dimanche 14 mars 2010

PINOT NOIR, AMAYNA, 2007, LEYDA, VINA GARCES SILVA


Petite semaine tranquille pour moi côté vin. Désolé pour le manque de nouveauté sur ce blogue, mais il faut parfois se priver volontairement d’une chose pour pouvoir mieux l’apprécier lorsqu’on y revient.

Je continue ma revue de la gamme de vins Amayna de l’excellent producteur Vina Garces Silva. La région de Leyda est une région côtière relativement fraîche, par rapport aux standards de la vallée centrale chilienne. Toutefois, là comme ailleurs, la location précise des vignobles et leur exposition sont importantes. Ceux de Garces Silva sont situés à environ 14 km de la côte, ce qui est relativement éloigné par rapport à d’autres producteurs implantés dans cette région, comme, par exemple, Chocalan qui ont planté à seulement 4 km de la côte. Cet éloignement relatif de la côte, et de son effet rafraîchissant, se reflète dans le style des vins produits par Garces Silva, ceux-ci présentant généralement un profil généreux au fruité bien mature. Il peut d’ailleurs sembler étonnant que du Pinot Noir et de la Syrah puissent être produits sur des parcelles géographiquement très rapprochées. Il faut comprendre qu’il y a presque deux mois d’écart entre la date de vendange du Pinot Noir et de la Syrah. La clef réside dans la longue saison végétative, et à la quasi absence de pluie qui permet de laisser les raisins sur les vignes très tard en saison. Aussi la Syrah a été plantée avec une exposition au nord, ce qui apporte plus de chaleur dans l’hémisphère sud. Il est intéressant de savoir que dans cette région, le cycle végétatif du Pinot démarre un mois avant celui de la Syrah. Le cycle du Pinot dure environ 200 jours, avec la vendange qui a lieu autour du 20 mars, alors que le cycle de la Syrah, dure environ 230 jours, avec la vendange autour de la mi-mai. C’est donc l’absence de pluie qui permet de garder les raisins de Syrah sur les vignes jusqu’en mai où les températures baissent sensiblement. Ainsi, il est plus facile de comprendre comment Pinot Noir et Syrah peuvent cohabiter et donner de bons résultats. Pour ce qui est de ce Pinot Noir, 2007, seulement mentionner qu’il a été élevé pendant un an en barriques de chêne Taransaud dont 30% étaient neuves, le reste étant de deuxième et troisième usages. Le vin titre à 14.5% d’alcool, pour un pH de 3.65.

La robe est d’une belle teinte rubis légèrement translucide. Le nez s’exprime avec justesse sur des arômes fruités de cerises et de fraises, auxquels s’entremêlent des notes épicées évoquant, entre autres, la cannelle, ainsi qu’une très légère pointe fumée. Relativement simple à ce stade, mais éclatant et de belle qualité. En bouche, l’attaque est ample et soyeuse, avec une légère onctuosité sous-jacente, et une belle présence fruitée vive et lustrée. C’est bien équilibré et ce qui était perçu au nez se reflète bien en bouche, mais avec plus d’intensité. L’aspect soyeux et le léger gras de ce vin marquent sa présence en bouche. Il n’y a vraiment aucune aspérité, et le vin coule sans effort sur une douce impression caressante. La finale voit les saveurs se fondre harmonieusement sur une allonge de très bon calibre.

Ce vin est une autre belle réussite pour Vina Garces Silva. Son profil général est bien typique du cépage. Il se distingue toutefois par la douceur de sa texture en bouche. Sur cet aspect, il se rapproche beaucoup des vins blancs de la maison, les tanins sont pratiquement imperceptibles, si ce n’est en toute fin de bouche, et il possède un gras qui lui donne un aspect tactile presque onctueux. Comme je l’ai mentionné, ce n’est pas le plus complexe des vins à ce stade précoce, mais l’éclat de ses saveurs, combiné à sa douce texture en font actuellement un vin très séduisant. Un vin de pur plaisir et de grande qualité. Comme on le sait, le Pinot Noir est un cépage capricieux, et pour avoir un bon niveau de qualité, il faut être prêt à débourser plus. À 32$ à la SAQ, ce vin de par sa qualité est très bien positionné face la compétition mondiale. Un bel exemple de ce que le Chili peut maintenant faire avec le Pinot Noir.

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5 commentaires:

  1. À propos de Pinot chilien. C'était amusant de voir il y quelques instants à "Tout le monde en parle", la sommelière Elyse Lambert recommander le Pinot Noir, Reserva, de Cono Sur. Je dis amusant, car ce vin est un peu le Fusion du Pinot Noir. Pas un grand vin, mais un vin pas cher, excellent pour le prix et le cépage, mais sur lequel certains snobinards de la bouteille aiment lever le nez.

    Ce Cono Sur est un bon vin pour mettre la qualité ce cet Amayna en contexte et comprendre que du Pinot Noir chilien peut valoir les 32$ demandés.

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  2. Salut Claude,merci pour le compte rendu.Après l'excellent Chardonnay j'avais l'intention d'essayer ce Pinot.Bref je vais ,bientôt,goûter à ce Pinot et je te reviens avec mes commentaires.En passant ,as-tu goûté au sauvignon Blanc disponible à la SAQ (la version non boisé)?

    Alexandre

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  3. Salut Alexandre,

    Oui, j'ai essayé le Sauvignon Blanc, 2008, non-boisé, présentement offert à la SAQ. Ce vin m'a laissé perplexe. Je n'ai pas écrit de CR à son propos, car je voulais en ouvrir une deuxième bouteille pour me faire une idée plus claire à son sujet. J'ai été surpris de constater que selon les analyses de la SAQ, ce vin titre à un ronflant 15.6% d'alcool. Ce taux est clairement au-dessus de mon seuil psychologique, surtout pour un blanc, et je pense que cela a quelque peu brouillé mon jugement. Le vin n'est pas mauvais, le style est très mature et onctueux, mais est-il vraiment bon? Est-ce un style légitime? La bouteille était vide et je n'avais toujours pas d'avis clair. Comme je l'ai dit, je vais bientôt en ouvrir une deuxième bouteille, tout en essayant de faire abstraction du taux d'alcool. En essayant de juger ce vin pour ce que j'en perçois vraiment, en intellectuelisant moins, et surtout, en tenant compte du facteur plaisir. Je reviendrai avec un CR, peu importe mon verdict final.

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  4. Salut Claude,

    A tu quelques suggestions côté Chili et Argentine dans le dernier courrier vinicole.

    Merci

    Paul

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  5. Salut Paul,

    Difficile de faire des suggestions, car je n'ai goûté qu'un seul de ces vins, et ce très rapidement lors du Salon des vins du Chili l'automne passé. Il s'agissait du Vertice de Ventisquero. Il m'était alors apparu de très belle qualité. En fait, j'y pense, j'ai aussi goûté au Malbec, Viu 1, mais celui-ci, même si excellent est hors de la gamme de prix que je consens à payer pour une bouteille de vin.

    Personnellement, j'ai bien confiance au Zardoz de Indomita. Un vin qui provient de l'Alto Maipo, une région que j'affectionne particulièrement, et le prix est raisonnable. Je vais aussi essayer la A Crux de Vina Sutil, pour la découverte, et parce que je crois aux vertus des vins d'assemblage à cépages multiples. Plusieurs de mes vins chiliens favoris sont basés sur ce principe (Coyam, Dona Bernarda, Chocalan Gran Reserva Blend, Antiyal)

    Pour ce qui est de l'Argentine, pour les mêmes raisons d'assemblage, le Special Blend de Bodega Del Fin Del Mundo, un vin de Patagonie, me semble intéressant. Le Cabernet Franc de Pulenta Estate, me semble aussi digne d'intérêt. J'avais bien aimé le Gran Corte B, un autre vin de ce producteur, acheté lors de dernier Courrier Vinicole de ce type il y a environ deux ans.

    Le problème avec ce genre d'offre, c'est que si on fait une belle découverte, on ne peut pas en racheter.

    Claude

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