dimanche 14 février 2010

SYRAH, RESERVA, 2008, LIMARI, VINA CASA TAMAYA


La vallée de Limari est une région fraîche paradoxalement située au nord du Chili. Cette fraîcheur provient de son exposition directe au Pacifique, en l’absence de cordillère côtière dans cette partie du pays. J’ai dit que Limari était une région fraîche, en fait, le degré de fraîcheur est dépendant de la distance qui sépare les vignobles de la côte. Très à l’intérieur des terres, le climat peut-être aussi chaud que celui de la vallée centrale. Donc, au Chili comme ailleurs, la spécificité géographique est importante. Dans le cas de Tamaya, les vignobles sont situés à environ 20 km de la côte, comparativement à environ 30 km pour Tabali, un autre producteur de Limari, dont la Syrah est offerte au Québec. Donc, Tamaya jouirait en principe de conditions plus fraîches que Tabali. Mais un autre facteur très important dans Limari est la nature du sol. Certaines parcelles peuvent contenir de fortes teneur en calcaire. Pour ce qui est du vin, c’est en fait un assemblage comprenant 5% de Viognier. Il est issu de vignes de 11 ans d’âge, dont le rendement est limité à environ 45 hl/ha. La vendange est manuelle et a lieu tard, selon les standards chiliens, soit lors des deuxième et troisième semaines de Mai. À titre de comparaison, dans la vallée centrale on récolte la Syrah vers la mi-Avril. Ce vin est élevé pendant 9 mois en barriques de chêne, pour la moitié. L’autre moitié est demeurée en inox jusqu’à l’assemblage final. Le vin titre à 13.5% d’alcool et a été collé et filtré.

La robe est bien foncée et très légèrement translucide. Le nez est dégourdi et dégage des arômes de fruits noirs et rouges, évoquant la mûre et la cerise. Cet aspect fruité est complété par des notes de poivre noir, d’épices douces dans le registre du clou de girofle et de lavande. La bouche est ronde, avec un fruité doux et très intense, qui comme au nez est amalgamé à un aspect épicé bien présent. Un trait d’amertume arrive à tempérer quelque peu l’intensité et la douceur du fruit. En milieu de bouche, l’explosion de saveurs fruitées et poivrées se poursuit, avec toute la concentration voulue et un bon volume. Le vin est relativement peu extrait au niveau tannique, et les tanins présents sont doux et veloutés. La finale poursuit dans la voie tracée, et en remet même une couche, avec encore plus d’intensité, et une très bonne allonge.

Voici une Syrah chilienne qui m’a fait penser à une argentine. Ce vin montre un profil général qui, tant au niveau aromatique, que de la structure, me rappelle la Syrah/Bonarda, Crios, de Susana Balbo, qui vient de la région de Mendoza en Argentine. Le style est plutôt du côté Nouveau Monde du spectre stylistique, surtout à cause de l’intensité du fruit, mais certaines caractéristiques du cépage sont bien présentes, comme le caractère poivré. C’est un vin qui offre beaucoup de matière et de concentration, ainsi qu’une longueur franchement renversante pour un vin de ce prix (13.95$). Bien sûr, c’est un vin encore très jeune, mais il possède une matière tellement généreuse, que je suis convaincu qu’il a ce qu’il faut pour une garde d’au moins cinq à sept ans. Une garde qui pourrait selon moi donner des résultats surprenants. J’ai souvent vu des petites bombes chiliennes du genre se métamorphoser avec quelques années en bouteille. Je pense que ce vin est un bon candidat pour réaliser ce type d’exploit. Dans un cas comme celui-ci, il faut simplement oublier le prix, car il est carrément trompeur. Je sais que j’ai l’air d’un vieux disque vinyle où l’aiguille est restée accrochée, mais si ce vin était d’une origine plus reconnue et prestigieuse, il pourrait facilement se vendre le double. Très bel achat.

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2 commentaires:

  1. Retour sur ce vin un an et demi plus tard. Le vin m'est apparu comme encore meilleur et son caractère de Syrah de climat frais ressortait mieux. J'y ai perçu des similarités avec les vins de Syrah de la vallée de Elqui (Falernia et Chono). Je bois pas mal moins qu'avant et il y a longtemps que je n'avais pas vidé une bouteille à moi seul en une soirée. Ce vin était si bon et si facile à boire qu'il a réussi à me faire tomber dans l'excès. Une fois n'est pas coutume. Heureusement, ce matin rien n'y paraît. Pour moi cette expérience est une autre confirmation que pour des vins très jeunes, un an ou deux supplémentaires en bouteille peuvent faire une bonne différence sur le profil du contenu et son agréabilité.

    Claude

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  2. Une autre année au compteur pour ce vin et il est vraiment délectable. Aucun caractère de vin évolué, le profil est toujours à la jeunesse,avec une personnalité de climat frais bien affirmée. Ce vin montre bien qu'il est hasardeux de porter un jugement sur des vins très jeunes, peu importe leur origine.

    Claude

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