Vina Maquis est un producteur chilien
intrigant situé au cœur de la chaude vallée de Colchagua, mais qui
se distingue de ses voisins en produisant des vins aux taux d'alcool
modérés, issus de vendanges hâtives.
Tout est relatif, bien sûr, mais chez Maquis on cueille le raisin
environ un mois plus tôt qu'ailleurs aux alentours. L'explication de
cette façon de faire semble découler du fait que le producteur est
conseillé depuis 2004 par un consultant réputé, soit le français
Xavier Choné, qui a comme clients des noms très réputés (DRC,
Cheval Blanc, Yquem, Opus One, etc.), et qui prône cette approche. Vina Maquis est son seul client
sud-américain. Pour ce qui est du vin dont il est question ici, il
contient 10% de Petit Verdot et est issu d'un vignoble situé entre
deux cours d'eau, soit la rivière Tinguiririca et le ruisseau
Chimbarongo. L'élaboration du vin inclut la vendange manuelle, une
macération pré-fermentaire à froid, des fermentations alcoolique
et malo-lactique consécutives en inox. Ensuite 50% du vin est élevé
pendant 10 mois en inox et l'autre moitié en barriques de chêne de deuxième et troisième usage. Le vin titre à 13.5%
d'alcool, pour un pH surprenamment élevé de 3.83 et est très sec avec 2.6 g/L de
sucres résiduels.
La robe est foncée et opaque. Le nez
est discret avec des arômes de fruits noirs et de graphite,
complétés par une touche doucement épicée et une pointe
torréfiée. Plutôt simple comme nez à ce stade et vraiment peu
démonstratif. En bouche, l'attaque est ferme, la matière dense et
le fruité sévère, aidé en cela par une bonne dose d'amertume. Le
milieu de bouche confirme un bon niveau de concentration et la
structure compacte de l'ensemble. Les tanins sont solides et
légèrement texturés. La finale confirme l'austérité de ce
nectar, sur une bonne longueur et des tanins qui se resserrent.
Ce vin n'est clairement pas, à ce
stade précoce, un vin de pur plaisir. Certains le qualifieraient de
fermé. Je l'ignore car je ne sais pas ce que le vin aura l'air dans
quelques années. Toutefois, pour moi, il est clair que c'est un vin
qui détonne de la norme actuelle au Chili. La vendange hâtive
semble marquer le style, il n'y a pas de verdeur, contrairement à ce
qu'on aurait pu craindre, mais le vin n'a pas beaucoup de gras et de
volume, le fruit est en retrait et la texture tannique manque de
douceur. Somme toute un vin austère qui semble en ligne avec
l'influence bordelaise de ce domaine. Ceci dit, ce vin montre toute
l'influence des décisions humaines en relation avec le résultat
final en bouteille. Quoi que dans ce cas-ci, c'est justement
l'évolution en bouteille qui pourrait avoir le dernier mot, mais
même si cela devait arriver et que le vin devait évoluer
favorablement, on serait clairement sur un cas de bonification en
bouteille, selon la tradition européenne. Je pense que c'est la
grande différence entre les vins issus de raisins moins matures et
ceux issus de raisins plus matures, sans être trop matures. Dans le
deuxième cas les vins peuvent être agréables dès la jeunesse, et
bien évoluer ensuite, alors que dans le premier cas il semble que la
garde soit nécessaire pour assagir le tout, mais cela reste à
confirmer. Il y a un mouvement au Chili actuellement pour vendanger
plus tôt et moins boiser les vins. Le but étant, en principe,
d'obtenir des vins plus frais et faciles à boire en jeunesse. Ici on a un vin
qui vise clairement cet objectif, toutefois, le résultat n'est
actuellement pas vraiment convaincant. Le vin n'est pas mauvais, mais
manque de charme et d'expressivité. Comme les qualités manquantes
sont celles qui m'attirent vers les rouges chiliens en jeunesse, un
vin comme celui-ci n'a donc pas beaucoup d'intérêt pour moi, si ce n'est peut-être comme pari et curiosité pour la garde. À noter que Vina Maquis produit une cuvée de Cabernet Franc haut de gamme, appelée Franco, qui est désignée par plusieurs comme le meilleur vin de Cabernet Franc du Chili. Un producteur de bonne réputation à qui je donnerai une deuxième chance si l'occasion se présente, mais je n'ai pas été convaincu sur cette bouteille.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire