dimanche 5 décembre 2010

2010: Un point tournant pour le Chili vinicole?

Je ne sais pas si c’est une impression de blogueur monomaniaque, mais j’ai l’impression que 2010 aura été une année pivot pour le Chili en général et pour ses vins en particulier. Il semble qu’avec l’épisode très médiatisé du sauvetage des mineurs, ce pays ait enfin réussi à briser une image négative qui lui collait à la peau depuis les années de dictature de Pinochet. Comme si le monde venait de réaliser les changements profonds qui se sont opérés dans ce pays depuis la fin de cette période malheureuse. On réalise maintenant que le Chili est sorti de sa période de grande noirceur, et qu’il s’agit maintenant d’une démocratie moderne et en nette progression dans une foule de domaines.

Côté vinicole, comme je le mentionnais à la fin de mon CR du Côt, 2008, de Perez Cruz, ce pays est sur la voie rapide pour s’élever au rang des grands pays vinicoles. Il en possède tous les atouts, et commence juste à le réaliser. Cette prise de conscience amène une évolution des mentalités, qui alliée aux nombreux efforts et investissement consentis, ne pourront que donner des résultats de plus en plus probants. Le dynamisme, la diversification et la quête qualitative du Chili commencent à être reconnus dans la presse vinicole mondiale. Un changement de perception est en train de s’opérer, trop lentement à mon goût, mais sûrement. En ce sens, je lisais hier les prédictions vinicoles de James Molesworth du Wine Spectator. Celui-ci voit le Chili gagner du “momentum” en 2011 (voir lien). Aujourd’hui, c’est au tour du britannique Jaimie Goode de se montrer enthousiaste à propos des perspectives chiliennes, lui qui avait toujours été un des commentateurs britanniques les plus sceptiques sur le potentiel chilien. Dans son texte d’aujourd’hui, il fait même l’éloge d’une certaine verdeur dans les vins chiliens!!! Il n’y a pas à dire, le changement de tendance semble bien réel.

Bien sûr, on est encore loin d’un engouement général. Le Chili a encore du chemin à faire dans l'opinion pour être une origine recherchée par l’amateur passionné. À cet égard, son capital de prestige est encore proche de zéro. Toutefois, son image commence à changer chez les leaders d’opinion. De plus en plus, on y voit une histoire variée et intéressante à suivre, avec les bons vins qui viennent avec. C’est une histoire que je m’efforce de rendre ici au mieux, compte tenu du peu de moyens dont je dispose.
 
 
http://www.winesofchile.org/news-press/forecasting-2011-chile-gains-momentum/
 
http://www.wineanorak.com/wineblog/chile/some-thoughts-on-chile

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3 commentaires:

  1. Quel excellent texte monsieur Vaillancourt…éclairant et utile pour ceux qui acceptent de découvrir sans préjugés les vins chiliens…Un texte qui donne le goût de continuer et qui laisse une trace durable, j’en suis convaincu, auprès des curieux avides de nouvelles expériences.
    Je salue ici votre persévérance et votre talent.Vous parlez souvent de vos modestes moyens dans la communication du nouveau Chili vinicole en référant à cette tribune qu’est votre blogue…Ce qui compte ce n’est pas tant le statut que la qualité de la recherche et la somme des expériences que vous communiquez .Un vrai professeur , un chercheur mais surtout un trouveur, voilà qui fait une différence énorme quand vient le temps de juger votre contribution dans l’univers du vin au Québec.
    Cette nuit , après avoir relu votre texte, j’ai officiellement créé la section “Claude Vaillancourt” dans ma cave à vins.Mais n’ayez crainte je ne suis pas pour autant devenu un “groupie’ béat dans votre lumière.Mais je veux seulement souligner la qualité de votre apport.
    Parfois, il m’arrive de souhaiter, que dans vos comptes rendus de dégustation, vous partagiez avec nous les accords mets vins qui complètent vos expériences.Sans pour autant “chartieriser”votre blogue.Mais comme le vin est aussi une émotion qui prend une autre dimension sur un plat, cela ajouterait à l’occasion, au plaisir des découvertes que vous proposez.Cela dit sans obligation de votre part comme le dit si bien Momo à Madame Rosa dans “La vie devant soi “ de Romain Gary.
    En terminant , je vous suggère la lecture de ce texte* de François Mauss sur le blogue du Grand Jury Européen.Les commentaires sont aussi intéressants.
    Bonne journée
    Michel Goprom
    * http://gje.mabulle.com/index.php/2010/12/05

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  2. Bonjour M. Goprom,

    Merci pour les bons commentaires, mais sachez que mon lectorat demeure très limité. Dans ces circonstances je suppose que la possible influence que je peux avoir dépend de qui me lit. Pour ce qui est des accords mets-vins, j’ai bien peur de vous décevoir. Ce n’est vraiment pas mon point fort, puisque je bois la majorité de mes vins avant et après les repas. Sur cette question aussi je suis passablement aux antipodes de la pensée généralement acceptée. Ce n’est pas par esprit de contradiction, je le jure. Peut-être par manque de bon goût et de culture... Je finirai bien par pondre un texte sur le sujet, mais ma vision des choses risque de choquer les traditionalistes, encore une fois. Pour ce qui est de “La vie devant soi”, je pensais que c’était un roman d’Émile Ajar!!! En fait, j’ai toujours aimé cette mystification brillante de Romain Gary. Pour moi, il y a un parallèle à faire entre celle-ci et le monde du vin, en particulier avec l’identité des vins et les idées préconçues qu’on peut avoir de ceux-ci, et comment cela peut altérer notre jugement. Romain Gary au moment d’écrire “La vie devant soi” n’était plus au goût du jour dans le milieu littéraire parisien. Toutefois, sous une autre identité, sans l’étiquette de romancier d’une autre génération. Il a pu montrer qu’il pouvait se renouveler. Je suis certain que s’il avait écrit ce roman sous sa vraie identité, la critique aurait été très différente. On aurait probablement dit que c’était un vieil écrivain qui essayait de faire jeune. On y aurait perçu quelque chose qui sonne faux. Alors que caché sous l’identité d’un jeune écrivain, on trouvait que c’était un style nouveau et criant de vérité. Pour moi, il est clair que l’identité véritable de l’auteur aurait altéré la perception de l’oeuvre, tout comme l’étiquette d’un vin altère la perception de celui-ci, peu importe dans quel sens. Pour ce qui est de l’article de M. Mauss, je pense que les propos que je viens de tenir vous donne une bonne idée de ce que j’en ai pensé.

    Claude Vaillancourt

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  3. Pierrette et Jules7 décembre 2010 à 10:50

    Claude,

    Pas vraiment surpris de ta réponse relativement aux accords vin-mets. Comme toi, nous croyons que le vin se suffit à lui-même. Lorsque nous ouvrons un vin pour accompagner notre repas, nous buvons le même vin de l'apéro jusqu'au salon. L'accompagnement avec le repas n'est donc qu'une partie du plaisir.

    Évidemment, on ne peut s'empêcher, lors de soupers de groupe, de se réjouir de mariages vin/mets parfaits. Comme il nous est déjà arrivé de retenir une bouteille et d'y revenir plus tard dans le repas, pour cause de non-compatibilité évidente. Mais ceci arrive rarement.

    Et pour Michel Goprom, très bonne idée de créer une section Claude Vaillancourt dans votre cave. Nous avons d'ailleurs commencé une collection de bouteilles recommandées par Claude pour notre petite-fille de 22 ans, collection que nous comptons lui offrir en cadeau pour ses 25 ans.

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