mardi 14 juin 2011

SYRAH, RESERVA, 2007, ELQUI, VINA FALERNIA




Vina Falernia, un producteur à propos duquel j'ai lu beaucoup de très belles choses. J'avais donc très hâte de pouvoir enfin goûter un de ses vins. Surtout cette Syrah qui s'est attirée son lot d'éloges ces dernières années, en particulier de la part de la presse britannique. C'est pour ce type de vin que mon intérêt pour le Chili se maintient depuis quelques années. Ce pays permet actuellement de découvrir des vins de pionniers issus de nouvelles régions jusque là inexploitées ou mal exploitées. C'est le cas de la vallée de Elqui, située à la frontière du désert de l'Atacama, au nord du pays. La vigne pousse dans cette région depuis longtemps, mais les Moscatel, Torontel et Pedro Ximenez servaient uniquement, jusqu'à récemment, à la production de pisco. Finalement, en 1998, Aldo Olivier, un producteur de pisco d'origine italienne a décidé de se lancer dans la production de vin sous les conseils de Giorgio Flessati, son cousin et oenologue du Trentin en Italie. Celui-ci lors d'une visite en 1995 avait vu le potentiel de la vallée de Elqui ce qui a mené au développement du projet trois ans plus tard. Pour ce qui est de cette Syrah, Reserva, les raisins la composant proviennent principalement du vignoble Titon, situé à 350 m d'altitude et à 18km de l'océan. C'est un lieu frais et assez humide, marqué par de fréquents brouillards matinaux, où les températures atteignent un maximum de 25ºC le jour et baissent jusqu'à 10ºC la nuit. Une partie minoritaire des fruits provient du vignoble Huanta, situé totalement à l'opposé, à l'extrémité est de la vallée, à une altitude de 2000 m dans le contrefort des Andes. C'est un lieu vraiment spectaculaire (voir lien). Une proportion de 60% du vin a été élevé pendant 6 mois en barriques de chêne d'âge et d'origine indéterminées. Le vin titre à 14% d'alcool et je l'ai dégusté sur une période de deux jours.

La robe est foncée et opaque. Le nez est très expressif à l'ouverture, puis se calme par la suite, demeurant quand même de bonne intensité. Le profil aromatique évoque clairement la Syrah de climat frais, avec des arômes de fruits rouges et noirs, de poivre noir, de fumée, de violette, d'épices douces et d'herbes séchées. Ce nez est vraiment un régal et je ne peux m'empêcher d'y revenir très fréquemment. Un nez vraiment séduisant de par la nature, la fraîcheur et la qualité de ses arômes. La bouche suit et procure elle aussi beaucoup de plaisir, avec des saveurs fraîches et intenses qui reflètent bien ce qui était perçu au nez. L'acidité du vin contribue à l'éclat des saveurs et procure un bon tonus à cet ensemble élancé et compact. En milieu de bouche, on note une concentration de fort calibre, avec une matière bien dense, sur une bonne base d'amertume et une texture tannique raffinée. La finale est intense et très longue avec l'amertume chocolatée qui gagne en importance et les tanins qui montrent juste un peu de mordant.


Après tout ce que j'avais lu sur ce producteur, mes attentes étaient élevées, même si on parle ici d'un vin de prix très abordable. Et bien le moins que je puisse dire c'est qu'elles ont été comblées. Pour le prix payé de 15.95$, la qualité de ce vin est simplement renversante. C'est un jeune vin avec beaucoup de caractère, à l'acidité élevée, et qui est très intense en ce moment. Le profil aromatique évoque immanquablement une expression propre du Rhône nord. Je suis vraiment curieux de voir comment ce vin va pouvoir évoluer. Je pense qu'il possède un potentiel énorme. Le genre de vin qui pourrait en mystifier plusieurs en pure aveugle dans 10 à 15 ans. Bien sûr il s'agit d'un pari en ce moment, mais pour moi il s'agit d'un risque calculé. Un risque que je n'ai pas du tout peur de prendre. Ceux qui ont goûté et aimé la Syrah, 2007, Elqui de Chono devrait aimer ce vin, car son profil aromatique est très similaire. Toutefois, le Falernia est moins prêt à boire. Il est plus concentré, plus intense, plus puissant, avec aussi plus d'amertume. Un vin qui a encore besoin de temps pour trouver son équilibre optimal, même s'il est déjà très bon quand on a le goût d'un vin vibrant de jeunesse.

http://www.youtube.com/watch?v=fSFfiVYGxSo

http://levinauxantipodes.blogspot.com/2010/04/syrah-chono-reserva-2007-elqui-geo.html

3 commentaires:

  1. Je disais que la Syrah, Chono et celle de Falernia avaient des profils très similaires et bien il est facile de comprendre pourquoi, Chono achète ses raisins de Falernia! Je m'en doutais déjà, mais j'en ai maintenant la certitude. Ceux qui pensent que le terroir est réservé à certains lieux mythiques en Europe devraient goûter ces deux vins en parallèle. J'ai ajouté le lien vers l'article contenant cette information à la fin de ma note de dégustation.

    Voici ce que dit le réputé Alvaro Espinoza à propos de la Syrah du vignoble Titon, le plus frais de Falernia.

    "Now GEO source wine, Syrah included, from Falernia and from Titon. ‘It’s a genuine, elegant style, much more Rhône-like than typical New World Syrah,’ comments Ezpinoza. ‘It’s sophisticated – ideal for the European palate.’"

    RépondreSupprimer
  2. J'ai ouvert une bouteille de ce vin le week-end dernier. Je l'ai trouvé sérieux avec un potentiel de garde et un besoin de s'affiner un 2-3 ans d'être encore plus agréable.

    Voici mon CR sur FDV: http://fouduvin.ca/viewtopic.php?f=15&t=18733

    Merci de la suggestion Claude !

    Patrick

    RépondreSupprimer
  3. Retour sur cette Syrah plus d'un an plus tard. Le vin s'est quelque peu assagi et la ressemblance avec une Côte-Rôtie "clean" est évidente et ravissante. Qualité et profil aromatique incroyables quand je pense au prix ridicule payé pour cette bouteille.

    Claude

    RépondreSupprimer