mardi 23 février 2010

CABERNET SAUVIGNON, CUVÉE ALEXANDRE, 1998, COLCHAGUA, CASA LAPOSTOLLE


Depuis quelques années, j’empile les bouteilles de rouges chiliens pour la garde. Mon expérience m’ayant clairement montré que ce sont de très bons vins de garde, à prix souvent imbattables. J’adore les rouges entre deux âges qui ont poli leurs angles, affiner leur profil, avec un fruit moins primaire, et ayant gagné des notes d’évolution. Je rêve du jour où je pourrai ouvrir ce genre de vin sur une base très régulière. Entre-temps, je dois me contenter d’une bouteille à l’occasion. Chaque fois, j’espère que la bouteille choisie validera ma démarche. Le cauchemar serait de me retrouver dans quelques années avec une cave remplie de vins décevants, n’ayant pas évolué comme je l’espérais. Donc, à chaque nouvelle bouteille, j’ai une légère angoisse. Cette fois, j’ai choisi un vin d’un producteur renommé, mais du pire millésime de l’histoire moderne du Chili. 1998, c’est l’année où le phénomène “El Niño” a frappé le plus fort au Chili. Une année très fraîche et pluvieuse, selon les standards chiliens. Toutefois, un peu de pluie, et un peu de fraîcheur dans la chaude vallée de Colchagua, ce n’est pas nécessairement un désastre. Là comme ailleurs, les décisions humaines peuvent faire la différence en bout de ligne. Ce vin est issu de vignes de 60 ans d’âge, non irriguées, et a été élevé pendant un an en barriques de chêne français. Il titre à un très raisonnable 13.8% d’alcool.

La robe est encore foncée au centre, mais passablement translucide, avec un pourtour orangé. Le nez module ses arômes avec modération, montrant un beau mélange de fruit évolué, de la cerise et des raisins secs, du bois de cèdre, du sous-bois, et des épices douces donnant une impression d’exotisme. Beau nez de vin à mi-course de son évolution, complexe et transformé par le temps. En bouche, le vin est d’une richesse surprenante. Il remplit la bouche dès l’attaque, avec un volume étonnant pour un vin de cet âge. Le mélange évolué perçu au nez se répercute en bouche, mais avec une intensité rehaussée, et encadré par une trame tannique à la fois bien solide et raffinée. Ce vin possède encore beaucoup de présence et toute la structure souhaitée. Le milieu de bouche permet de jouir de son très bel équilibre, avec encore un fort niveau de matière et de concentration de saveurs. La finale n’est pas en reste et conclue dans l’harmonie le parcours exquis de ce nectar, sur une persistance de bon calibre.

Comblé et rassuré. Voilà mes sentiments face à ce vin. Il est toujours plaisant, peu importe l’origine du vin, d’ouvrir une fiole que l’on a patiemment gardée, et qui répond en tout point à nos attentes. C’est ce que j’ai obtenu avec cet excellent vin. On goûte ce vin, et ne peut que rire des notes de 85 (WE) et 87 (WS) qu’il a obtenu à l’époque. Une autre preuve, s’il en fallait, de l’absurdité et de la courte vue de cet exercice. Les vins de Merlot et Cabernet de la gamme “Cuvée Alexandre” étaient parmi les premiers vins chiliens que j’ai mis en cave. Cette bouteille me prouve que c’était une bonne décision. Casa Lapostolle est, sans l’ombre d’un doute, un producteur de grande qualité. Toutefois, depuis le millésime 2002 j’ai cessé d’acheter ces vins. Le Chili a beaucoup évolué depuis, et j’ai depuis découvert des vins de producteurs chiliens moins connus et réputés, mais d’aussi bonne qualité, sinon meilleurs, et vendus ici au Canada pour bien moins cher. Il faut dire que les vins de la gamme “Cuvée Alexandre” sont vendus beaucoup trop chers au Canada, par rapport aux États-Unis. J’ignore pourquoi. Ce vin se vend autour de 20$ aux États-Unis, et ici on en exige 35$. Le vin vaut les 35$ demandés si on compare avec des vins de qualité similaires, d’autres origines. Cette bouteille de 1998 en est un bel exemple, mais c’est une question de compétition. Il est frustrant de devoir payer beaucoup plus cher qu’ailleurs, surtout lorsqu’il y a des producteurs chiliens qui ne prennent pas les Canadiens pour des valises. Continuez de me lire pour connaître les vins chiliens avantageux qu’il faut acheter aujourd’hui. Il faut se rappeler qu’en 1998, des régions comme Elqui, Limari, San Antonio/Leyda, Bio Bio, n’existaient même pas sur la carte vinicole du Chili, tout comme bon nombre de très bons nouveaux producteurs de la nouvelle vague. Ceci sans compter les anciens qui élevé leur niveau. Alors chapeau à Casa Lapostolle pour avoir tracé la voie de du vin de qualité au Chili, mais à moins d’une baisse de prix, je continuerai d’aller voir ailleurs.

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2 commentaires:

  1. Pas mal intéressant.
    On est dans le même registre que le Santa Carolina Reserve 97 ? Ce vin m'avait impressionné. Lequel est le mieux selon tes souvenirs ?

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  2. Le niveau qualitatif était similaire au Reserva de Familia, 1997, de Santa Carolina. De mémoire, il est difficile de vraiment établir mon préféré, mais avoir à choisir, j'irais avec le Santa Carolina car par expérience, je préfère en général le profil des Cabs de Maipo, à ceux de Colchagua. En plus, le Santa Carolina était vendu 20$ comparé à 35$, ça rejoint ma conclusion sur les vins de Lapostolle.

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