jeudi 6 décembre 2012

La théorie du 10% (suite)

J'aime écrire et le choix des mots pour moi est important pour exprimer ma pensée clairement. Malheureusement, je suis conscient qu'au delà des mots, un texte peut parfois laisser une impression qui diffère de son contenu réel. Comme si le texte, de par son sujet et son ton, atteignait plus facilement l'émotion que la raison chez certaines personnes.

Dans mon texte initial, j'ai tenté d'exprimer la lassitude de quelqu'un qui a une conception marginale du monde du vin face à une conception totalement opposée. Je ne crois pas à l'élitisme et aux hiérarchies, je pense qu'il est possible de très bien boire, à prix raisonnable, si on s'en tient strictement au vin et si on élimine les facteurs pouvant influencer l'approche mentale face à celui-ci (prix, prestige, note, réputation, mode, etc...). Je ne pense donc pas qu'il n'y ait que 10% des vins produits dans le monde qui soient dignes d'intérêt. Je ne vois pas le parcours d'un amateur comme une ascension graduelle vers un hypothétique sommet. Je pense aussi que la sensibilité de chacun face au vin est très variable et qu'il n'y a donc pas de vérité absolue en cette matière.

J'ai nommé mon blogue « Le vin aux antipodes », entre autre, parce que je pense que ma conception du vin est opposée à celle qui est généralement acceptée dans ce milieu. Ceci dit, je sais aussi que diverger peut sembler méprisant face à ceux qui ont une approche plus classique. C'est la raison pour laquelle je n'écris plus sur les forums et que j'ai créé ce blogue. J'en avais assez de m'imposer et de paraître offensant, alors que je ne suis que divergeant. Ce blogue n'a donc pas pour objectif de changer quoi que ce soit dans le monde du vin, ce serait bien prétentieux de ma part. Je ne mène donc pas de combat. Je suis juste une voix, à diffusion très restreinte, tenant un discours plutôt différent, parce que c'est ce que je pense vraiment. Si ça peut apporter quelque chose à quelqu'un, tant mieux, mais mon texte précédant était celui de quelqu'un qui en doute fort.

Je continue d'en douter, mais je continue de lire à propos du vin, et parfois ça me donne le goût de réagir. Je lis actuellement la dernière édition du magazine CELLIER de la SAQ. Ce numéro dédié aux femmes dans le monde du vin contient un article intitulé « Les copines du vins ». Dans cet article, quatre sommelières québécoises parlent de leur métier et en particulier du rôle pédagogique du sommelier pour faire avancer la compréhension du vin dans la population. Je vous laisse lire l'article en entier si ça vous intéresse, mais la conclusion intitulée "Bémol à la démocratisation" m'est apparue particulièrement intéressante et en lien avec mon premier texte. Je cite le dernier paragraphe :

« Mais la priorité demeure d'aider les gens à atteindre ce frisson incroyable quand on arrive à apprécier un vin complexe et raffiné, croit Jessica Harnois. Favoriser l'accessibilité au vin, c'est outiller ceux qui le désirent pour les amener à vivre ce genre d'excitation. « Sinon, on nivelle par le bas et on se prive d'un pan essentiel de la culture oenophile. » Pas question, donc, pour ces sommelières influentes de démocratiser le vin en négligeant les flacons de qualité supérieure. Ni d'encourager le plus grand nombre à ne défendre que des bouteilles à 20 $. Et surtout pas d'ignorer qu'entre les deux il existe tout un monde à découvrir. »

Je pense que ce paragraphe représente très bien ma divergence. C'est beaucoup plus nuancé que le texte outrancier de Jamie Goode dont je parlais dans mon premier article, mais sur le fond ça se recoupe pas mal. Je persiste à penser que la vision exprimée dans ce paragraphe est une vision largement partagée dans le monde du vin. Certains y apporteraient sûrement des modifications, mais sur l'essentiel, je pense qu'il y a consensus. Je me trompe peut-être, mais en me basant sur mon expérience c'est mon impression. Pour ma part je continue de penser que l'essentiel du vin est ailleurs et qu'il n'y a pas d'échelle montrant clairement le chemin, et menant ultimement vers le nirvana vinique. Ce faisant je continuerai de niveler par le bas avec mes bouteilles à 20$, mais n'ayez crainte, je n'en prend pas ombrage. Le frisson est une question de perception, alors je m'arrange assez bien avec ça.



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