dimanche 30 mai 2010

SYRAH, LEGADO, RESERVA, 2006, CHOAPA, VINA DE MARTINO


De Martino est un des producteurs chiliens ayant joué un rôle de pionnier dans la révolution terroir prise par l’industrie vinicole de ce pays, d’ailleurs, cela se reflète dans sa devise qui est: “Réinventer le Chili”. Dans le cas de cette Syrah, qui est le premier et toujours unique vin du pays portant l’appellation “Vallée de Choapa”, on peut dire que la devise a été mise en action. Cette nouvelle région est située dans la partie la plus étroite du Chili, au nord de la région d’Aconcagua, et au sud de Limari, à 45 km du Pacifique, dans le piedmont des Andes, à 825 m d’altitude. La vin a été élevé un an en barrique de chêne français et titre à 14.5% d’alcool.

La robe est très sombre et parfaitement opaque. Le nez est d’une intensité bien calibrée et dégage des arômes fruités de belle qualité, avec la cerise qui ressort clairement. À l’ouverture, on retrouvait un caractère de viande fumée bien présent, mais celui-ci a diminué graduellement par la suite, pour laisser la place à des notes de vanille, de girofle, de lavande, et une très légère touche goudronnée. Superbe nez qui montre un vin sorti de sa prime jeunesse, dégagé de l’empreinte boisée qui marque les vins encore trop jeunes, mais avec encore toute la fraîcheur juvénile de son fruit qui peut maintenant s’exprimer librement. En bouche, le ravissement se poursuit avec un vin à la fois ample et frais, déployant une riche matière dominée par un fruité vibrant, où la cerise tient toujours le premier rôle. La structure est assez volumineuse, mais une saine dose d’acidité apporte du tonus à l’ensemble. Le milieu de bouche révèle un niveau de concentration supérieur, et permet de s’étonner encore un peu plus face à la qualité de matière de ce vin. La trame tannique est généreuse, mais bien intégrée, veloutée. La finale apporte une conclusion logique, avec un sursaut d’intensité qui marque un mariage des saveurs très réussi et une longueur simplement impressionnante, digne d’un très bon vin.

Le vin est un liquide intriguant, souvent rempli de surprises, avec lequel il faut se méfier des constats définitifs, et avec lequel il faut parfois avoir la foi. Dans un élan d'enthousiasme, j’avais acheté une caisse de ce vin en Août 2009, et la première bouteille ne m’avait pas convaincu. On pouvait constater la générosité de la matière, mais le profil aromatique n’était pas le même qu’aujourd’hui, beaucoup moins séduisant, et en bouche, le vin semblait manquer d’équilibre. Je ne sais pas si c’est une de ces fameuses variations entre bouteilles, ou encore une meilleur disposition du dégustateur aujourd'hui, ou bien le repos tranquille du vin au cellier pendant dix mois. Toujours est-il que ce vin que j’ai failli retourner au détaillant, se révèle aujourd’hui d’une superbe façon. La patience, et la confiance que j’avais en De Martino, auront porté de généreux fruits. Aujourd’hui, je me retrouve avec un vin que je considère comme un de mes meilleurs achats de la dernière année en terme de RQP. À 16.95$ la bouteille, la qualité est simplement renversante, et avec les nombreuses bouteilles qui dorment toujours, je pourrai le suivre tranquillement dans les années à venir. D'ailleurs, sur la caisse de ce vin, il écrit: De Martino, surprising hand crafted wines from Chile. Celui qui a pondu cette phrase ne croyait pas si bien dire, car ce vin m'a réellement surpris. Finalement, de la façon dont il se présente aujourd'hui, on obtient un vin qui est encore du côté Syrah des choses, avec de la fraîcheur, même si le profil fruité est plus mature et généreux que ce que le Chili peut produire dans les régions plus fraîches, plus rapprochées de la côte. C'est un bel exemple pour illustrer la palette de styles maintenant possibles avec ce cépage dans ce pays qui décidément se réinvente chaque année un peu plus.


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1 commentaire:

  1. Bien content de lire ton commentaire sur ce vin. J'avais hâte de lire tes impressions puisque la bouteille ouverte en septembre dernier m'avait donner un plaisir beaucoup plus grand que le prix payé. Un coup de coeur quoi. Dommage qu'il ne m'en reste qu'une...

    Patrick

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