vendredi 18 juin 2010

SAUVIGNON BLANC, AMAYNA, 2008, LEYDA, VINA GARCES SILVA




C’est une période tranquille en ce qui me concerne côté vin. Je pense que tout amateur, même le plus passionné, devrait s’allouer des périodes de faible consommation. Je trouve que ça aide à rétablir la perspective. Quand on déguste beaucoup, pendant longtemps, on perd une certaine fraîcheur dans le regard. Un effet de saturation se développe. C’est donc un peu rafraîchi, du moins je l’espère, que j’ai abordé cette bouteille de Sauvignon Blanc de l’excellent producteur Garces Silva, qui est à mon avis un des meilleurs du Chili. J’avais adoré leur Sauvignon Blanc, du même millésime, élevé en barriques. Celui-ci ne voit pas le bois et est élevé sur lies en inox pendant deux mois. Le titre alcoolique déclaré par le producteur est 14.5%, mais selon la SAQ, ce titre serait plutôt de 15.6%. Ce qui me semble très élevé, encore plus pour un vin blanc. Ce vin a reçu les éloges de la critique américaine (IWC, WA, WS). Fait intéressant, Josh Raynolds de IWC a même conclu sa note de dégustation par cette phrase que je traduis librement: “Je placerais ce vin aux côtés de plusieurs des meilleurs Sauvignon Blanc de la Loire dégustés dans la dernière année.” Je me sens un peu moins seul tout à coup!... Voyons si l’enthousiasme de M. Raynolds est justifié.

La robe est d’une teinte jaune plutôt pâle aux reflets verdâtres. Le nez s’exprime avec modération, déployant un profil typique du cépage avec des arômes de citron, de fruits de la passion, de melon, de poivron vert et d’herbe coupée. Une légère et surprenante touche florale ajoute un brin de charme à l’ensemble. En bouche, l’attaque est pleine et équilibrée, avec un heureux mélange d’acidité et de rondeur. Le vin a du gras, presque de l’onctuosité, et remplit très bien la bouche de sa généreuse matière. Le profil gustatif est fidèle à ce qui était perçu au nez, avec le citron qui domine, bien complété par l’aspect végétal. Le milieu de bouche confirme le niveau de concentration supérieur et l’aspect volumineux du vin. La finale est riche et intense, avec une longueur de haut calibre aux légères rémanences amères. L’alcool se fait légèrement sentir si le vin n’est pas assez frais.

Mon verdict? Un vin clairement de haut calibre, avec plusieurs attributs de très bon vin, mais à l’équilibre quelque peu précaire. Un vin qui marche sur un fil de fer, même s’il n’a rien d’aérien. Ce qui fait qu’on peut s’interroger presqu’à chaque gorgée sur son équilibre. C’est ma troisième bouteille de ce vin, et c’est la troisième fois qu’il suscite en moi l’ambivalence. La fraîcheur de mon regard, espérée en introduction, n’y a rien changé. La matière de ce vin est impressionnante, mais je ne peux m’empêcher de me demander si ce n’est pas trop. Le style est clairement limite, et le 15.6% d’alcool de la SAQ me trotte dans la tête, mais en même temps les qualités du vin sont indéniables. Une chose est sûre toutefois, la température de service est critique. Celle-ci ne devrait pas excéder 12° C, et devrait idéalement être à 8-10° C. Ce vin est offert à 24.75$ à la SAQ, mais sera offert dès le 26 juin à la LCBO pour aussi peu que 17.95$. Au prix de la SAQ c’est un bon achat, mais au prix de la LCBO, c’est une formidable aubaine. En résumé, je dirais qu’on a affaire à un Sauvignon Blanc de fort calibre, mais situé à la limite en terme de style.


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4 commentaires:

  1. Claude,

    Ton CR m'intrigue beaucoup. Merci de l'info pour le bas prix à la LCBO. J'en ferai acheter quelques uns par ma fille. Et on te reviendra avec nos commentaires lorsqu'on l'aura goûté.

    Jules

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  2. Curieux de lire ce que vous en penserai. Surveillez aussi le Sauvignon Blanc, 2008 de Matetic qui arrivera bientôt sur les tablettes de la SAQ.

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  3. Je déguste présentement le millésime 2006 de ce vin et je suis agréablement surpris. Le vin me semble plus équilibré qu'en prime jeunesse. Ça demeure du Sauvignon imposant et onctueux, axé bien plus sur un profil au fruité mature et exotique, que sur le citron et la fraîcheur qu'on retrouve plus souvent dans les SB chiliens. C'est d'ailleurs, je pense, ce qui explique que la cuvée boisée de ce vin est si bonne. Ce type de profil mature et onctueux se marie mieux à l'aspect boisé, que le profil élancé, vif et frais.

    Un bel exemple de l'impact des décisions humaines sur le résultat final. Le terroir frais de Leyda se fait sentir, mais le niveau de maturité est un choix stylistique. Personnellement, j'aime autant un que l'autre, selon l'envie du moment.

    Peu importe le cépage, la gamme Amayna ne fait pas dans la dentelle, mais la qualité est indéniable pour les amateurs de vins à la fois frais, intenses et généreux.

    Claude

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  4. Deux ans plus tard j'ai ouvert ma dernière bouteille de 2006 de cette cuvée. Ce vin demeure pour moi une exception dans la production chilienne de climat frais. C'est un vin puissant, gras et très riche en matière et sept ans après son élaboration il est toujours loin d'un quelconque déclin.

    Claude

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