donné, eu l’air très fou, et tous ont bien rigolé. Je suis désolé pour la confusion que cela a entraîné, mais en même temps, cela m’a permis de confirmer par l’expérience un aspect de la dégustation dans lequel je croyais fermement depuis longtemps, mais que je n’avais jamais expérimenté de cette façon. Maintenant je pourrai en parler d’expérience. Je reviendrai dans un message subséquent sur cet épisode rigolo et éducatif, ainsi qu’avec mes commentaires personnels sur la dégustation. Mais d’abord, je vais rapporter une synthèse des impressions de dégustation du groupe sur les dix vins servis, en donnant le classement par vague. (3 points = premier, 2 points = deuxième, 1 point = troisième)




Vin de bienvenue:


Riesling, Winemaker’s lot, 2007, Bio Bio, Concha y Toro

Ce vin fut perçu comme un Sauvignon Blanc par tous ceux qui se sont exprimés au départ. Je pense que tous s’attendaient à ce que j’apporte un blanc de ce cépage, et surtout, personne n’associait Riesling et Chili. C’était un présage de choses à venir sur le même thème... Car malgré cette perception Sauvignon Blanc, ce vin faisait typiquement Riesling avec des arômes de pétrole typiques. Finalement, après que j’aie laissé savoir que ce n’était pas un Sauvignon, Sylvain a détecté le pétrole et nommé le bon cépage. Tous ont bien apprécié le vin et pensait que son prix devait être entre 20-25$. J’ai acheté ce vin à la LCBO pour 14.95$.


Première vague:


1- Cabernet Sauvignon, Reserva de Famillia, 1997, Maipo, Santa Carolina (23 points)

Ce vin fut bien identifié comme un Cabernet évolué, on pensait que le millésime devait se situé entre 2000 et 2004, sauf pour Patrick qui a parlé d’un vin de 10 - 15 ans, comparable à un Bordeaux de 60$ et plus. On l’a aimé pour son élégance et sa complexité, ainsi que pour son profil évolué. Pour ceux qui suivent mes expérience chiliennes, ce vin était très semblable au Cabernet Sauvignon, Medalla Real, 2000, Maipo, Santa Rita, qui avait fait sensation lors de la dégustation Californie-Chili de The Gazette. Un RQP de très haut vol. Malheureusement ma dernière bouteille. Le millésime 2006 est toujours disponible à la LCBO pour 20$. Un vin qui se transforme du tout au tout sur une période de 10 ans.

2- Merlot, La Capitana, 2003, Cachapoal, Vina La Rosa (20 points)

Pour celui-ci, on nomme différents cépages bordelais, certains ont bien vu en nommant le Merlot, mais on a aussi évoqué le Carmenère et le Cabernet Sauvignon. On pensait être sur un millésime 2003 à 2005. On a parlé d’arôme de cassis, d’un léger caractère végétal, d’exubérance alliée à une certaine élégance. J’ai même entendu “Grand vin qui doit vieillir”. Le vin a aussi été vu comme le plus proche du stéréotype chilien de toute la soirée. Celui qu’on aurait “callé” chilien dans une dégustation à l’aveugle ouverte aux vins de toute origine. Très belle surprise pour ce vin d’environ 16$.

3-Pinot Noir, Cartagena, 2005, San Antonio, Casa Marin (11 points)

Dans cette vague, le Nouveau Chili fut battu par l’ancien, avec ce Pinot Noir qui termine troisième et représente le moins bon RQP de la soirée, selon l’opinion générale, même si plusieurs ont insisté pour dire que c’était quand même un bon vin. Il était juste opposé à des vins qu’on a jugés meilleurs, ou il ne cadrait pas avec les préférences stylistiques de certains participants. Il fut bien identifié comme Pinot par certains dégustateurs, on a même évoqué un profil néo-zélandais. Comme autres commentaires, on a parlé d’un aspect floral, de verdure, trop boisé, graisse de garage. Acheté à la LCBO pour 29.95$


Deuxième vague: (À noter pour les participants de la dégustation. J’étais tellement sous le choc après le dévoilement de la deuxième vague, que j’ai trouvé le moyen d’en rajouter en inversant l’identité de deux vins. Soit le House of Morandé et le Don Melchor. Donc, le vin #4 était le Don Melchor et le vin #6 le House of Morandé. Cela ne change rien au niveau du pointage de la vague, puisque les deux ont récolter 14 points et sont ex-eaquo, mais pour votre compréhension personnelle, c’était important de rectifier. Mille fois pardon pour cet autre égarement de ma part, ou comment une bourde peut en entraîner une autre)


1-Assemblage, Gran Reserva, 2005, Maipo Costa, Vina Chocalan (26 points)

Assemblage dans toute la force du terme avec une composition de 35% Cabernet Sauvignon, 18% Carmenère, 18% Syrah, 15% Malbec, 9% Petit Verdot et 5% Merlot. Ce vin a fait la quasi unanimité comme étant le meilleur de cette vague et de la soirée. Un nez tout simplement envoûtant. Superbe. La bouche suit dans la même veine. Comme c’est un assemblage très complexe, personne n’avait d’idée affirmée sur le ou les cépages le composant. Les qualificatifs évoqués étaient: floral, viandé, RENVERSANT, mentholé, équilibré, cacaoté, superbe, fin, élégant, graphite, californien. Au niveau de l’âge, la majorité le voyait dans l’intervalle 2000-2003, sauf un qui a nommé le bon millésime, 2005. Vraiment un grand vin qui s’est vendu de façon quasi confidentielle à la Signature l’hiver dernier, pour seulement 27$ la bouteille. À ce prix, c’était un achat simplement fantastique. Par chance, il m’en reste encore neuf bouteilles.

2- Cabernet Sauvignon, Don Melchor, 2003, Puente Alto, Alto Maipo, Concha y Toro

Aucune note de première place (quatre deuxièmes et quatre dernières) pour ce vin qui, en théorie, aurait dû être le roi de la dégustation. Il n’a pas été clairement identifié comme Cabernet, sauf par un participant. Sinon, on a parlé de Syrah, Merlot, Carmenère, ou des assemblages de ces cépages. Du côté des arômes, on a évoqué le fruit noir, l’encre noire, le pneu brûlé, la viande, la fourrure mouillée. Au niveau de l’âge, on a évoqué 2002 à 2005 comme millésime possible. Merci à Patrick pour la contribution de ce vin. Décevant un peu quand même, compte tenu de sa réputation, des gros scores et du prix. C’était un bon vin pour mettre la qualité et surtout le RQP de certains autres en perspective.

2- Assemblage, House of Morandé, 2001, Medio Maipo, Vina Morandé (14 points)

Ce vin est un assemblage de 68% Cabernet Sauvignon, 19% Cabernet Franc, 6% de Carignan de la vallée de Maule, 4% Merlot de la vallée de Casablanca et 3% Carmenère. Au niveau de l’identification des cépages, on a surtout évoqué le Cabernet Sauvignon. Au niveau des qualificatifs pour le décrire, on notait: Beau nez, beau cassis, boisé, minéral, viandé, champignons, moins expressif, tertiaire. Certains l’ont bien placé comme plus âgé, alors que d’autres y voyaient un 2004 ou un 2006. Il a obtenu un vote de première place pour briser l’hégémonie du Chocalan. Acheté il y a quelques semaines pour 39$ à la LCBO, le prix est correct compte tenu de son âge. Touche de brett pour moi.

Il est intéressant de noter que dans cette vague, il y avait trois vins de Maipo, mais provenant des trois parties distinctes de cette région, aux terroirs différents que sont, Alto Maipo, Medio Maipo et Maipo Costa.


Troisième vague:


1- Syrah, Reserva, 2007, Limari, Vina Tabali (22 points)

Premier rang pour ce très beau vin de Syrah, identifié comme tel par certains, Sylvain a même nommé le producteur. Bravo! Voici ce que j’ai noté comme commentaires: fruits noirs, fruits rouges, mûre, cassis, tabac, vanille, champignons, végétal, pyrazine, souple, équilibré, assez exubérant, belle évolution, sleeper, le meilleur est à venir. Pour ce qui est du millésime du vin, on le voyait plus vieux que son âge, avec un intervalle de 2002 à 2006. Très bel achat à 18$ et très bon potentiel de garde

2- Syrah, Reserva, 2007, Elqui, Chono (18 points)

Première Syrah pour moi de la très septentrionale vallée de Elqui et que j'ai dû acheter en importation privée. Donc, obligation d'acheter une caisse à 18$ la bouteille, sans avoir pu goûter au préalable. Faut vraiment vouloir découvrir ce pays. Toutefois, je n’ai vraiment pas de regret à propos de cet achat. Ce qui ressortait à la quasi unanimité comme caractéristique première de ce vin était son aspect poivré intense et très clair. Comme autres commentaires, j’ai noté: épicé, vanille, réglisse verte, cassis, suie, lichen, guimauve brûlée, poivron pourri, caoutchouc, très expressif. Un dégustateur y voyait une expression Rhône nord bien claire. Je suis entièrement d’accord. Toutefois, Ce vin a donné des résultats très partagés entre les dégustateurs, sur neuf votes, ce fut, 3 x 1, 3 x 2, 3 x3.

3-Syrah, Reserva, 1999, Aconcagua, Errazuriz (14 points)

J’ai apporté ce vin pour compléter une vague Syrah et montrer son potentiel de garde. Malheureusement, ce 1999 n’était pas à la hauteur de 1997 bu il y a un an environ. Je pense que la cause première est une acidité trop faible du vin (pH de 3.90!!!). Cela a sûrement contribué au caractère bretté que j’ai perçu dans ce vin et aussi à ce qui m’a semblé une perte un peu prématurée de fruit. Quand même, je dis ça, mais le vin a tout de même obtenu un vote de première place. Plusieurs l’ont bien identifié comme Syrah et le voyait quand même un peu plus jeune que son âge réel (2003-2005). Au niveau des qualificatifs, on mentionnait: cassis, confituré, fruits rouges, maïs, concentré, pas tellement sur la finesse, unidimensionnel, évolué, assez jeune, pétrole. Probablement le vin où ça tirait le plus dans toutes les directions.

Vin de dessert

Château Ladesvignes, 2003, Monbazillac

Pour conlure, nos hôtes ont gracieusement offert ce beau vin liquoreux français. Un très beau RQP que ce vin, qui offre ce qu'on attends de ce type de vins. Bel équilibre, pas trop sucré, avec de beaux arômes de pêches confites et d'amandes. J'ai bien aimé. Merci.


Voilà, comme on peut le voir, les impressions peuvent être assez variées entre neuf dégustateurs. Les participants m’ont dit avoir bien apprécié, j’en suis bien content. Merci à Pascale pour avoir apporter un sac de feulles de plants de tomate. Je pense que tous ont pu constater que cette histoire très québécoise d'arômes de plants de tomates dans les rouges chiliens était une légende. Je ne dis pas qu'il n'y a pas parfois des arômes verts de type pyrazines, le Merlot La Capitana en avait une touche, mais ce n'était clairement pas du plant de tomate. C'est même pas proche. Merci à tous pour votre présence et votre implication, c'était très vivant comme dégustation. Finalement, merci spécial à Sylvain et Bianca pour l’accueil toujours impeccable. Pour ma part, je reviendrai plus tard avec mes commentaires personnels sur les vins et sur la soirée en général et sur ce que j'en tire. Une soirée qui fut un peu cahotique pour moi par moments.

5 commentaires:

  1. Je suis en train de déguster le fond de la bouteiile de Don Melchor, 2003. Très bien. C'est la troisième fois que je bois un Melchor. J'avais bu le même 2003 il y a deux ans, et un 2002, il y a quelques années aussi. J'avais déjà écrit que le Cabernet, Marques de Casa Concha, n'était pas si loin derrière le Melchor et que l'écart de prix entre les deux était ridicule. Pour avoir dégusté le Cabernet, Marques de Casa,2007, il y a juste quelques jours. Je ne peut que réitérer ma recommandation d'achat sur ce vin. Achetez une caisse de Marques pour le prix de trois Melchor, mettez ça de côté pour 10 ans. Vous serez mort de rire en ouvrant vos bouteilles!!!

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  2. Eh bien quelle soirée! Depuis ma 1ère rencontre avec toi Claude, je me suis mis à être plus curieux et m'intéresser de plus en plus au Chili. Il y a cependant un hic. J'aurais aimé t'avoir rencontré plus tôt! Et ainsi avoir déjà plusieurs fioles avec quelques années "derrière leur cravate"!
    Mes commentaires sur mes coups de coeur:
    Le riesling. Comme tu l'as si bien dit, on ne s'y attendait pas et le côté herbacé en bouche m'a fait pensé à un sauvignon. j'avais d'emblée senti le pétrole mais n'avait pas osé "callé la shot" ayant jamais vraiment entendu parler de riesling au Chili.
    Ensuite le Santa Carolina m'a jeté par terre. Un vin de ce prix et avec un aussi beau nez, et une bouche exquise est tout simplement du vol. Une belle leçon pour des Bordeaux à plusieurs, plusieurs fois le prix. Vraiment dans mes goûts.

    Le Chocolan est LA révélation quant à moi. J'en veux à tout prix! Faudra que je trouve quelques contacts...

    Et celui que j'ai bien aimé, mais encore tout jeune est la syrah de Tabali. Ce vin a un sacré bel avenir. bien content d'en avoir quelques fioles au frais.

    Merci encore pour ta grande générosité Claude!

    Petit correctif, le Monbazillac est du millésime 2003. Toutes mes excuses, je vous ai induit en erreur...

    Sylvain, AKA Si le vin

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  3. Bien intéressant le résultat de cette dégustation. Merci pour les CR et le bon travail !

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  4. Félicitation pour l'organisation, à lire les CR, je me laisserais tenter par la syrah de Tabali

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  5. Belle dégustation et super CR CLaude!!! Eh bien oui, Le Chocalan a encore une fois été à la hauteur!!! Ca ne métonne vraiment pas, après la superbe performance du Chocalan 2004 que j'ai apporté chez Blacksmith qui lui aussi avait été le préféré. Du vrai bon jus!

    Normand (Maxima)

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