mardi 26 avril 2011

SYRAH, PANGEA, 2006, APALTA, COLCHAGUA, VINA VENTISQUERO


Ce vin est la cuvée haut de gamme de Ventisquero pour laquelle on a engagé comme consultant l’ex-winemaker du Grange de Penfolds, John Duval. Je ne doute pas de la contribution positive qu’a pu apporter M. Duval à l’élaboration de ce vin, mais l’embauche de ce type de conseiller renommé est aussi une façon d’apporter une certaine crédibilité à une maison émergente comme Ventisquero. Ceci dit, l’homme réellement en charge de ce vin est l’oenologue chilien Felipe Tosso. Le vin provient d’un vignoble au sol granitique et argileux situé sur les pentes de l’amphithéâtre d’Apalta dans la vallée de Colchagua. La vendange manuelle a eu lieu entre le 10 et le 20 avril pour un rendement limité à un kilo de raisin par plant de vigne. Malgré que le Grange soit élevé en chêne américain, M. Duval lui préfère le chêne français, si bien que c’est ce qui a été choisi pour ce Pangea. Le vin a été élevé en barriques, dont 60% étaient neuves, pour une période de 20 mois. Le vin titre à 14.5% d’alcool pour un pH de 3.70. La note de dégustation qui suit reflète mes impressions deux jours après l’ouverture de la bouteille.

La robe est sombre et opaque. Le nez a évolué au cours de la dégustation. Les arômes de fruits noirs et rouges (bleuets, cerises) de belle qualité représentent la constante olfactive, complétée de manière variable par des notes florales et doucement épicées, ainsi par une touche de bacon assez intense à un certain moment et qui s’est atténuée par la suite. En bouche, l’attaque est à la fois ample et dense. Il est clair que l’on a affaire à un jeune vin avec beaucoup de matière. Les saveurs fruitées éclatantes dominent la palette gustative, complétées par un aspect boisé/épicé bien dosé, où il est difficile de distinguer clairement ce qui vient du bois et ce qui vient du cépage. En milieu de bouche on peut jauger le haut niveau de concentration du vin, qui heureusement évite l’écueil de la lourdeur et de la surextraction. En ce sens, bien que la présence tannique soit affirmée, elle demeure souple et ne donne pas l’impression d’être excessive. La finale est marquée au sceau de l’intensité, avec le caractère épicé qui gagne en importance sur une longueur de haut calibre.

Pour un retour au vin, après un mois de disette, je n’avais à l’évidence pas choisi la meilleure bouteille. Je ne sais pas si c’était le vin où mon palais, ou bien une combinaison des deux, mais la journée de l’ouverture, le vin n’est pas apparu sous un jour très agréable. Il me semblait tout d’un bloc et quelque peu agressif pour le palais. Si bien que je n’ai bu que le tiers de la bouteille cette journée là, le surlendemain toutefois, après avoir gardé le reste dans une bouteille de 500 ml pleine, le vin s’est présenté de façon beaucoup plus harmonieuse. Ça demeurait un vin trop jeune, par rapport à ce que je préfère, mais il était alors possible d’en tirer du plaisir, et surtout de comprendre pourquoi le producteur entrevoit un potentiel de garde de 15 à 20 ans pour celui-ci. C’est clairement un vin ambitieux, construit pour une bonne garde, même si les amateurs de sensations fortes pourront y trouver un certain plaisir dès maintenant après une longue aération. J’ai réussi à mettre la main sur ce vin pour 40$, mais le prix régulier en importation privée au Québec est de 60$. Je n’achète pas de vins au-dessus de 50$ pour ma propre consommation, et celui-ci ne m’inciterait pas à faire exception à ma règle. Ceci dit, il se compare sûrement à bien des vins de ce prix et même plus chers. À titre d’exemple, pour avoir déjà goûté la cuvée Folly de Vina Montes, une Syrah vendue 80$ et venant elle aussi des pentes d’Apalta, j’ai trouvé que la niveau qualitatif et le style de ce Pangea étaient similaires. Comme quoi en matière de vin, la notion d’aubaine est relative. Finalement, pour qui voudrait découvrir la maison Ventisquero sans attendre 10 ans, je conseillerais plutôt la cuvée Vertice, disponible à la SAQ et qui m’est apparue plus approchable. J’ai déjà commenté ce vin sur ce blogue il y a quelques mois. Les gammes Grey (25$) et Queulat (18$) de ce producteur offrent d’excellents vins. Certains de ces vins sont disponibles au Québec en I.P. chez Univin

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