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Avec les références que j'ai données
dernièrement sur les belles performances de rouges chiliens de haut
niveau dans des dégustations à l'aveugle j'ai pu donner
l'impression qu'il faut payer relativement cher pour toucher aux
vertus du bon vin rouge chilien de garde. Ce n'est bien sûr pas le
cas. Rien de mieux qu'un Cab de Maipo, élaboré par un producteur
fiable, pour confirmer encore une fois qu'au Chili il n'est pas
nécessaire de payer une fortune pour de réels vins de garde.
La robe est de teinte encore bien
soutenue, même si légèrement translucide. Le nez est un pur
ravissement et montre un profil de Cab mi-évolué tout en finesse.
On y retrouve d'agréables arômes de cassis, de cerise, de bois de
cèdre, de terre humide, complétés par de fines notes vanillées,
ainsi qu'un très léger aspect évoquant le bois brûlé et le
chocolat noir. Difficile de rendre fidèlement en mots le profil
aromatique de ce vin, si ce n'est que de rappeler que ces arômes
portent la marque caractéristique que seul le temps en bouteille
peut procurer. Le plaisir se poursuit en bouche avec un vin à la
fois svelte et assez ferme. L'ensemble est sérieux, mais sans
lourdeur. C'est un régal pour l'amateur de Cabernet avec une belle
palette de saveurs juste assez patinées par le temps. Le fruit tient
encore le premier rôle, mâtiné de notes terreuses et doucement
épicées et soutenue par une fine dose d'amertume rappelant le
chocolat noir de qualité. Le milieu de bouche révèle un vin
équilibré et modéré comme je les aime. Les tanins sont fondus,
mais montrent ce qui leur reste de poigne dans une fin de bouche
rendant hommage aux attributs du bon Cabernet, en intensité, fermeté
et longueur.
Que dire sur ce vin qui n'aurait pas
l'air d'une redite de ma part sur le potentiel de garde incroyable
des rouges chiliens de type "Reserva"? Je pense que je
ne peux faire autrement que me taire ou frapper sur le même clou.
Souvent je me tais, car ma cave arrive dans une phase où ces
expériences sont de plus en plus fréquentes. Jouer toujours le même
disque est redondant, je le sais, mais parfois je me dis qui si par
une redite je pouvais convaincre ne serait-ce qu'un seul amateur. Ça
vaudrait la peine. Pour revenir à ce Legado, celui-ci n'est pas
proche de son déclin. Il est plutôt à un beau stade de son
évolution. Je pense qu'en pure aveugle il pourrait se mesurer à des
vins bien plus renommés et beaucoup plus chers. Il est rendu à
cette étape de son parcours où le caractère typique de son origine
cède le pas au caractère universel du cépage. Pour les
chiliophobes ça devrait être un argument positif, mais
malheureusement, peu importe l'âge, ce sera toujours écrit Chili
sur l'étiquette, et même si De Martino est un producteur élite de
ce pays, ça ne résonnera pas très fort chez les amateurs de
prestige. Pourtant, la vallée de Maipo est un des meilleurs terroirs
à Cabernet au monde. Certains en parlent comme du Médoc chilien,
mais même les comparaisons françaises ne peuvent abattre le déficit
de prestige pour certains qui ne jurent que par les châteaux
bordelais ou le culte de Napa. C'est pourquoi le Chili demeure le
pays qui en matière de vins de garde en offre le plus pour chaque
dollar investi. Pas besoin de dépenser dans les super-vins chiliens
qui tentent de gagner en prestige en attirant les victimes de l'effet
Veblen. Ce pays a tant à offrir qu'il y a plein d'excellents vins
offerts à prix ridicules, et ce Legado en est un superbe exemple.
J'ai payé ce vin autour de 17$ dans le temps, et en terminant la
bouteille je ne peux m'empêcher de penser que ce prix est
ridiculement bas. Ce n'est pas moi qui fait le marché, et j'ai la
patience de mettre ces vins de côté, alors aussi bien en profiter.
P.S.: Parlant de taper sur le même clou. Je viens de m'apercevoir qu'il y a un an presque jour pour jour j'avais commenté le millésime 2002 de cette cuvée. À quelques différences près, mes commentaires se rejoignent.
P.S.: Parlant de taper sur le même clou. Je viens de m'apercevoir qu'il y a un an presque jour pour jour j'avais commenté le millésime 2002 de cette cuvée. À quelques différences près, mes commentaires se rejoignent.
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