J'ai quelques fois dénoncé le francocentrisme québécois en
matière de vin sur ce blogue. Je suis tombé aujourd'hui sur un article
de Marc-André Gagnon du site Vin Québec qui en est un bon exemple.
J'aime bien le site Vin Québec, mais cette fois l'article de M. Gagnon
me semble un peu particulier. Il part des résultats d'un concours,
incluant un nombre limité de vins à moins de 50$, pour tirer des
conclusions sur un supposé goût canadien par rapport à un goût québécois
qui serait distinct. M. Gagnon s'insurge contre le peu de vins
"gagnants" étant originaires de la France et de l'Europe face au grand
nombre de "lauréats" issus du Nouveau-Monde. Scandale!
D'abord
il y avait au moins trois juges québécois sur le panel, Bill Zacharkiw,
Marc Chapleau et Rémy Charest. Pour les avoir souvent lus, je pense
qu'ils sont tous trois europhiles, voire francophiles. Il y a aussi des
juges du Canada anglais dont j'ai toujours apprécié les écrits (John
Szabo, David Lawrason et Anthony Gismondi). Et au-delà de tout, ces
dégustations avaient lieu à l'aveugle. Ce type de dégustation donne
toujours des surprises car il n'y a pas d'étiquette pour orienter le
jugement. Aussi, on ignore le pourcentage de vins inscrits pour chaque
pays. Personnellement, j'ai aimé voir que pour trois des quatre cépages noirs français les plus réputés (Cabernet Sauvignon, Merlot, Syrah et Pinot
Noir), trois vins chiliens qui l'ont emporté, et de très bons vins
de prix très abordables. La Syrah, Reserva, de Falernia dont j'ai souvent vanté les mérites sur ce blogue. Un autre vin que j'ai déjà encensé dans un millésime précédant, le Cabernet Sauvignon, Etiqueta Negra, de Tarapaca,
et le Merlot, Marques de Casa Concha, de Concha y Toro, issu d'une
gamme au RQP exceptionnel. Pour ce qui est du Pinot Noir, ça demeure un
"work in progress" au Chili.
Ceci dit, il ne faut pas
partir en peur avec les résultats de ce type de concours. Le concours ne
prétend pas qu'il s'agisse des meilleurs vins au monde issus de ces
cépages, mais bien des meilleurs parmi les inscrits. Personnellement,
j'ajouterais les meilleurs parmi les inscrits au moment de la
dégustation. Il faut donc mettre les choses en perspective. Toutefois,
ça montre peut-être qu'en l'absence d'étiquettes, les vins du
Nouveau-Monde, surtout ceux en bas de 50$, ne sont pas si mauvais que
certains le croient par rapport aux vins de la vieille Europe. Au fond, ces
résultats ne sont peut-être qu'une incitation à regarder les vins du
Nouveau-Monde avec un regard, justement, plus neuf...
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Bonjour Monsieur Vaillancourt,
RépondreSupprimertout à fait d'accord avec votre article. Il semble que les vins français aient toujours la côte au dessus de tout autre région du monde. Est ce à cause de son histoire, de la façon très stricte dont les AOC protègent les appellations? Je dois dire que de mon côté, je retrouve très facilement mes repères avec les vins français puisque ceux-ci semblent changer avec les millésimes au lieu de changer au "goût du jour"... il doit certainement avoir de telles maisons ailleurs qu'en France! Je me dois tout de même de faire plus de découvertes avec les autres pays producteurs.
Merci pour ce bel article!
Steve Langelier
Bonjour M. Langelier,
RépondreSupprimerContent que vous ayez aimé l'article. Les AOC ne sont pas un gage de qualité en France, plusieurs producteurs qualitatifs préfèrent renoncer à l'AOC pour faire les vins qu'ils veulent vraiment faire. Ceci dit, c'est vrai que ces appellations contrôlées peuvent servir de guide au début quand on découvre le monde du vin. Ceci dit, il y a des appellations aussi dans le Nouveau-Monde, sauf que celles-ci sont plus géographiques et ne disent pas de manière aussi stricte aux producteurs comment faire leurs vins. Il y a plus de liberté, et si celle-ci est bien utilisée, ça peut mener à de meilleurs vins et à une plus grande variété. Je serais curieux de goûter un vin de Syrah issu de la région de Bordeaux, ou des coins les plus chauds de la Bourgogne. Il y a aussi les assemblages issus de terroirs éloignés qui pourraient être intéressant, mais à cause des AOC strictes et de la culture du vin en Europe, ce type de vins n'existent presque pas. Finalement, tout ça pour dire que ce qui compte, c'est la qualité du producteur, pas l'AOC, et c'est vrai en Europe comme dans le Nouveau-Monde. L'aspect fondamental du vin ne change pas avec les continents.
Claude