mardi 8 février 2011
MALBEC, ESTATE, 2008, CALCHAQUI, BODEGA COLOMÉ
Petit retour vers un pays que j’ai quelque peu délaissé au cours des deux dernières années. La raison pour laquelle je m’intéresse moins aux vins de ce pays, c’est qu’en général, malgré une qualité certaine, je trouve qu’ils manquent d’identité. La production argentine est trop centrée sur Mendoza, le Malbec et le Torrontès. Un peu comme si le Chili se résumait à Maipo, Carmenère et Sauvignon Blanc. Je sais que ce que j’évoque est une caricature, mais il reste que la diversité de l’offre argentine, tant au niveau des cépages que de l’origine est trop concentrée. Un peu comme ses vins qui font rarement dans la dentelle. Ceci dit, si vous êtes intéressés par des vins qui ont une identité, une origine particulière, et qui en plus cadrent avec la courant que j’appelle le “vin idéologique”. Ce Malbec de Bodegas Colomé semble le candidat tout trouvé. Il est issu pour 20% de raisins venant de vignes de 60 à 150 ans d’âge, cultivées selon les préceptes de la biodynamie dans les vignobles les plus élevés du monde, plantés à des altitudes variant de 5,500 à 8,500 pieds. Personnellement, malgré que ce soit un autre Malbec argentin, c’est ce profil particulier qui m’a donné l’envie de l’essayer. Toutefois, il y a un problème pour les mondovinistes de ce monde qui auraient pu être attirés par ce vin. C’est que voyez-vous, le propriétaire des lieux est le milliardaire suisse Donald Hess qui possède aussi The Hess Collection, Sequana et Artezin en Californie, Brancaia en Toscane, Peter Lehman en Australie et Glen Carlou en Afrique du Sud. Nous somme donc loin du vin d’artisan local, mais plutôt proche d’un vin mondialisé. Un vin intégrant des principes en apparence opposés pour les idéologues de la bouteille. Ceci dit, est-il pour autant moins bon ou moins intéressant pour autant? Pardonnez-moi d’être politiquement incorrect, mais j’aurais tendance à croire qu’il a des chances d’être meilleur. Il est clair que M. Hess avec toutes ses propriétés possède une masse critique et le savoir-faire qui vient avec et que ce savoir-faire peut se transmettre. Pour preuve, l’oenologue en chef chez Colomé est Randle Johnson qui travaille aussi pour Artezin et The Hess Collection en Californie. Mais au-delà du savoir-faire, il y a l’intention. La devise des vins Hess Family est; “Terroir Wines Crafted On 4 Continents”. Finalement, la question est de savoir si un tel producteur mondialisé peut refléter le terroir dans les vins qu’il produit? Le terroir de Calchaqui est si unique, que les points de références sont quasi inexistants pour répondre à cette question. À tout le moins, voyons voir si le vin est bon.
La robe est de teinte sombre aux reflets violacés. Le nez est étonnamment mesuré, et dégage avec justesse des arômes de bleuets et de mûres, auxquels s’ajoutent des notes florales rappelant la lavande, de la muscade, ainsi qu’un léger aspect torréfié. Complexité limitée à ce stade, mais qualité et plaisir indéniables. En bouche, l’attaque est pleine et juteuse, avec une bonne acidité et un doux fruité éclatant, mâtiné de notes boisées bien dosées. L’ensemble est à la fois ferme et souple, soutenu par un trait d’amertume. Le milieu de bouche réitère la bonne présence du vin, sans que celui-ci ne semble pour autant s’imposer. La trame tannique est veloutée, sans aspérités aucunes. Un vin consistant qui glisse sans efforts vers une finale qui confirme, sous le signe de l’intensité, sur une persistance de bon niveau.
On peut bien aimer les principes plus que le vin, mais quand on s’en tient au vin dans le verre et qu’au surplus on a décidé de ne pas bouder son plaisir inutilement. On ne peut qu’être ravi par ce Malbec de Colomé. C’est un vin de très belle qualité, qui a tout pour plaire. Le vin est généreux mais équilibré, les 15% d’alcool passent sans problèmes, et sa jeunesse n’est pas un obstacle puisqu’il se livre déjà sous un jour très séduisant. C’est pour moi un vin du Nouveau-Monde dans le meilleur sens du terme, et offert à un prix très raisonnable (25$), compte tenu de son niveau qualitatif. Il m’est aussi apparu très fidèle à l’idée que je me fais de ce cépage en territoire argentin. L’origine argentine m’est donc apparue limpide. Toutefois, je n’y ai pas noté de particularité pouvant le démarquer clairement d’un Malbec de Mendoza du même niveau et du même style. Peut-être que dans une dégustation comparative directe, un caractère particulier pourrait se révéler plus facilement. Une chose est sûre toutefois, c’est un beau vin et un bon achat.
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