dimanche 10 janvier 2010

SYRAH, RESERVA, LIMITED EDITION, 2003, ALTO MAIPO, VINA PEREZ CRUZ




Après une revue de plusieurs Chardonnays chiliens, j’ouvre ces temps-ci plusieurs vins chiliens à base de Syrah, comme le Rapsodia de Loma Larga dont je traite dans mon message précédant. Tous ces vins sont bien jeunes, donc, pour mettre un peu de perspective dans mon exercice, j’ai ouvert une Syrah de l’Alto Maipo avec un peu d’âge pour voir comment elle se présente à ce stade. Ce vin est en fait un assemblage puisqu’il contient aussi du Carmenère (5.5%) et du Cabernet Sauvignon (4%). Le vin a été élevé 14 mois en barriques de chêne. Ce n’était alors que le deuxième millésime de cette cuvée.

La robe est toujours bien sombre, mais se laisse quelque peu pénétrer par la lumière. Le nez est discret, mais révèle tout de même des arômes de fruits noirs, un brin évolués, un peu de cerises, ainsi qu’un petit côté évoquant les raisins secs. Le tout est complété par un léger aspect terreux, des notes de fumée et un soupçon d’épices douces. En bouche, c’est très beau, équilibré et surprenant de retenu. On goûte le caractère légèrement évolué teintant des saveurs fruitées de très belle qualité, amalgamées à des notes finement épicées et avec toujours ce côté légèrement terreux en arrière-plan. C’est dense, compact et bien concentré, mais sans lourdeur, ni excès. La finale poursuit dans la même veine, avec les saveurs qui se fondent encore un peu plus, sur une bonne persistance révélant un peu plus d’amertume.

Ce vin m’a enchanté en sachant allier la finesse à un bon niveau de concentration. Il m’a aussi fortement surpris, par la rapidité de son évolution. Il s’est montré sous un jour très différent de ce qu’il était en prime jeunesse. À vrai dire, le vin s’est métamorphosé, en perdant de son gras et de son volume, et en voyant sa palette aromatique se transformer du tout au tout. Disparus les arômes primaires de la jeunesse, autant au niveau du fruité que du boisé. Le fruit est toujours bien présent, l’influence boisée aussi, mais dans une moindre mesure, mais la nature de ceux-ci s’est transformée. Ce phénomène est difficile à verbaliser. Lorsque j’évoque les raisins secs et l’aspect terreux, c’est une tentative très imparfaite et incomplète de mettre des mots sur cette sensation d’évolution. J’ai ouvert cette bouteille à un moment heureux, mais franchement, je suis embêté pour ce qui est de la suite. Il me reste quatre bouteilles de ce nectar, et sa courbe d’évolution me semble rapide. Bien sûr, je pourrais me précipiter et les ouvrir toutes très rapidement, pour jouir de sa forme actuelle. Mais en même temps, je suis curieux, et un des plaisirs de la garde réside dans les chances qu’on se donne de connaître la suite. Disons que je vais probablement resserrer l’intervalle d’ouverture des bouteilles à venir et ajuster selon ce que ça donnera alors. Le côté difficilement prévisible de l’évolution du vin ne fait-il pas une partie de son charme?


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1 commentaire:

  1. Presqu'un an plus tard, fidèle à ma résolution d'alors de resserrer l'intervalle d'ouverture sur ce vin, compte tenu d'une évolution qui me semblait assez rapide. J'ai ouvert aujourd'hui une autre bouteille de cet excellent vin. Mes impressions sont similaires à celles ressenties il y a un an. Le vin semble avoir stabilisé sa courbe d'évolution. Je vais donc me montrer un peu plus patient avec mes trois bouteilles restantes. Bel exemple du plaisir qu'il y a à suivre un vin dont on possède plusieurs exemplaires.

    Je joins le lien en espagnol vers une verticale de cette cuvée, depuis son millésime initial en 2002, jusqu'à 2008. Selon le dégustateur les vins évoluent bien et il a bien apprécié ce 2003.

    http://www.apuntesdesobremesa.cl/archivos/293


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