jeudi 8 avril 2010
SYRAH, CHONO, RESERVA, 2007, ELQUI, GEO WINES
La vallée d’Elqui est la région vinicole la plus septentrionale du Chili. C’est une région qui semble à première vue inusitée pour cultiver la vigne, puisque située aux limites du désert d’Atacama, le plus sec au monde. C’est aussi une des régions au monde possédant le ciel le plus clair, ce qui y a entraîné l’implantation de huit observatoires astronomiques importants. Heureusement, même à cette latitude, la fonte des glaciers des Andes fournit l’eau nécessaire à l’irrigation, et le courant froid Humbolt remontant le Pacifique apporte la fraîcheur. Donc, dans Elqui, comme dans les autres régions côtières du Chili, la proximité des vignobles par rapport au Pacifique influe grandement sur la fraîcheur du climat. Le vignoble d’où est issu ce vin est situé sur les rives de la rivière Elqui, à 30 kms de la côte, ce qui est idéal pour l’obtention d’une Syrah avec un profil de climat frais. Les vendanges sont manuelles, avec des rendements limités à environ 50 hl/ha. Les macérations sont suivies de près pour modérer l’extraction, et seulement 10% du vin est élevé en barriques de chêne, français et américain, pour une courte période 6 mois. Le réputé oenologue Alvaro Espinoza supervise l’élaboration des vins de marque Chono.
La robe est assez foncée et légèrement translucide. Le nez est superbe, exprimant avec intensité un heureux mélange d’arômes de fruits rouges, de poivre noir, de fumée, de violette et d’épices, avec quelque chose évoquant le clou de girofle. Je me répète, superbe nez, parfaitement dosé, montrant une qualité d’arômes impeccable et une bonne complexité. Le plaisir se poursuit en bouche, avec une attaque suave, modèle d’équilibre pour un jeune vin, où tous les éléments sont assortis dans les bonnes proportions. Le fruité est éclatant, aidé en cela par une bonne acidité qui en plus contribue à la ferme tenue du vin. Une fine touche d’amertume vient balancer la relative douceur du fruit, avec en plus le caractère épicé/fumé qui s’intègre à l’ensemble de belle façon. Le milieu de bouche montre un vin de corps moyen aux saveurs intenses et concentrées, mais sans lourdeur aucune. La trame tannique est légère et fine. La combinaison de ces divers éléments donne un vin des plus agréables, et qui coule sans efforts pour mener vers une finale forcément heureuse, où l’équilibre se maintient, sur des saveurs qui se fondent et une bonne allonge.
Cette bouteille fait la démonstration parfaite qu’en matière de vin l’équilibre est le maître-mot. Ce vin n’a rien en commun avec les vins surfaits qui en mettent plein la gueule. C’est un vin qui me semble conçu pour être apprécié jeune et qui livre la marchandise d’emblée. Tout est axé sur l’expression aromatique du cépage et du terroir surprenant de la vallée d’Elqui. Qui aurait pu croire qu’aux frontières du désert d’Atacama on pourrait produire un vin rendant le caractère de ce cépage avec autant d’acuité? Un vin à peine boisé, peu extrait, où toute la place est laissée à la Syrah. J’avais commandé une caisse de douze bouteilles de ce vin à la fin de l’été passé, il ne m’en reste maintenant que trois. Heureusement, l’importateur de ce nectar (Altovin), qui a totalement vendu le premier arrivage, a reçu une nouvelle commande. J’aime tellement ce vin que j’ ai décidé d’en commander une deuxième caisse. Bouteille après bouteille, c’est un pur ravissement. Un vin de plaisir dans le meilleur sens du terme et dont je ne me lasse pas. Pour les quelques 18 $ qu’on en demande, ça demeure une formidable aubaine. Vivement que la SAQ offre des vins de la vallée d’Elqui.
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J'ai bu ce vin et il est très bon en effet. Il a un profil qui fait Rhône Nord...
RépondreSupprimerMerci Claude !
Patrick
Vous avez gouté leur cab? si oui, vous en pensez quoi?
RépondreSupprimerPascal
Qc
Salut Pascal,
RépondreSupprimerJ'ai vu que le Cab était offert depuis peu à la SAQ. Je n'ai pas eu la chance d'y goûter encore. Je compte bien l'essayer bientôt.
Claude
Patrick,
RépondreSupprimerTu as raison, le Chili nord qui fait Rhône nord. Ce pays n'a pas fini de surprendre.
Claude
Tant mieux ! Ca ne fait qu'ajouter au plaisir que de découvrir une région à mesure qu'elle se développe.
RépondreSupprimerJe vais aussi goûter au cab sous peu...
J'ai goûté le CS hier et selon mes goût, un cran meilleur que la Syrah...
RépondreSupprimerPatrick
Salut Patrick,
RépondreSupprimerJe reviens de la SAQ avec ma nouvelle caisse de Syrah. J'ai aussi goûté au Cabernet, j'y reviendrai. Le niveau qualitatif est similaire, c'est juste que des Cabernets de Maipo de ce calibre c'est assez facile à trouver, et à bon prix. Alors que des Syrahs chiliennes de climat frais à ce prix, avec un profil Rhône Nord "clean" comme celui-là. C'est malheureusement encore très très rare.
J'aurais aimé voir la Syrah, Chono, dans la dégustation à l'aveugle du magazine CELLIER sur les vins de Syrah. Si Montes Alpha a fini deuxième... Les justifications après coup pour expliquer le classement élevé d'un vin de 18$ auraient été très drôles à lire!!!!
J'avoue que l'inclusion de la Syrah de Chono dans ce genre de panel (CELLIER) aurait bien plaisant à voir...bien meilleur que le Montès qui pourtant fait assez nouveau mode comme vin avec ses forts arômes de vanille.
RépondreSupprimerJe comprend aussi le point entre l'offre de bons cab vs de bonne Syrah dans cette gamme de prix, mais reste qu'un bon cab, c'est un bon cab !
En tout cas, bien hâte de lire tes commentaires sur le CS de Chono !
Pstrick
J'écoule mes dernières bouteilles de ce vin que je jugeais être fait pour une consommation en jeunesse. Il est encore très bon et assez fidèle à la description que j'en faisais ci-dessus il y a maintenant presque cinq ans. Toutefois, des signes d'évolution ont commencé à apparaître tranquillement. Il y a maintenant un aspect terreux au nez et une amertume un peu plus prononcée en bouche où le vin se montre sous un profil encore plus fin et léger. Ça demeure très agréable, mais si le vin gagnait encore plus en amertume, ou perdait un peu plus de fruit, l'équilibre serait alors compromis.
RépondreSupprimerJe ne pousserai donc pas l'expérience beaucoup plus loin. Les vrais vins de Syrah de longue garde ont besoin de plus de matière, la contrepartie étant qu'ils n'offrent pas la délicatesse de ce vin en jeunesse.
Claude