Dans mon texte initial, j'ai tenté
d'exprimer la lassitude de quelqu'un qui a une conception marginale
du monde du vin face à une conception totalement opposée. Je ne
crois pas à l'élitisme et aux hiérarchies, je pense qu'il est
possible de très bien boire, à prix raisonnable, si on s'en tient
strictement au vin et si on élimine les facteurs pouvant influencer
l'approche mentale face à celui-ci (prix, prestige, note, réputation,
mode, etc...). Je ne pense donc pas qu'il n'y ait que 10% des vins
produits dans le monde qui soient dignes d'intérêt. Je ne vois pas
le parcours d'un amateur comme une ascension graduelle vers un
hypothétique sommet. Je pense aussi que la sensibilité de chacun
face au vin est très variable et qu'il n'y a donc pas de vérité
absolue en cette matière.
J'ai nommé mon blogue « Le vin
aux antipodes », entre autre, parce que je pense que ma
conception du vin est opposée à celle qui est généralement
acceptée dans ce milieu. Ceci dit, je sais aussi que diverger peut
sembler méprisant face à ceux qui ont une approche plus classique.
C'est la raison pour laquelle je n'écris plus sur les forums et que
j'ai créé ce blogue. J'en avais assez de m'imposer et de paraître
offensant, alors que je ne suis que divergeant. Ce blogue n'a donc
pas pour objectif de changer quoi que ce soit dans le monde du vin,
ce serait bien prétentieux de ma part. Je ne mène donc pas de
combat. Je suis juste une voix, à diffusion très restreinte, tenant
un discours plutôt différent, parce que c'est ce que je pense
vraiment. Si ça peut apporter quelque chose à quelqu'un, tant
mieux, mais mon texte précédant était celui de quelqu'un qui en
doute fort.
Je continue d'en douter, mais je
continue de lire à propos du vin, et parfois ça me donne le goût
de réagir. Je lis actuellement la dernière édition du magazine
CELLIER de la SAQ. Ce numéro dédié aux femmes dans le monde du vin
contient un article intitulé « Les copines du vins ».
Dans cet article, quatre sommelières québécoises parlent de leur
métier et en particulier du rôle pédagogique du sommelier pour
faire avancer la compréhension du vin dans la population. Je vous
laisse lire l'article en entier si ça vous intéresse, mais la
conclusion intitulée "Bémol à la démocratisation"
m'est apparue particulièrement intéressante et en lien avec mon
premier texte. Je cite le dernier paragraphe :
« Mais la priorité demeure
d'aider les gens à atteindre ce frisson incroyable quand on arrive à
apprécier un vin complexe et raffiné, croit Jessica Harnois.
Favoriser l'accessibilité au vin, c'est outiller ceux qui le
désirent pour les amener à vivre ce genre d'excitation. « Sinon,
on nivelle par le bas et on se prive d'un pan essentiel de la culture
oenophile. » Pas question, donc, pour ces sommelières
influentes de démocratiser le vin en négligeant les flacons de
qualité supérieure. Ni d'encourager le plus grand nombre à ne
défendre que des bouteilles à 20 $. Et surtout pas d'ignorer
qu'entre les deux il existe tout un monde à découvrir. »
Je pense que ce paragraphe représente
très bien ma divergence. C'est beaucoup plus nuancé que le texte
outrancier de Jamie Goode dont je parlais dans mon premier article,
mais sur le fond ça se recoupe pas mal. Je persiste à penser que la
vision exprimée dans ce paragraphe est une vision largement partagée
dans le monde du vin. Certains y apporteraient sûrement des
modifications, mais sur l'essentiel, je pense qu'il y a consensus.
Je me trompe peut-être, mais en me basant sur mon expérience c'est mon impression. Pour ma part je continue de penser que l'essentiel du vin est
ailleurs et qu'il n'y a pas d'échelle montrant clairement le chemin, et menant ultimement vers le nirvana vinique. Ce faisant je continuerai de niveler par le bas avec mes
bouteilles à 20$, mais n'ayez crainte, je n'en prend pas ombrage. Le frisson est une question de perception, alors je m'arrange assez bien avec ça.
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