mardi 22 février 2011
DONA BERNARDA, 2002, COLCHAGUA, LUIS FELIPE EDWARDS
Je poursuis mon léger coup de sonde dans mes réserves de rouges chiliens ayant maintenant quelques années de garde dans le corps. Je reste dans la vallée de Colchagua, mais cette fois avec un vin d’assemblage de Cabernet Sauvignon (65%), Petit Verdot (30%) et Cabernet Franc (5%)
La robe ne montre aucune trace d’évolution, sombre et impénétrable. Le nez emboîte le pas du refus des signes de l’âge, en exhibant de doux arômes de fruits noirs intenses et profonds, amalgamés à des notes de réglisse et de pâtisserie, complétés par une touche d’herbes aromatique et un très léger caractère de poivron rouge. La bouche est elle aussi marqué au sceau de la jouvence, avec une attaque vigoureuse qui déploie un fruité riche et vif, bien supporté par une solide base d’amertume, et auquel s’entremêlent des notes doucement épicées. Aucune saveur du profil gustatif ne peut être associée à un signe d’évolution. Le vin se montre sous un jour de jeunesse apparemment inoxydable. Cela se confirme en milieu de bouche où la matière fruitée est dense et intense, avec un fort niveau de concentration et un volume contenu. La présence tannique est solide, avec un léger grain qui apporte un aspect de virilité qui contraste avec la relative douceur du fruit. La finale est très intense, tout d’un bloc et manquant pour le moment d’harmonie, mais montre une longueur franchement impressionnante.
Ce vin donne raison à tous ceux qui pensent que le vin chilien ne peut pas vieillir! Car c’est bien ce que ce vin démontre à ce stade, soit un refus apparent de vieillir, tellement son profil de jeunesse semble inaltéré. En ce sens, le vin m’est apparu encore très fougueux et assez loin d’un équilibre idéal, toutefois, j’ai été impressionné par sa concentration et sa très bonne persistance en bouche. J’ai relu mes notes de dégustation de 2006 sur ce vin, et celui-ci m’est apparu pas mal plus sauvage et viril qu’alors, avec un profil un peu baroque. Un vin impressionnant en un sens, à cause de l’intensité, de la concentration et de la persistance en finale, mais manquant pour le moment de fini. Il faut dire qu’au mieux on voit les rouges chiliens de bon niveau, comme des vins de moyenne garde. Toutefois, depuis une dizaine d’années, les cuvées plus ambitieuses se sont multipliées. Il y aura sûrement des succès et des déceptions parmi ces vins. Mais à goûter un vin comme ce Dona Bernarda, il me semble que la fenêtre de garde de ces vins sera beaucoup plus étendue et que parler de 25 ans n’aura dans bien des cas rien de farfelu. Il me semble que ce Dona Bernarda a ce qu’il faut pour bien évoluer jusque vers les 2025. Non! Je ne suis pas Jay Miller!!!! Quoi qu’il en soit, il m’en reste trois bouteilles et je n’ouvrirai pas la prochaine avant de nombreuses années. Le millésime 2007 est actuellement offert à la SAQ. Je n'ai pas encore goûté le vin, mais le producteur a amélioré le contraste de l'étiquette, ce qui donne à la fameuse Dona Bernarda un air moins fantomatique.
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