dimanche 23 janvier 2011

Sortir de mes sentiers battus

Sortir de mon ordinaire, de ce que je connais bien, c’est ce que j’ai fait vendredi soir passé. Moi le buveur un peu obsédé par le fameux rapport qualité/prix, l’amateur de vins chiliens, je me retrouvais à participer à une dégustation de bordeaux 2000 de bonne réputation. Il y avait longtemps que j’avais participé à un tel exercice. C’est donc avec un regard frais que je me proposais d’aborder ces vins. Le thème de la soirée me plaisait, car nous avions affaire avec des vins d’un âge qui m’est familier, d’un millésime réputé, et qui, de réputation du moins, font partie de l’élite de la région. Moi qui, depuis un certain temps déjà, navigue à vue sur mon esquif chilien. Je me disais que cette dégustation pourrait renouveler mes points de repère. M’aider à remettre en contexte mes impressions lorsque je déguste des vins de cépages bordelais.

Je pense avoir atteint le but que je visais, tout en ayant le plaisir de partager en personne avec des passionnés. Mon premier constat, sans surprise aucune, c’est que j’aime le bon vin français. D’ailleurs, en goûtant ces vins, je me disais que le mépris que cette région s’attire auprès de certains amateurs idéologiques n’avait rien à voir avec le vin lui-même. Ces vilains gros domaines capitalistes, où règne apparemment l’oenologie moderne, savent quand même faire du bon vin. Du vin avec de la classe et une identité bordelaise évidente, surtout au stade actuel d’évolution de ces vins du millésime 2000. D’ailleurs, le podium de la soirée comprenait les deux seuls rive droite de la sélection, ainsi que mon offrande, le Château Kirwan, déjà qualifié de Pomerol de la rive gauche, élaboré alors sous les conseils du vilain Michel Rolland... Mondovino démonté, et qui a dit que les Québécois avaient un palais européen classique? Pour ma part ces résultats me rassurent plus qu’autre chose. Personnellement, c’est Cos d’Estournel que j’ai pris pour un vin de la rive droite. Insaisissable Merlot... Voici d’ailleurs mon ordre de préférence pour les vins de cette soirée:

1- Château La Gaffelière, Saint-Emilion
2- Château Haut-Bages Libéral, Pauillac
3- Château Kirwan, Margaux
4- Château Brane Cantenac, Margaux
5- Château Latour à Pomerol, Pomerol
6- Château Cos d’Estournel, Saint-Estèphe
7- Château Lagrange, Saint-Julien
8- Château Sociando-Mallet, Haut-Médoc

Les six premiers vins étaient très proches en terme de qualité, donc difficiles à départager. Aussi, j’ai trouvé que les vins, de manière générale, étaient à un beau moment de leur évolution, mais celle-ci est très loin d’être terminée. Les amateurs de notes tertiaires peuvent laisser dormir leurs bouteilles encore longtemps. Comme vous pouvez le voir, j’ai apprécié ma soirée et la majorité des vins, même si dans ce type d’exercice, la notion de RQP qui me préoccupe tant était évacuée. Cette dégustation n’a pas changé mes convictions en la matière. D’ailleurs, je pense que ce type de vins se situe hors d’une démarche RQP, et que la plupart de ceux qui s’y intéressent en sont conscients. Les grands crus classés de Bordeaux sont la plupart du temps des vins de très belle qualité, mais en même temps, ce sont des produits de luxe. Bien sûr cela est déplorable pour l’amateur pas très fortuné, mais c’est la réalité. Je lisais d’ailleurs un texte intéressant de Jancis Robinson cette semaine qui abordait ce sujet (voir lien). Mme Robinson fait partie de ces critiques britanniques au palais européen, et pourtant, elle dit que l’écart entre le meilleur de la France et le meilleur d’ailleurs, en particulier du Nouveau-Monde, continue de s’amoindrir. Toutefois, selon elle, cela ne menace en rien l’élite du vin français, car celle-ci véhicule une image de marque recherchée, et que ce faisant, les vins français prestigieux ne sont pas en compétition directe avec le reste de l’offre mondiale. Je suis parfaitement en accord avec elle. Pour moi, la France et ses meilleurs vins sont une référence qu’il est périodiquement agréable de visiter. Agréable pour la qualité incontestable des vins, mais agréable aussi parce que cela me confirme la validité de ma démarche. Sortir de mes sentiers battus, donc... pour mieux y revenir.

http://www.fouduvin.ca/viewtopic.php?f=21&t=17409

http://www.ft.com/cms/s/2/c3acd786-1df0-11e0-badd-00144feab49a.html#axzz1Ba2swhkE



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