samedi 16 avril 2011

Pour amateurs de hors piste


Bill Zacharkiw de The Gazette revient de l'Afrique du Sud et y va cette semaine d'un article intéressant sur le dilemme des pays du Nouveau-Monde face aux distinctions régionales qui les caractérisent (voir le lien). Trop souvent on parle de ces pays comme d'entités homogènes, alors que de plus en plus la notion de terroir s'implante dans le développement des vignobles de ces pays. Le mouvement vers des terroirs plus frais est généralisé, et de plus en plus, les producteurs de ces pays ayant de hautes visées qualitatives tiennent compte des caractéristiques du lieu pour choisir les cépages à planter. Il est révolu le temps où l'on plantait du Cabernet Sauvignon et du Chardonnay au même endroit. Cela se reflète dans la montée en qualité des vins produits, mais la connaissance des diverses régions de ces pays demeure très limitée chez l'amateur moyen. L'attrait de la dénomination par cépage demeure très fort. Pour les producteurs, il est pratiquement incontournable d'inscrire de façon claire sur l'étiquette le cépage utilisé pour les vins monocépages. La seule exception à cette règle concerne les assemblages rouges où de plus en plus les cépages se retrouvent sur la contre-étiquette et dans certains cas ne sont pas mentionnés du tout. La plupart du temps, il s'agit de vins haut de gamme où le prix et l'image de qualité supérieure sont les arguments principaux pour attirer l'acheteur. Pour le reste, le client veut encore se référer au cépage, car la plupart du temps il n'a aucune idée de ce qui peut distinguer une région particulière. C'est pourquoi ces pays sont encore loin du jour où ils pourront imiter les européens en se contentant d'apposer sur l'étiquette un nom d'appellation.

De toute façon, dans le système européen, la plupart des amateurs sérieux connaissent les cépages impliqués dans une appellation, et ce qui compte vraiment c'est l'identité du producteur et la confiance que l'on porte à celui-ci. Comme je le mentionnais dans un texte récent sur le rapport qualité/prix. Ce qui compte c'est de connaître ce que l'on achète et pourquoi on l'achète. S'intéresser aux vins du Nouveau-Monde en augmentant les chances d'y trouver son compte est plus exigeant, de manière générale, que de s'intéresser aux vins européens. Le terrain est moins balisé ce qui demande plus d'efforts de la part de l'acheteur potentiel qui veut maximiser ses chances de faire de bons choix. Malheureusement, l'information pertinente est souvent limitée, ce qui implique que l'expérience personnelle est souvent nécessaire pour avoir une réelle compréhension des choses. Toutefois, même l'exercice d'expérimentation est difficile, car le choix de vins disponibles est souvent très limité. Néanmoins, l'aspect découverte apporte à mon sens une valeur ajoutée à l'expérience. Le jugement personnel de l'amateur est plus sollicité car c'est un monde moins codifié qui est en évolution constante. Un monde moins fréquenté, et donc moins régenté, où la valeur supposée des choses est moins définie. Un monde pour l'amateur de vin qui préfère le hors piste aux sentiers battus.

http://www.montrealgazette.com/life/food-wine/more+about+place+than+grape/4627099/story.html


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