Marc-André Gagnon de Vin Québec relatait hier sur son site un article de Matt Kramer publié dans l’édition d’avril du Wine Spectator, où celui-ci dit que l’idée voulant qu’en matière de vin on obtienne ce pour quoi on a payé est un mythe, et qu’au dessus de 20$ c’est bien souvent une question de marketing de la part du producteur et de convoitise de la part de l’acheteur. Ce n’est pas moi qui va contredire M. Kramer. Comme le montre bien mes écrits sur ce blogue, le rapport qualité/prix est pour moi une obsession en matière de vin. Je suis convaincu qu’il est possible de très bien boire à une fraction du prix. Pour ce faire, il faut prendre le temps de bien choisir ses vins. Ce qui passe par l’expérimentation personnelle. Il faut aussi éviter de se laisser influencer par le prestige de l’étiquette et les grosses notes sur 100. Finalement, il faut se rappeler que le prix de plusieurs vins est gonflé pour tenter de leur donner de la crédibilité en jouant sur l’effet Veblen. Un élément important pour qui veut bien boire à bon prix est d’avoir un état d’esprit allant à l’encontre de ce fameux effet Veblen. Au lieu de penser que si c’est cher c’est forcément bon ou meilleur. Il faut être convaincu que même si c’est de prix abordable, la qualité peut quand même être au rendez-vous. La disposition mentale est très importante dans l’appréciation du vin. L’idée n’est pas de se convaincre qu’un vin ordinaire est nécessairement excellent juste parce que son prix est modéré. Non. Il faut tenter de demeurer le plus objectif possible, mais en étant convaincu qu’un vin bien choisi peut allier prix abordable et haute qualité.
Un autre aspect important repose sur les éléments qui déterminent la qualité d’un vin. Quels sont-ils? Pour moi ces critères ont évolués au fil du temps et plus j’avance au niveau de l’expérience et plus je trouve que l’importance donnée à la concentration, à l’extraction, au boisé et à la longueur est démesurée. Je ne nie pas que ces éléments puissent être importants pour des vins destinés à une longue garde. Toutefois, dans des vins jeunes ces éléments vont trop souvent à l’encontre de la buvabilité. Ces vins très concentrés, très boisés et très longs arrivent souvent à se fondre harmonieusement après une longue garde, gagnant ainsi en buvabilité, mais la réalité c’est que la plupart seront ouverts bien trop tôt. Qu’on le veuille ou non, les amateurs qui gardent du vin sont encore une faible minorité, et pourtant on achète à forts prix des vins nécessitant un temps en bouteille qu’on ne pourra pas leur donner.
Je ne dis pas qu’il est impossible de trouver du plaisir dans des vins jeunes et très concentrés, mais pour moi c’est un plaisir particulier que je préfère à petites doses. Quand j’ai vraiment envie de boire du vin, je préfère ceux de profils modérés, qui coulent facilement en jouant la carte de l’équilibre et de la qualité aromatique. Les vins jeunes montrant ces qualités sont souvent sous-évalués, car ils offrent un plaisir immédiat. Le plaisir immédiat est souvent mal vu dans le petit monde du vin, où les vrais bons vins sont ceux avec un potentiel de garde, mais qu’on aura la plupart du temps pas la patience d’attendre. On oublie trop souvent que garder du vin demande cette difficile patience et représente aussi un coût supplémentaire important. En ce sens, dénicher des perles de prix abordables pour la garde représente un autre avantage qui vient accentuer l’écart de RQP par rapport aux vins de prix élevés.
Au final ce qui compte c’est d’expérimenter, de découvrir ce qu’on aime de la manière la plus indépendante possible. Oubliez les étiquettes, le prestige, les notes, les prix élevés et tentez de juger par vous-même, pour vous-même. C’est un cliché de le dire, c’en est moins un de le faire.
http://www.vinquebec.com/node/8333
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samedi 2 avril 2011
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