dimanche 17 juillet 2011

Le vin chilien peut-il vieillir? (suite)

Dans un article précédant je posais cette question à propos du potentiel de garde des rouges chiliens. Dernièrement je suis tombé sur une  référence intéressante à ce propos. Peter Richards, un spécialiste du Chili vinicole pour la revue Decanter, y relate la dégustation d'un Cabernet Sauvignon, Medalla Real, 1987 de Santa Rita. Il est très élogieux à son sujet. Il est intéressant de noter que c'est l'importateur danois de Santa Rita qui avait décidé de garder des bouteilles de ce vin, et non le producteur lui-même, ce qui montre encore une fois la lacune des chiliens face au potentiel de garde de leurs propres vins. N'empêche que les propos de Andres Ilabaca, le winemaker actuel de cette cuvée sont intéressants lorsqu'il dit que les vignobles qui ont produits ce vin étaient mal tenus, trop irrigués, trop productifs et trop vigoureux. Malgré cela, on a obtenu un vin qui titre à seulement 12% d'alcool et qui a bien évolué sur plus de 20 ans. Les Cabs à 12% d'alcool au Chili, ça n'existe plus aujourd'hui. Comme partout ailleurs sur la planète, on récolte plus tardivement à la recherche de la fameuse maturité phénolique. Ce qui fait que les vins d'aujourd'hui sont différents, pas juste plus alcooliques, mais avec des tanins différents et généralement plus de concentration et des saveurs plus matures. Ceci dit, un exemple comme celui de ce Medalla Real me conforte dans ma préférence pour les vins plus modérés de type Reservas. Des vins qui évitent les excès d'ambition, plus abordables en jeunesse, et qui avec le temps me semblent avoir plus de chances de demeurer équilibrés. Même si ce 1987 a bien évolué, je ne suis pas de ceux qui pensent que cette façon de faire est nécessairement la meilleure, même si aujourd'hui on semble souvent rechercher la maturité à tout prix, parfois au détriment de l'équilibre général.

Que ce soit au Chili, ou ailleurs dans le monde, l'évolution des méthodes d'élaboration rend la garde du vin plus incertaine. Toutefois, pour avoir des réponses, il faut mettre des bouteilles de côté. En ce sens, les rouges chiliens demeurent une option de choix, car leurs prix demeurent très modiques, ce qui permet d'acheter plusieurs exemplaires du même vin et de suivre son évolution. De plus, si un vin de 20$ se montre décevant, c'est moins frustrant qu'avec une bouteille de 100$. Personnellement, j'ai ouvert pas mal de rouges chiliens ces dernières années qui avaient entre 10 et 15 ans d'âge, et je suis plus que satisfait des résultats.


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