Combien de fois en lisant des notes de dégustation lit-on que le vin était bon, mais bien trop jeune, et qu'il sera bien meilleur dans quelques années. Le mot infanticide est un mot à la mode dans le petit monde des amateurs de vin. C'est un mot souvent employé, car c'est un mot qui reflète une réalité. L'amateur boit surtout des vins jeunes. Il y a une bonne raison pour cela, la grande majorité des vins mis en marché sont des vins jeunes. Souvent trop jeunes. Personnellement, à force d'expérience, je me suis aperçu que je préférais les vins qui avaient eu le temps de se développer un peu en bouteille. Je ne parle pas de vins très vieux, mais de vins qui ont eu le temps de développer de nouveaux arômes et de polir certains angles. En fait, je préfère tellement ce type de vins, que c'est ce que j'aimerais ouvrir la plupart du temps. Actuellement, j'aimerais surtout ouvrir des vins de la fin des années 90, ou du début des années 2000. Mais pour surtout boire ce type de vins, il faut s'être constitué une forte réserve, et il faut avoir été patient. Présentement, je suis en train de me constituer cette réserve. J'achète beaucoup plus que je ne bois, et ça explique aussi en partie pourquoi je suis encore très axé sur la notion de rapport qualité/prix.
Garder du vin coûte de l'argent. Les sommes investies ne profitent pas ailleurs. Pour l'amateur aux moyens relativement limités, le seul moyen de se constituer une forte réserve est de miser sur des vins de prix plutôt abordables montrant un très bon RQP. Aussi, j'aime bien mettre de côté des cuvées plus modestes, moins concentrées. Ces vins sont plus faciles à boire, procurent souvent plus de plaisir, et ont une courbe d'évolution généralement plus rapide. La grosse cuvée très concentrée et bien boisée coûtera beaucoup plus cher à l’achat, et prendra beaucoup plus de temps à se développer, ce qui aura pour effet, à terme, d’en augmenter encore plus le prix. Ceci sans compter qu’en matière de garde, l'évolution heureuse ne peut qu'être espérée, car rien n'est certain en cette matière, même si des vins ont un historique bien établi.
Enfin, tout cela pour dire que mon approche RQP inclus le facteur garde, et mon désir de pouvoir boire ce genre de vin sur une base très régulière. Entre l'infanticide régulier de grosses cuvées et le plaisir que peut offrir un vin en apparence plus modeste, mais bien développé en bouteille. Pour moi le choix est fait et il a été facile. D'ici quelques années, je pourrai cesser de me plaindre que les vins que j'ouvre sont trop jeunes. Ceci sans compter le plaisir qu'il y a à ouvrir une bouteille qu'on a eu la patience de garder. C'est comme si de par notre patience et notre acte de foi dans une bouteille donnée, le vin qu'elle contient devenait un peu notre création. Si le résultat est positif, on se félicite et en plus du plaisir sensoriel, on en tire aussi un brin de fierté. Cela est d'autant plus vrai lorsqu'on a misé sur des vins peu renommés, en se basant sur notre évaluation des qualités du vin.
lundi 16 novembre 2009
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