mardi 17 novembre 2009

Pourquoi j'aime le Chili (petite suite)

Je reviens brièvement sur le sujet simplement pour mentionner qu'il n'y a pas que des chroniqueurs américains qui voient le Chili comme le meilleur pays au niveau du RQP. C'est le constat qui est fait dans "Le Guide du Vin 2009" de Michel Phaneuf et Nadia Fournier. D'ailleurs, Nadia y va d'un bon texte sur ce pays où elle parle de nouveaux horizons, donnant en exemple la vallée de Limari située au nord du pays. C'est bien de voir du sang neuf dans le domaine de l'écriture vinicole au Québec. Bravo Nadia!

Parlant de RQP chiliens. J'en déguste un en ce moment. Soit le Cabernet Sauvignon, Santa Digna, 2007, Curico, Torres. Un vin que j'ai redécouvert avec bonheur sur le millésime 2006, et dont la qualité est vraiment splendide en 2007.

5 commentaires:

  1. Salut Claude,

    J'ai commencé à m'interesser au vin dans les années 90. A mes début je ne jurais que par le Chili (j'ai d'ailleur accumulé des verticales de Cousino macul, Errazuriz max reserva, Carmen et j'en passe..)Je me suis ensuite interesser aux autres pays, c'est à partir de là que je me suis mis à percevoir et moins tolérer le coté végétal des vins chilien. Dans les dégustations à l'aveugle de notre club je démasque les vins chilien à 100%.

    Pourquoi selon toi on ne retrouve pas cette particularité dans les vins haut de gamme du Chili et pourquoi ne retrouve t'on pas cette particularité en Argentine qui est pourtant son voisin?

    Les nouvelles régions chiliennes ont elles la même particularité?

    Lâche pas ton bon travail Claude.

    Paul

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  2. Salut Paul,

    Je n'ai pas le temps de te répondre comme il faut ce soir. Je reviendrai demain ou ce week-end car c'est un sujet qui plus complexe qu'il en a l'air et qui m'intéresse.

    Claude

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  3. Salut Paul,

    Tu pose-là une question importante à propos du Chili. Pourquoi le côté végétal de certains vins chiliens ne te dérangeait pas à tes débuts dans le vin et pourquoi te dérange-t-il maintenant? En quoi goûter d’autres vins différents rend-t-il les chiliens que tu aimais auparavant moins bons? Je ne peux pas répondre à ta place, mais j’ai mon idée de façon générale à ce propos. Personnellement, je pense que l’amateur assez sérieux qui progresse dans la découverte du vin est confronté assez rapidement à une définition de ce qu’est le bon goût classique, c’est-à-dire européen, surtout français. Il y a des déviations aromatiques très communes dans les vins européens, entre autres dues aux levures brettanomyces, et qui sont acceptables pour plusieurs, car elles sont intégrées à ce goût classique. Des arômes qu’on doit apprendre à aimer si on veut embrasser pleinement les grands vins européens. Dans le cas du fameux côté végétal de certains rouges chiliens, selon moi, c’est le phénomène inverse qui se produit. Surtout ici au Québec où le goût français est enseigné depuis toujours. Certains chroniqueurs ici ne peuvent parler de rouges chiliens sans parler de feuilles ou de plants de tomate. Que ce soit pour en dénoter, à leur avis, la présence, ou pour en remarquer l’absence. Toutefois, il est intéressant de noter que ce cas est unique au Québec. J’ai fait de nombreuses recherches sur internet avec des mots clés en français, en anglais et en espagnol, et il n’y a qu’au Québec qu’on parle de plants de tomate à propos des vins chiliens et où cet aspect végétal est noté de manière si négative. J’ai participé à une dégustation thématique sur le Chili récemment, et une participante avait apporté un sac plein de ces fameuses feuilles de plant de tomate. Il était clair que cet arôme très puissant et très vert ne se retrouve pas dans les vins chiliens. Selon moi, l’arôme signature des rouges chiliens est un arôme de cassis frais très intense. D’ailleurs, dans mes recherches, c’est l’arôme qu’on associe le plus souvent aux rouges chiliens. Toutefois, malgré que le cassis soit un arôme considéré comme fruité, il y a selon moi dans celui-ci, une partie rappelant un côté végétal.

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  4. (SUITE) Cela dit, est-ce à dire qu’il n’y a pas d’arômes végétaux dans les rouges chiliens? Bien sûr que non. Ça existe dans certains vins, et moins, ou pas, dans d’autres. C’est souvent une question de mélange d’arômes. On parle souvent d’eucalyptus ou de menthol. Il y a aussi parfois du poivron vert et rouge, comme dans certains bordeaux, ou rouges de la Loire. Au-delà de tout cela, est-ce qu’il y a une typicité chilienne dans l’expression végétale globale. Je pense que oui. Est-ce mauvais? Là est toute la question. Tout est question de mesure et de mélange des divers éléments, mais c’est certain que si on se fait dire, comme souvent ici au Québec, que c’est mauvais. Il y a des chances qu’on intègrent cette typicité aromatique de plusieurs jeunes rouges chiliens comme négative. Je parle de jeunes rouges, car selon mon expérience, c’est un aspect qui s’atténue pour finalement disparaître avec l’âge. Par exemple, les Cabernets chiliens d’un certain âge sont souvent confondus avec des bordeaux. Cette typicité végétale est un caractère de jeunesse qui disparaît avec l’oxydation lente des molécules thiolées qui en sont responsables. Toutefois, cet aspect végétal de jeunesse est de mieux en mieux contrôlé. De plus en plus de rouges chiliens ne le montrent pas, on contrôle mieux la culture de la vigne, et les techniques de vinification. Aussi, selon mon expérience, ce caractère est surtout lié aux vins de cépages bordelais issus de la chaude vallée centrale. Je me demande aussi si l’absence de greffage pour 95% des vignes au Chili, contrairement au reste du monde, n’est pas en jeu dans cette particularité chilienne. Personnellement, j’ai assisté à plusieurs dégustation où des Cabs de Maipo avec de l’âge et pas chers (Cousino Macul Antiguas Reservas, Santa Rita Medalla Real, Santa Carolina Reserva de Familia) ont été pris pour de très bon bordeaux à point, sans que personne ne parle d’aspect végétal chilien. Par contre, les mêmes vins en jeunesse sont facilement identifiés comme chiliens et parfois méprisés.

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  5. Claude,

    Les producteurs réussissent souvent à maitriser cet aspect végétal dans leur cuvée haut de gamme. J'ai déja comparé un merlot cuvé alexandre vs le clos apalta pour le meme millesime, la différence est marquante. Peut-etre est-ce relié à la baisse du rendement pour les grande cuvées. De toute façon, toute est une question de perception et de gout personnel.

    Je vais bientôt ouvrir mes vieux millesime, j'hate de voir leur évolution.

    Merci pour ta réponse Claude

    Paul

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