samedi 5 décembre 2009

SAUVIGNON BLANC, SINGLE VINEYARD, 2008, ACONCAGUA COSTA, ERRAZURIZ



Comme je l’écrivais dans un message précédant. Une des raisons pour lesquelles j’aime le Chili vinicole est la possibilité de suivre une histoire en plein développement. Ce pays a résolument pris le virage terroir et il est stimulant de pouvoir goûter certains des premiers vins issus de ces nouveaux vignobles, plantés dans des endroits jusqu’ici inexploités pour la viticulture. Même les producteurs historiques du pays prennent ce virage. C’est le cas de la maison Errazuriz. Elle avait déjà amorcé ce mouvement, il y a une quinzaine d’années, en plantant dans la fraîche région de Casablanca pour la production de ses vins blancs et de Pinot Noir. En 2005, elle a décidé de pousser plus loin cette logique en plantant les premières vignes de ce qui allait devenir le domaine Manzanar, situé dans la partie côtière de la vallée de l’Aconcagua, à seulement 14 km de l’océan Pacifique. En plus du Sauvignon, on y a aussi planté du Chardonnay, du Pinot Noir, du Merlot et de la Syrah. En développant ce nouveau domaine côtier, Errazuriz prend clairement exemple sur le succès de la région de San Antonio/Leyda, située un peu plus au sud. D’ailleurs, Errazuriz n’est pas le seul à étendre le vignoble chilien vers la côte. Montes s'est établi lui aussi sur la côte, un peu au nord de Errazuriz, à Zapallar, qui est la portion côtière de la petite vallée de Choapa. Plus au sud, Concha y Toro développe actuellement un nouveau domaine ambitieux près de l’embouchure du fleuve Rapel, dans ce qui pourrait être appelé Cachapoal Costa, et Casa Silva fait la même chose, encore un peu plus au sud, dans l’extension côtière de la vallée de Colchagua.

Pour ce qui est de ce Sauvignon Blanc, il s’agit du premier vin issu du Domaine Manzanar, où quatre clones du cépage ont été plantés (1, 107, 242, 376). J’ignore pourquoi, mais il semble que les jeunes vignes de Sauvignon Blanc soient prêtes plus rapidement que d’autres cépages à donner un premier vin. Dans ce cas-ci, après seulement trois ans. Il est donc clair que ce vin n’est qu’un premier pas, et que le plein potentiel reste à développer. Ce Sauvignon a été élaboré en inox, à basse température de fermentation (12-15° C), en minimisant le contact avec l’oxygène, pour préserver au maximum les arômes variétaux soufrés, facilement oxydables. Le vin n’a pas subit de fermentation malo-lactique, pour conserver le plus possible de fraîcheur. Voyons maintenant le résultat de ce coup de départ.

La robe est de teinte jaune, aux reflet verdâtres, tout de même assez foncée pour un jeune vin de ce cépage. Le nez montre beaucoup de fraîcheur et une belle justesse d’expression, exhalant des arômes de citron, de zeste de pamplemousse, d’herbe coupée, de poivron vert, ainsi qu’un très léger aspect évoquant les fruits tropicaux en arrière-plan. Très beau nez de Sauvignon, d’une étonnante profondeur, complexe, et à l’équilibre réussi entre l’aspect fruité et le caractère végétal. En bouche, le vin surprend par la richesse de sa matière, ainsi que par son amplitude et sa rondeur en attaque. L’acidité est bien présente pour soutenir l’ensemble, et apporter la fraîcheur nécessaire, mais elle n’est pas tranchante. Le milieu de bouche permet de confirmer les impressions initiales, de constater l’aspect minéral du vin, et de se convaincre de son excellent niveau de concentration, sur un bon volume et un bon équilibre. Le finale fraîche et harmonieuse, rehausse le caractère minéral, sur une longueur de bon calibre.

Ce vin est un premier essai très réussi. En fait, je demeure étonné qu’un si bon vin, avec autant de richesse et de matière puisse être élaboré à partir de si jeunes vignes, même si ce n’est pas la première fois que je constate le phénomène. Une chose est sûre, si l’âge des vignes est vraiment un facteur qualitatif déterminant, les vins de ce domaine seront vraiment formidables dans quelques années. Le terroir semble vraiment s’exprimer dans ce vin. L’aspect côtier se révèle, et en ce sens, je l’ai trouvé plus près des vins de Sauvignon de San Antonio/Leyda, que de ceux de Casablanca. C’est vraiment un superbe effort de la part d’Errazuriz, l’occasion de goûter le fruit d’un pays vinicole résolument en marche vers la diversité et encore plus de qualité. Le plus beau, c’est que ce premier né est offert pour aussi peu que 15.95$ à la LCBO, ce qui en fait un RQP de tout premier ordre.

1 commentaire:

  1. Retour sur ce vin trois jour plus tard. Non seulement a-t-il bien tenu en demie, au frigo, mais il me semble encore meilleur que mes impressions de samedi dernier. Plus épanoui, mieux équilibré. Si vous avez une chance de mettre la main sur ce vin, il en vaut vraiment le coup.

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