vendredi 13 août 2010

L’approche européenne

J’ai lu un très court article cette semaine sur le site de la revue britannique Decanter (voir le lien). Un article si court que j'aurais pu passer outre sans y porter trop attention, mais en même temps, dans sa concision il m’a semblé d’une honnêteté brutale. Une honnêteté qu’on retrouve malheureusement trop rarement dans le monde européen du vin. Depuis que je m’intéresse à ce liquide, ma plus grande déception a été de découvrir la forte prévalence des déviations microbiologiques, dans les vins européens plus haut de gamme. Des déviations qui à mon avis entachent tellement de vins qui autrement auraient été superbes. C’est une des raisons faisant que je me retrouve à boire des vins du Nouveau-Monde, où ces problèmes sont beaucoup plus rares, à part chez ceux qui veulent insuffler un peu de "terroir" européen dans leurs vins!..

Ce fut donc avec des sentiments partagés que j’ai lu les propos de Jacques Lardière, oenologue en chef sur le départ de la maison Louis Jadot. D’un côté, cette mentalité me désole, mais d'un autre côté, j’apprécie sa franchise. Si plus d’intervenants du monde du vin parlaient publiquement de façon aussi claire, on pourrait finalement avoir un meilleur portrait de la situation. Les mentalités pourraient évoluer. On pourrait arrêter de parler d’arômes de terroir, de complexité du terroir, et parler d’arômes microbiologiques secondaires. On pourrait connaître les producteurs qui laissent leurs vins être “complexifiés” par des microorganismes en cours d’élevage, et même en bouteille. On pourrait même créer un label “Vin vivant” pour qualifier les nombreux vins très prisés issus de cette approche. Cette appellation serait plus positive que “Vin malpropre” ou “Vin défectueux non préjudiciable”... À moins que la meilleure appellation pour ces vins ne soit “Vin d'approche européenne”. De cette façon, on saurait à quoi s’en tenir, même si ce serait injuste pour les tenants européens de l'approche australienne.... La clarté, c’est d’ailleurs pourquoi j’apprécie les producteurs qui se réclament d'un mouvement actuellement à la mode, et décrit par l’oxymoron “vin naturel”. Avec eux on sait plus à quoi s'en tenir. J’aimerais que la langue de bois cesse, et que cette franchise s’étende. Ceux qui aiment les vins "post-fermentés" pourraient continuer de le faire, et le “vin fin” européen ne serait plus un champ miné pour les amateurs comme moi. Enfin je pourrais acheter en toute connaissance de cause, sans risque, de vrais vins de terroirs européens car ceux-ci ne seraient pas masqués par des arômes issus de fermentations secondaires gommant leur vraie typicité.

M. Lardière dit qu’il ne faut pas enlever les fautes à moins qu’elles ne soient “vraiment” préjudiciables au vin. Mais qui peut juger du caractère “vraiment” préjudiciable d’une faute? Moi je ne veux pas que quelqu’un d’autre juge à l’avance pour moi si une faute est préjudiciable ou pas. J’aimerais connaître la philosophie d’élaboration avant d’acheter. Une bouteille de vin pour moi ne devrait pas être un jeu de hasard.

http://www.decanter.com/news/news.php?id=300830


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