mercredi 11 août 2010

SYRAH, 2007, ACONCAGUA, ARBOLEDA



Arboleda est une “boutique winery” créée par Eduardo Chadwick, l’homme derrière, entre autres, Errazuriz. Tout comme Errazuriz, Arboleda est situé dans la vallée d’Aconcagua, mais sur un terroir différent situé plus près de la côte. Selon le site du producteur, les raisins ayant servis a élaborer ce vin ont été cueillis dans la dernière semaine d’avril, avec un délai de 10-14 jours, pour assurer une pleine maturité phénolique, l’obtention de saveurs riches, des tanins doux et une excellente acidité. Le vin a été élevé pendant 12 mois en barriques de chêne neuves pour 82%, 60 % américain, 40% français. Ces choix oenologiques, à mon sens, se reflètent dans le style du vin obtenu.

La robe est très sombre et parfaitement opaque. Le nez est de bonne intensité et dégage un très agréable mélange d’arômes. La fraise et la cerise bien mûres sont entremêlées à un aspect fumé et légèrement goudronné auquel s’ajoutent des notes de réglisse, de muscade et de vanille. Dans le style jeune vin au fruité mûr et à l’influence boisée assumée, c’est une très belle réussite. Cela se poursuit en bouche avec une entrée en matière toute en douceur. Je parle habituellement d’attaque pour évoquer le début de bouche, mais dans ce cas-ci, j’ai dû y renoncer tellement ce vin est doux, rond, et sans aspérités. Dès le départ ça remplit très bien la bouche, en déployant un fruité à la fois intense et très doux, amalgamé à des saveurs fumées et doucement épicées. En milieu de bouche, le vin est vraiment délicieux, avec des saveurs intenses et concentrées, mais sans impression de densité ou de lourdeur. C’est un vin en largeur, à la fine trame tannique, qui glisse sur la vague plutôt que de la fendre, si vous voyez ce que je veux dire. Cette vague de plaisir vient se rompre élégamment en finale, laissant des bouillons de saveurs intenses qui prennent un très long moment avant de se retirer et disparaître complètement.

Ce vin est l’illustration même de la versatilité stylistique incroyable du Chili avec la Syrah. Dans ce cas-ci, malgré ce qui est écrit sur l’étiquette, et même si c’est grossière simplification, on est plutôt du côté Shiraz du spectre stylistique. Honnêtement, si j’avais pu lire ma note de dégustation ci-haut avant d’avoir acheté ce vin, probablement que j’aurais passé mon tour. Mes préjugés l’auraient probablement emporté. Pourtant, j’aurais fait là une grossière erreur, car en matière de vin, le style est une chose, et il est normal d’avoir des préférences. Toutefois, ce qui compte dans un vin, au-delà du style, c’est la qualité des divers éléments et l’équilibre. Et bien ce vin possède tout ça, et l’exercice de style est parfaitement réussi. Le vin est très bon. En fait il est délicieux, et une fois en bouche, les préjugés prennent le bord. C’est vrai que ce vin est, d’une certaine façon, l’antithèse du vin qu’on aime considérer comme sérieux. Surtout si on veut soi-même être pris au sérieux comme amateur. Mais moi il y a longtemps que j’y ai renoncé, alors je peux me laisser aller... Et puis, vous savez, j’ai évoqué le stéréotype Shiraz pour situer ce vin, à cause bien sûr du cépage dont il est issu. Mais en fait, celui-ci, avec son fruité de fraises mûres et sa rondeur, m’a plutôt rappelé mes quelques expériences avec des Châteuneuf-du-Pape modernes. Étant très loin d’être un connaisseur en vins de Châteuneuf, ce n’est là qu’une impression. N’empêche que je serais curieux de faire une comparaison directe à l’aveugle pour voir si j’erre totalement avec une telle affirmation. De toute façon, peu importe. Ce que je retiens de ce vin c’est son fort niveau qualitatif offert à un prix plus qu’avantageux de 18.95$ en Ontario. Le producteur parle d’un excellent potentiel de garde pour ce vin, affirmation avec laquelle je ne peux qu’être d’accord.


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1 commentaire:

  1. J'ai ouvert une deuxième bouteille de ce vin aujourd'hui. J'ai aussi relu mes notes de dégustation ci-haut. C'était intéressant à la lumière du petit débat récent sur le bon goût et la douceur dans le vin. Quand je goûte un vin comme cette Syrah, je me dis que ce n'est pas la douceur le problème. C'est la qualité. Un rouge peut jouer la carte de la douceur, ce n'est pas un problème si la qualité et l'équilibre sont au rendez-vous. Un vin comme celui-ci, j'en boirais avec régularité car la qualité y est.

    Claude

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