mardi 10 novembre 2009

CHARDONNAY, 2008, CASABLANCA, VINA ARBOLEDA




Vina Arboleda est une création de Eduardo Chadwick. Celle-ci est présentée comme une “boutique winery”, mais ses activités se confondent un peu avec celles de Vina Errazuriz. Les deux sont centrés sur des vins de la vallée de l’Aconcagua pour les rouges et Casablanca pour les blancs. De plus, Francsco Baettig est le “winemaker” en chef pour les deux étiquettes. Finalement, les raisins pour ce vin proviennent du même vignoble que ceux servant à élaborer la cuvée “Wild Ferment” de Errazuriz. Donc, beaucoup de similarités, mais deux vins du même cépage passablement différents, à tout le moins, selon ma perception à quelques semaines d’intervalle. La preuve à mon avis que si le bon vin se fait au vignoble, ce sont les décisions de l’homme qui impriment le style. Dans le cas de ce vin, 45% du moût a été fermenté avec des levures indigènes, alors que le reste a été fermenté avec des levures sélectionnées. De façon surprenante, ce vin voit moins de bois neuf (8%) que le “Wild Ferment” (21%). La contre-étiquette du Arboleda parle d’un vin robuste, c’était très vrai la journée de l’ouverture, où le vin était tout d’un bloc et avait l’air massif. Toutefois, le lendemain, il m’a semblé moins “rentre dedans”, plus subtil, même si ça demeurait un vin volontaire. Le CR qui suit représente mes impressions du deuxième jour où le vin me semblait vraiment à son mieux.

La robe est d’une belle teinte or pâle. Le nez s’exprime avec une certaine modération sur des arômes de pêche, d’orange et d’ananas, complétés par de subtiles notes boisées, une touche de maïs en grains et un léger côté rappelant la noisette grillée. En bouche, l’attaque est équilibrée, dans un style rond et assez volumineux. Les saveurs fruitées sont éclatantes et de très bonne intensité, avec un léger côté boisé/épicé qui vient agrémenter l’ensemble. Le milieu de bouche permet de prendre la mesure du niveau de concentration élevé de ce vin. C’est très intense et riche, mais le vin possède une onctuosité qui permet d’amortir un peu cette énergie gustative. La finale poursuit dans la même veine d’intensité et de richesse, avec un beau fondu de saveurs et une longueur de bon calibre.

En matière de vin, quoi qu’on en dise, quand la qualité est au rendez-vous, le suite est affaire de style. Certains ne prêcheront que par la finesse, c’est légitime. Toutefois, ceux qui adoptent cette position restrictive semblent bouder de possibles plaisirs pour des raisons qui semble parfois étrangères au vin lui-même, lorsqu’il est de qualité. Disons les choses clairement, ce vin n’est pas un parangon de finesse. Toutefois, il brille autrement, par sa richesse et son intensité, par la générosité de sa matière, tout en sachant demeurer un vin équilibré dans son style. Je pense que si un blogue comme celui-ci dédié aux vins de l’hémisphère sud a un sens, il ne peut faire autrement mettre de l’avant ce genre de vin et proférer leur légitimité. La beauté du vin réside dans la diversité, et un vin comme ce Chardonnay, par sa palette aromatique et par son énergie contribue à enrichir cette diversité. Ici, on est très loin du prototype bourguignon, et c’est tant mieux ainsi. Ça montre une facette nouvelle de ce que le cépage Chardonnay peut donner, ni meilleure ni pire, simplement différente, pourvu que le vin soit de qualité, et il l’est. Si mon propos vous rejoint le moindrement, n’hésitez pas à faire l’essai de ce vin. Je recommande toutefois un passage en carafe de quelques heures, suivi d’une remise en bouteille pour consommation le lendemain. Fait intéressant, la LCBO vient de mettre sur le marché le millésime 2007 de ce vin. Si j’en ai la chance, je vais l’acheter et vous en reparlerai ici, histoire de voir un peu, même si ce n’est pas le même vin, ce que le temps en bouteille peut apporter à cette cuvée.

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