samedi 27 février 2010

SYRAH, AMAYNA, 2008, LEYDA, VINA GARCES SILVA


Triste journée pour parler d’un vin du Chili avec le tremblement de terre de la nuit passée. Mais d’un autre côté, même si ça peut paraître futile, c’est une façon d’avoir une pensée spéciale pour les Chiliens et de leur souhaiter bon courage dans cette épreuve.

Le vin dont il est question, vient d’un producteur qui n’a plus besoin de présentation ici, tellement j’ai vanté ses mérites. Cette Syrah est un ajout récent à la gamme Amayna, ce 2008 n’étant que le deuxième millésime produit. Il fut élaboré à partir de 2.3 hectares de vignes plantées en 2003. Toutefois, les résultats ont été si impressionnants dès le premier millésime, qu’en 2008, 10 hectares supplémentaires on été plantés. Ce qui fait maintenant de la Syrah le cépage le plus planté de la propriété, juste devant le Sauvignon Blanc. Ces nouvelles vignes ne sont bien sûr pas encore en production, ce qui fait que la production demeure très limitée. À preuve, cette cuvée 2008 ne compte que 760 caisses. En plus de la faible superficie plantée, le rendement limité à 30 hl/ha contribue à la faiblesse actuelle de la production, mais aussi, du moins on le souhaite, à la qualité du vin. La vendange est effectuée manuellement, suivie d’un égrappage complet et d’une période de macération à froid de 10 jours, avant la FA. Le vin est ensuite élevé pendant un an en barriques de chêne français, neuves pour les deux tiers et de second usage pour le reste. Le vin titre à 14.5% d’alcool, pour un pH de 3.53.

La robe est d’encre, d’une opacité parfaite. Le nez est explosif, rien de moins, et exprime clairement l’identité du cépage, avec ses doux arômes de cerise, de poivre noir, de violette, de lavande, de bacon, de goudron et de fumée. À cela s’ajoute un aspect d’épices douces, comme la vanille, qui semble provenir de l’élevage en barrique. C’est le nez de rouge le plus séducteur qu’il m’ait été donné de croiser depuis un bon bout de temps. C’est à la fois très jeune et complexe, mais déjà abordable. Le caractère très expressif s’atténue graduellement dans l’heure suivant l’ouverture. Un passage en carafe pourra calmer l’exubérance si vous préférez cela. Le mieux étant de le suivre sur une longue période pour pouvoir apprécier l’évolution. Potentiel énorme. La bouche suit, avec la même verve. Le vin s’y montre éclatant, doux, intense, riche et complexe. C’est le type de vin qui va vers le dégustateur, mais sans agression, il se donne tout en douceur et en séduction. J’entends déjà le “G word” qui sortirait de la bouche de certains puritains québécois de la bouteille. Oubliez ce que pourraient en dire ces curés préférant le vin de messe!!! Le plaisir est là, à prendre, et ce n’est pas péché du tout, croyez-moi!!! Le milieu de bouche montre une matière vibrante et concentrée. Le volume demeure étonnamment modéré, compte tenu du style, et les tanins sont d’une finesse exquise. Ce vin coule facilement, trop facilement, compte tenu de son 14.5% d’alcool. Il faut se retenir pour éviter l’ivresse, même si le plaisir que donne ce vin en procure une d’un autre genre. La finale est harmonieuse, les saveurs s’y fondent admirablement, avec un sursaut d’intensité, avant un long déclin aux rémanences de chocolat noir.

Quel superbe vin!!! Une Syrah de très fort calibre pouvant rivaliser avec ce que ce pays fait de mieux. J’ai eu la chance de me procurer ce vin pour 29$, et à ce prix c’est un RQP de haut niveau. La qualité du vin pourrait facilement justifier le double. C’est bien entendu très jeune, mais déjà abordable, avec un profil très démonstratif à l’ouverture, qui se calme par la suite, et qui en aucun moment ne verse dans la caricature. Il faut juger un vin pour ce qu’il est, en fonction de son âge, et comme je l’ai déjà écrit, à ce stade, pas besoin de se casser la tête, tout est là, offert au dégustateur. Le vin possède une telle richesse de matière, que je suis convaincu de son fort potentiel de garde. Une dizaine d'années de pourrait le transformer en quelque chose de tout aussi bon, mais à la fois de bien différent. Quand on pense que ce vin est issu de vignes qui n'avaient que 5 ans d’âge, ça en dit beaucoup sur le potentiel de la Syrah dans la région de Leyda. Une chose est sûre, la grande qualité de ce vin ne fait que renforcer dans mon esprit le statut élite de Garces Silva parmi les producteurs chiliens. Je rappelle pour ceux au Québec qui pourraient être intéressés par Garcès Silva, que trois vins de marque Amayna, le Chardonnay, 2007 (24.75$), le Sauvignon Blanc, 2008, non-boisé (24.25$), et le Pinot Noir 2007 (32$), sont disponibles actuellement à la SAQ. J'ai déjà parlé du Chardonnay 2007. Je parlerai des deux autres dans les semaines à venir.


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6 commentaires:

  1. Olivier Collin4 mars 2010 à 16:40

    Bonjour Claude,

    Je suis un peu surpris par l'implication suivante dans ton texte :

    "Le vin possède une telle richesse de matière, que je suis convaincu de son fort potentiel de garde."

    Quel lien fais-tu entre la richesse d'un vin et son potentiel de garde? On connait des vins ultra riches australiens qui n'ont démontré aucune aptitude à la garde (Parker a écrit un article là-dessus il me semble) alors que des grands bordeaux du siècle passé ont affronté les décennies avec joie dans pour autant être riches.

    Merci pour d'éventuels détails.

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  2. Salut Olivier,

    À la relecture et face à ta perception, il est clair que mon commentaire portait à équivoque. Pour moi le terme richesse implique une certaine abondance, bien sûr, mais aussi la qualité.

    Comme tu le sais, prédire le potentiel d'évolution d'un vin, en se basant strictement sur le vin lui-même, et sur rien d'autre, est la chose la plus difficile dans le monde du vin. Je pourrais disséquer et analyser, mais au fond, c'est une question de sensation, reliée à une certaine expérience.

    Claude

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  3. En cette journée aux accents d'automne, j'ai décidé d'ouvrir une autre bouteille de ce superbe jeune vin. Mon enthousiasme à son sujet ne se dément pas. C'est rare que j'aime autant un vin si riche et si jeune. Un vin gourmand et de pur plaisir en ce moment.

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  4. mais ou le trouver sur paris ou passer commande?
    merci pour l'info
    d-simon@wanadoo.fr

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  5. Selon le site de Garces Silva, il n'y a pas d'importateur en France pour les vins Amayna. Toutefois le vin est disponible chez plusieurs vendeurs en Grande-Bretagne pour commande en ligne. J'ignore les règles européennes pour ce type de commandes, mais si c'est permis ça pourrait être une option.

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  6. Plus de quatre ans plus tard, je continue de suivre ce vin. Le vin a perdu beaucoup de son gras de prime jeunesse et est en train de se métamorphoser en vin très sérieux. L'identité de climat frais est très claire. Ça demeure riche à ce stade, mais l'évolution vers plus d'élégance est bien amorcée. Ce vin va confondre les sceptiques dans 10 ans à l'aveugle. La Syrah produit de beaux vins de garde au Chili dans une belle variété de styles, et elle va rejoindre le Cabernet sur le trône chilien en rouge. Ce n'est qu'une question de temps pour que ce fait soit reconnu.

    Claude

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