mercredi 5 décembre 2012

Deux chiliens et un français

Petit dîner ce midi avec l'ami Patrick qui partage mes affinités chiliennes, mais qui ne s'y confine pas comme moi. J'apprécie donc son ouverture d'esprit, tout en me sentant un peu mal à l'aise dans mon obstination géographique. On a donc partagé quelques bouteilles, sans les vider, bien sûr.

D'abord j'avais amené une bouteille de Syrah, Chono, 2009, Elqui, entamée légèrement la veille. La ressemblance de ce vin avec une Côte-Rôtie m'est encore apparue frappante. J'adore ce vin. Ensuite, à ma demande, Patrick m'a servi son vin à l'aveugle dans un bon vieux sac en papier brun que j'avais apporté. J'ai facilement reconnu l'Europe, mais rien de plus. Je n'ai pas vu la Syrah, dans ce Croze-Hermitage, 2006, d'Alain Graillot. Un vin que j'ai trouvé bien mince et qui m'a rappelé ce qui m'a poussé vers mon quasi monolithisme chilien. Ensuite, j'avais apporté un Cab de Maipo avec de l'âge en me disant que ça pourrait aider Patrick à être patient avec les vins de ce genre qu'il a en cave. Je sais, je vais encore paraître en beurrer épais avec mon foutu Chili, mais ce Cabernet Sauvignon, 1997, de Vina Carmen était simplement superbe, avec un profil mi-évolué et encore tout ce qu'il faut de fruit pour offrir un bon équilibre d'ensemble. Même si je suis un ardent défenseur du potentiel de garde des rouges chiliens, ce vin m'a surpris par son niveau de qualité. C'était une coche au-dessus de certains autres vins du genre que j'ai déjà eu la chance de déguster. Qu'un vin payé environ 16$ il y a 13 ans puisse donner un résultat d'un si haut calibre aujourd'hui est simplement stupéfiant. Je sais, je me répète, c'est pourquoi parfois je me tais... N'empêche, le potentiel de garde incroyable des rouges chiliens de type Reserva est le secret le mieux gardé du monde du vin. Par la suite je me suis rappelé que c'est Alvaro Espinoza qui était en charge à cette époque chez Carmen, et que c'est aussi ce même Espinoza qui a élaboré la Syrah, Chono, dont je parlais au début. En art on dit que l'homme passe, mais l’œuvre demeure. Le problème avec le vin, c'est que comme l'homme il est périssable et de longévité variable, mais le bon vin permet parfois de faire des liens avec le passé. À mon sens, ces deux vins de M. Espinoza, issus de cépages, de régions et de décennies différentes offraient une belle démonstration sur le thème de l'homme, de l'espace et du temps.



1 commentaire:

  1. Merci encore pour le partage. Toujours un plaisir, surtout d'avoir ainsi l'occasion de voir ce que fera des années de patience avec une bonne part des vins que j'ai en cave...

    Patrick

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