vendredi 22 avril 2011

Un mois sans vin

Vous avez sûrement remarqué que c’est plutôt tranquille ici depuis un mois, surtout en ce qui a trait aux notes de dégustation. La raison est simple. J’ai décidé il y a un mois de prendre une pause complète pour voir ma réaction et évaluer ma relation face au vin et à sa consommation très régulière. On dit souvent que trop c’est comme pas assez, et dans mon cas j’avais l’impression de trop boire et j’avais aussi l’impression d’avoir perdu une certaine fraîcheur dans le regard face au vin. Je voulais donc voir si premièrement je pouvais facilement me passer de ce liquide. La réponse est clairement positive. Autant j’aime le vin, autant je pourrais arrêter d’en boire à tout jamais si je le décidais. Pour moi ce fut un constat très rassurant, même si je n’ai jamais craint l’alcoolisme. Je déteste la sensation d’ivresse et j’ai toujours modulé ma consommation de vin en conséquence. Je ne me suis donc jamais saoulé au vin. Non. Ma crainte était d’avoir une certaine dépendance psychologique, de ressentir une sensation de vide si je n’ouvrais pas de bouteille. J’ai eu beaucoup plus de facilité à résister à l’envie que je ne le croyais, et avec le temps c’était de plus en plus facile. Par cet arrêt de consommation, je voulais aussi voir si cela n’aurait pas un impact positif sur ma forme physique générale. Je n’ai pas constaté de bénéfices clairs quant à mon bien-être physique, si ce n’est que les calories en moins permettent un contrôle plus facile du poids. Pour le reste, je ne me sens pas mieux qu’avant. Ceci dit, je suis conscient qu’un mois c’est quand même relativement court comme période d’abstinence pour pouvoir noter des changements positifs.

Finalement, j’en suis venu à la conclusion que c’est la passion du vin qui me poussait à boire, et non pas le vin lui-même. Je veux dire par là que c’est l’intérêt je portais à la chose qui faisait que je buvais autant. Dans cet état d’esprit on veut découvrir de nouvelles choses, expérimenter, comparer. Si je devais boire le même vin à chaque jour, il est clair que mon intérêt diminuerait tout comme ma consommation. Comme quoi l’intérêt n’est pas dans l’alcool ou dans le vin pour le vin, mais bien dans la diversité des expériences et des apprentissages qu’il peut procurer. On en vient à boire pour en connaître toujours plus, plutôt que simplement pour le plaisir. Le syndrôme de l'expert, du spécialiste, ou de l'amateur gonflable nous guette et il faut se rappeler qu'en matière de vin l'ego n'est jamais loin et que ça peut jouer de vilains tours. Dans ces conditions, le vin ne devient plus l'intérêt premier et c'est notre niveau de connaissance par rapport à celui-ci qui prend le dessus et qu'on cherche à nourir, bien plus face aux autres que pour nous-même.

Aujourd’hui je vais donc ouvrir ma première bouteille depuis un mois. Je ne sais pas encore ce que je vais choisir, mais j’ai bien hâte de voir ma réaction. J’ai hâte de voir si le vin me semblera moins familier. Une chose est sûre pour moi après cette pause, c’est que je boirai dorénavant du vin en sachant que c’est parce que je le décide vraiment, et j’ai l’intention de le décider moins souvent. En matière de vin, comme dans bien des choses, l’équilibre est un élément primordial. À trop boire, même par pure passion, on en vient à perdre de la perspective face au vin et face à notre relation avec celui-ci. Plus que jamais, je suis convaincu qu’en matière de vin, plus ne veut pas dire mieux.


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5 commentaires:

  1. Merci pour cette expérience qui, bizarrement, ma tentée plus d'une fois. Sauf que j'ai tenu une semaine et que je m'autorisais une bière de temps en temps...

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  2. Et puis Claude...Tu as finalement ouvert....

    Dantes

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  3. Parler du vin ou lire sur le sujet sans en boire, je trouve ça très compliqué. J'avoue avoir déjà fait le test, mais plongé le nez dans un livre sur le sujet est mission impossible sans une petite dégustation... avec modération.

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  4. C'est un exercice intéressant à faire à l'occasion, pour se rafraîchir dans tous les sens du terme. Différence de mon côté : j'ai l'impression d'âtre plus en forme quand je ne bois pas du tout pendant une semaine ou plus.

    Par ailleurs, on peut toujours cracher, ce qui évite les calories en trop, les lendemains difficiles, etc... tout en satisfaisant la curiosité de départ envers le vin.

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  5. C'est certain que si j'arrêtais pour de bon de boire du vin, j'arrêterais aussi progressivement de m'y intéresser. Pour ce qui est de cracher, c'est bon pour les dégustations techniques de plusieurs vins à la fois. Toutefois, la très grande majorité de ma consommation a lieu a la maison sur un vin unique. Dans ces circonstances je me vois mal ouvrir une bouteille simplement pour ensuite cracher le vin.

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