dimanche 21 février 2010

SAUVIGNON BLANC, AMAYNA, BARREL FERMENTED, 2007, LEYDA, VINA GARCES SILVA


Vina Garces Silva est à mon avis un des meilleurs producteurs du Chili. Un producteur emblématique de ce nouveau Chili vinicole axé sur la production de vins distinctifs et de grande qualité. J’étais donc très intéressé de découvrir ce que leur Sauvignon Blanc de Leyda pouvait donner lorsqu’élevé en barriques de chêne, une pratique encore très rare au Chili. On sait que la plupart des arômes variétaux de ce cépage sont dûs à des molécules soufrées, et que l’oxydation du soufre de ces molécules les rendent inodores. D’ailleurs, les Sauvignons non boisés sont souvent élaborés sous la protection d’un gaz inerte, justement pour préserver ces molécules aromatiques soufrées de l’oxydation. L’élevage en barrique de chêne produit l’effet inverse, par sa légère porosité qui permet une très lente oxydation du vin qu’elle contient. Je m’attends donc à retrouver un vin au profil passablement différent de celui de la version non boisée. Le vin est issus de vignes situées à une douzaine de kilomètres du Pacifique, et dont le rendement est faible, à seulement 30 hl/ha. Le vin est fermenté et élevé pendant un an en barriques neuves de chêne français. Le vin titre à 14.5% d’alcool, pour un pH de 3.25.

La robe est d’une jolie teinte dorée. Le nez est d’une intensité justement dosée et dégage un affriolant mélange d’arômes de fruits tropicaux et d’herbes doucement aromatiques, complété par des notes noix, de miel, de vanille et un aspect légèrement salin. En bouche, le vin est tellement voluptueux qu’il est impossible de parler d’attaque à propos de celui-ci. Le terme caresse est beaucoup plus approprié, et celle-ci est ample et langoureuse. La présence doucement fruitée de ce vin est simplement superbe, c’est riche, c’est rond, c’est gras, ça coule sans effort et c’est d’une superbe qualité. Comme au nez, le profil fruité est sur les fruits tropicaux intenses, aromatisés aux herbes douces, auquel un subtil aspect boisé vient s’ajouter. Le niveau de concentration est clairement supérieur, sur une texture quasi onctueuse. La finale fait penser à une grosse vague bien roulée qui viendrait s’échouer sur une plage de sable fin, et prenant un long moment pour se retirer.

Désolé pour le style métaphorique que ce vin m’a inspiré. Vous comprendrez que c’est sous l’inspiration du moment, et qu’en ce sens, ça demeure probablement très subjectif. Une chose est sûre toutefois, ce vin a solidement frappé une corde sensible chez moi. Je dirais qu’avec le Sauvignon Blanc, Cipreses Vineyard, 2005, de Casa Marin, mais dans un style diamétralement opposé, ce vin est le meilleur blanc du Chili qu’il m’ait été donné de goûter jusqu’à maintenant. Je ne suis pas un adepte du WOW!!! Peut-être parce que je bois trop de vins ordinaires!!... Mais dès le premier abord de ce vin, j’ai vraiment été impressionné. Impressionné par la qualité, bien sûr, mais aussi par le style, et par la nouveauté. Impressionné en tant qu’amateur de vin chilien en me disant: Le Chili est maintenant capable de faire ça! Impressionné par le progrès donc. Ce vin, pour moi, est clairement le symbole d’un pas en avant pour ce pays. Comme je l’ai dit plus tôt, il est tellement différent d’un Sauvignon non boisé et tranchant comme le Cipreses, mais en même temps, il est issu du même cépage et de la même région, et cette différence ne repose pas que sur l’usage de la barrique. C’est l’idée même derrière le vin qui est différente. Donc, pour moi, ça représente un pas en avant dans la qualité, mais aussi, et surtout, dans la diversification stylistique. Ce vin vaut amplement chacun des 29$ demandés, et conforte la haute opinion que j’ai de ce producteur élite. Après le Chardonnay, 2007, déjà disponible, leur Pinot Noir du même millésime fera bientôt sont apparition sur les tablettes de la SAQ.


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1 commentaire:

  1. Avec toutes les discussions de cette semaine sur les vins de Sauvignon Blanc, et leurs méthodes variables d'élaboration. J'ai eu l'envie de revisiter une exception dans le paysage du Sauvignon Blanc chilien. C'est-à-dire un vin de ce cépage élevé en barrique de chêne, et du chêne neuf en plus. En même temps, ça m'a permis de relire ce que j'en disais alors, et vous verrez que la teneur de mes propos sur l'oxydation des molécules thiolées n'a pas varié, et que dans ce cas, le vin ne m'a pas inspiré de comparaison ligérienne. Le caractère sauvignonné du vin est beaucoup moins marqué que dans ses contreparties élaborées en inox. Tellement qu'en pure aveugle, je ne suis pas sûr que je reconnaîtrais l'identité du cépage. Goûter ce vin s'est se convaincre que ce que j'avance à propos du bois n'est pas farfelu. Le CR du vin ci-haut est toujours fidèle à ce que j'en perçois, et le vin m'inspire toujours le même enthousiasme. Il s'agit sans l'ombre d'un doute d'un des meilleurs vin blanc chilien qu'il m'ait été donné de goûter. En conséquence, son prix de 29$ est plus que justifié. En terminant, j'aimerais ajouter qu'un vin comme celui-ci est un bon exemple montrant qu'on peut progresser dans sa compréhension du vin, tout en buvant en dehors des frontières traditionnelles des cépages impliqués.

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