mercredi 15 août 2012

CABERNET SAUVIGNON, LEGADO, 2003, MAIPO, VINA DE MARTINO


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Avec les références que j'ai données dernièrement sur les belles performances de rouges chiliens de haut niveau dans des dégustations à l'aveugle j'ai pu donner l'impression qu'il faut payer relativement cher pour toucher aux vertus du bon vin rouge chilien de garde. Ce n'est bien sûr pas le cas. Rien de mieux qu'un Cab de Maipo, élaboré par un producteur fiable, pour confirmer encore une fois qu'au Chili il n'est pas nécessaire de payer une fortune pour de réels vins de garde.

La robe est de teinte encore bien soutenue, même si légèrement translucide. Le nez est un pur ravissement et montre un profil de Cab mi-évolué tout en finesse. On y retrouve d'agréables arômes de cassis, de cerise, de bois de cèdre, de terre humide, complétés par de fines notes vanillées, ainsi qu'un très léger aspect évoquant le bois brûlé et le chocolat noir. Difficile de rendre fidèlement en mots le profil aromatique de ce vin, si ce n'est que de rappeler que ces arômes portent la marque caractéristique que seul le temps en bouteille peut procurer. Le plaisir se poursuit en bouche avec un vin à la fois svelte et assez ferme. L'ensemble est sérieux, mais sans lourdeur. C'est un régal pour l'amateur de Cabernet avec une belle palette de saveurs juste assez patinées par le temps. Le fruit tient encore le premier rôle, mâtiné de notes terreuses et doucement épicées et soutenue par une fine dose d'amertume rappelant le chocolat noir de qualité. Le milieu de bouche révèle un vin équilibré et modéré comme je les aime. Les tanins sont fondus, mais montrent ce qui leur reste de poigne dans une fin de bouche rendant hommage aux attributs du bon Cabernet, en intensité, fermeté et longueur.

Que dire sur ce vin qui n'aurait pas l'air d'une redite de ma part sur le potentiel de garde incroyable des rouges chiliens de type "Reserva"? Je pense que je ne peux faire autrement que me taire ou frapper sur le même clou. Souvent je me tais, car ma cave arrive dans une phase où ces expériences sont de plus en plus fréquentes. Jouer toujours le même disque est redondant, je le sais, mais parfois je me dis qui si par une redite je pouvais convaincre ne serait-ce qu'un seul amateur. Ça vaudrait la peine. Pour revenir à ce Legado, celui-ci n'est pas proche de son déclin. Il est plutôt à un beau stade de son évolution. Je pense qu'en pure aveugle il pourrait se mesurer à des vins bien plus renommés et beaucoup plus chers. Il est rendu à cette étape de son parcours où le caractère typique de son origine cède le pas au caractère universel du cépage. Pour les chiliophobes ça devrait être un argument positif, mais malheureusement, peu importe l'âge, ce sera toujours écrit Chili sur l'étiquette, et même si De Martino est un producteur élite de ce pays, ça ne résonnera pas très fort chez les amateurs de prestige. Pourtant, la vallée de Maipo est un des meilleurs terroirs à Cabernet au monde. Certains en parlent comme du Médoc chilien, mais même les comparaisons françaises ne peuvent abattre le déficit de prestige pour certains qui ne jurent que par les châteaux bordelais ou le culte de Napa. C'est pourquoi le Chili demeure le pays qui en matière de vins de garde en offre le plus pour chaque dollar investi. Pas besoin de dépenser dans les super-vins chiliens qui tentent de gagner en prestige en attirant les victimes de l'effet Veblen. Ce pays a tant à offrir qu'il y a plein d'excellents vins offerts à prix ridicules, et ce Legado en est un superbe exemple. J'ai payé ce vin autour de 17$ dans le temps, et en terminant la bouteille je ne peux m'empêcher de penser que ce prix est ridiculement bas. Ce n'est pas moi qui fait le marché, et j'ai la patience de mettre ces vins de côté, alors aussi bien en profiter.

P.S.: Parlant de taper sur le même clou. Je viens de m'apercevoir qu'il y a un an presque jour pour jour j'avais commenté le millésime 2002 de cette cuvée. À quelques différences près, mes commentaires se rejoignent.





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