Quand pour la première fois j'ai entendu parler du projet Clos des Fous, je me suis dit que c'était un nom qui cadrait bien avec la perception que certaines personnes peuvent avoir de moi et de mon obsession pour les vin du Chili : "Claude est fou"! Plus sérieusement, si vous voulez mieux connaître la démarche, je vous invite à lire ce court texte de Pedro Parra, l'expert chilien de la notion de terroir, formé en France. Sinon, on pourrait résumer la philosophie du Clos des Fous en disant que le focus est mis sur les zones périphériques du vignoble chilien, avec comme idée que les meilleurs vins sont issus des terroirs limites pour la culture d'un cépage donné. Donc, dans le projet du Clos des Fous, il y a l'idée d'une recherche de fraîcheur. Fraîcheur dans le climat pour un cépage donné qui se transposera dans le vin qui en sera issu. En ce sens, l'Alto Cachapoal est un climat frais pour la culture du Cabernet Sauvignon. Le Clos des Fous c'est aussi François Massoc, un français éduqué en Bourgogne, homme à tout faire de la vigne, qui en plus du Clos des Fous est impliqué dans plusieurs projets novateurs au Chili (Aristos, Calyptra). Pour ce qui est de ce vin, il y a peu d'informations disponibles à son sujet, sinon qu'il provient d'un vignoble unique appelé "Cabeza de loco" (tête folle en français), situé dans les hauteurs de la vallée de Cachapoal, qu'il est élaboré en cuve inox avec élevage sure lies de neuf mois. Le vin titre à 13.5% d'alcool, ce qui est rare aujourd'hui au Chili pour un vin de Cabernet, mais il y a un mouvement qui est amorcé pour abaisser les taux d'alcool. C'est à mon avis une bien bonne chose.
La robe est sombre avec des reflets
violacés. Le nez est frais et exhale des arômes de petits fruits
rouges, avec quand même une touche du proverbial cassis chilien. Le
tout est complété par un peu de menthol, une touche de terre noire
et un léger aspect évoquant le sous bois. Nez bien agréable avec
le fruit qui mène la marche. Cela se transpose en bouche où le
fruité pur et intense domine l'action. Le vin montre une belle
fraîcheur grâce à une acidité bien marquée qui contribue aussi à
la fermeté de l'ensemble. Le milieu de bouche poursuit dans la même
veine, avec un fruité intense et tendu imbriqué dans une matière
compacte et sans lourdeur. Les tanins montrent une légère
granulation qui apporte une texture agréable. Cela sied bien au style
de ce vin qui coule sans effort. La finale garde le cap sur
l'intensité fruitée avec une bonne persistance des saveurs.
J'ai bien aimé ce vin pour ce qu'il
est, c'est-à-dire une interprétation originale du Cabernet
Sauvignon chilien. L'aspect non boisé de ce nectar est bien entendu
une de ses caractéristiques principales, l'autre étant son haut
niveau d'acidité. Ce vin pourrait être résumé en disant c'est le
plus proche qu'un vin de Cabernet peut se rapprocher d'un Beaujolais,
le tout avec la touche particulière du terroir chilien. Je dis donc
bravo pour l'originalité dans la qualité, mais je pense qu'il faut
savoir de quelle qualité on parle. Je ne pense pas que ce vin soit
un vin de garde. Je pense plutôt que c'est un superbe vin de soif
fait pour être bu jeune. Ceux qui pensent que ça va vieillir comme
un bon Cab Reserva chilien élevé en barriques de chêne risquent
d'être déçus. Ce vin me fait penser au Merlot, 2007, de Loma
Larga, un autre rouge non boisé issu d'un cépage bordelais. J'avais
bien aimé ce vin en jeunesse, mais une bouteille ouverte le mois
passé m'a convaincu d'ouvrir celles que j'ai encore au cellier dans
la prochaine année. Le vin était encore bon, mais sans la cohésion
de sa prime jeunesse. L'aspect boisé dans le rouge de garde m'est
toujours apparu comme un élément intégrateur, un élément qui
permettait de lier les différents aspects d'un vin pour que le tout
se fonde avec le temps dans l'harmonie. Ceci dit, comme 99.9% des
vins de moins 20$ sont bus très rapidement après l'achat, ce Clos
des Fous atteint parfaitement la cible. C'est une façon de boire un
vin de Cabernet Sauvignon, sans l'artifice que peut représenter le
boisé en jeunesse. En ce sens c'est très intéressant car ça
ramène à l'essence du cépage et du terroir. Aussi, de manière un
peu paradoxale, par effet de soustraction, l'absence du boisé aide à
mieux en saisir la nature dans les vins de Cabernet chilien en
général. Finalement, ce vin est une autre preuve qu'il est
maintenant ridicule de réduire les rouges du Chili à un stéréotype.
Bien content de te lire sur ce vin Claude. Surpris (je ne devrais peut-être pas l'être) du "succès" qu'à ce vin selon ce que je peux en lire (Fouduvin et La Paulée - plusieurs membres de ces forums ayant justement goûté et apprécié ce vin), tout comme Karine Duplessis de La Presse.
RépondreSupprimerReste que du bon vin devrait être considéré bon, peu importe la provenance, mais selon moi, ce vin prouve aussi la diversité disponible parmis ce qui se fait au Chili !
Patrick
Salut Patrick,
RépondreSupprimerJ'ai lu les commentaires positifs sur FDV et LPEL à propos de ce vin. J'espère que la SAQ va continuer à bonifier son offre en provenance de ce que j'appelle le Nouveau-Chili. Je suis convaincu que des producteurs comme Falernia, Vina Leyda ou Loma Larga connaîtraient un bon succès au Québec s'ils étaient disponibles à la SAQ. Ceci dit, à 19$, il y a bien des Cabs chiliens plus traditionnels que je prendrais avant le Clos des Fous, surtout pour la garde. J'ai ouvert un Cab, 2007 de Perez Cruz, cette semaine et pour moi c'était meilleur et plus complet comme vin que le Clos des Fous. Ce qui distingue ce Clos des Fous pour moi c'est son originalité.
Claude
Je suis d'accord que pour la garde, il n'a pas le potentiel d'un Reserva "classique". Mais je n'aurais pas peur d'en garder sur quelques années, le vin ayant une certaine structure. Reste à voir comment le vin vieillira, mais je compte bien faire l'expérience. Au pire, ce sera un vin bu avec plaisir en jeunesse !
RépondreSupprimerPour l'offre de produits de ce style ou de régions fraiches, j'espère aussi en voir plus sur les tablettes de la SAQ...
Patrick