jeudi 7 juin 2012

SAUVIGNON BLANC, CIPRESES VINEYARD, 2007, LO ABARCA, SAN ANTONIO, CASA MARIN


 


La cuvée Ciprese Vineyard, 2005, fut un de mes premiers contacts avec ce que j'appelle le nouveau Chili. Ce vin avait été une révélation pour moi et j'en avais acheté pas moins de 18 bouteilles, dont une douzaine pour en suivre l'évolution et le potentiel de garde. Il m'en reste aujourd'hui huit. C'est donc un vin dont j'ai suivi l'évolution de près. Il tient encore très bien la route et a évolué de belle façon tout en conservant avec l'âge son caractère baroque. Je n'aurai pas la chance de faire de même avec ce 2007, car je n'avais pu mettre la main que sur deux bouteilles. Celle-ci est la première que j'ouvre. J'ai bien hâte de voir ce que ça donne.

La robe est encore de teinte vert pâle, sans signe apparent d'évolution. Le nez est modéré et étonnant dans son expression. À l'aveugle j'aurais probablement misé sur un vin de Riesling plus que sur un Sauvignon Blanc. On y retrouve des notes légèrement citronnées et miellées, ainsi qu'un très bel aspect floral. Le point le plus surprenant est l'absence de notes végétales vertes typiques de ce cépage et surtout de cette cuvée. Beau nez agréable, mais quand même déroutant pour quelqu'un qui connaît très bien le millésime 2005 et qui s'attendait à retrouver un lien de parenté dans ce 2007. En bouche le vin montre un bel équilibre qui s'appuie sur un aspect citronné plus marqué qu'au niveau olfactif. L'acidité est bien présente, mais le temps semble en avoir un peu émoussé le tranchant, ce qui donne un vin plus facile à boire par lui-même. En milieu de bouche le vin est intense et bien concentré. Il affirme bien sa présence et l'aspect floral se marie bien au fruit pour donner une agréable sensation gustative. La finale montre un beau mariage des saveurs, avec une certaine rondeur et une allonge de haut calibre.

Pour parler un langage de chimiste, je dirais que cette cuvée est passée du mode pyrazinique en 2005 au mode terpénique en 2007. J'ai dégusté ce vin en relative jeunesse lors d'une dégustation thématique sur le Chili il y a deux ans et il m'avait alors semblé plus près du profil standard pour un Sauvignon Blanc de climat frais. Deux jours après la dégustation du 2007 j'ai ouvert une bouteille de 2005 pour comparer. Le contraste était frappant. Je sais qu'il y a deux ans de différence entre les deux vins, mais la robe du 2005 était beaucoup plus foncée. Il faut dire que le 2005 est embouteillé sous liège, alors que le 2007 est sous capsule à vis. Je ne sais pas si cette différence explique en partie le profil atypique du 2007. Je complète la rédaction de ce texte en terminant la bouteille de 2005, et je dois avouer que je suis un peu triste. Ce n'est pas que je préfère le 2005 au 2007 en terme de qualité, à ce niveau ils sont comparables, mais le 2005 est un vin tellement original que ça m'attriste de penser que ce style a été abandonné. C'est comme boire une espèce en voie de disparition. Bien sûr, on pourrait penser que cette différence n'est due qu'à une question de millésime, mais selon ce récent texte de Petrer Richards à propos de Casa Marin, un changement stylistique a été opéré à partir de 2007. Maria Luz Marin attribue ce changement à l'âge des vignes, mais je ne suis pas totalement convaincu par cette explication. Le changement est trop marqué pour s'expliquer par cet unique facteur. Je pense qu'il s'agit surtout d'une décision commerciale. En un sens cette décision de changer le style de ce vin est un peu compréhensible car le style sauvage du 2005 était loin de faire l'unanimité. On se souvient que la SAQ avait retiré ce vin de la vente, alléguant que celui-ci était défectueux, avant de changer d'idée plus tard, non sans avoir créer un froid durable avec le producteur. Ce fut d'ailleurs la première et dernière apparition des vins de Casa Marin sur les tablettes de la SAQ. C'est bien dommage. Malgré cela, j'avais réussi à me procurer deux bouteilles de ce 2007 et il est clair que si la qualité est toujours au rendez-vous, le style est plus rassembleur, même si moins original. Casa Marin est un producteur qui continue de m' intéresser et dont je vais continuer de rechercher les vins, en espérant les revoir un jour à la SAQ. La SAQ offre de plus en plus de vins chiliens intéressants, des vins venant de certains des meilleurs producteurs du pays. Ceci dit, il y encore bien des absences regrettables et Casa Marin est assurément une de celles-ci.


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