vendredi 20 février 2015

MALBEC, 1997, MENDOZA, CATENA



Il fut un temps où l'Argentine présentait pour moi autant d'intérêt que le Chili. À la fin des années 90, c'était un pays qui offrait des rouges généreux et concentrés offrant des RQP très favorables. Toutefois, avec le temps et l'expérience, ma perception des deux pays a changé. Alors que le Chili a progressé à une vitesse foudroyante vers plus de qualité et de diversité, l'Argentine est toujours un pays basé essentiellement sur une grande région, Mendoza, qui offre toujours le même type de rouges bien concentrés, aux fruités très matures. Bien sûr, c'est là une simplification, il y a bien le Torrontès en blanc, quelques Chardonnay de haut niveau venant de vignobles en altitude, puis le Patagonie pour offrir quelques vins de styles plus frais, n'empêche que dans mon esprit l'Argentine demeure un pays qui tire de l'arrière en terme de diversité. Ceci dit, au-delà de tout cela, ce qui m'éloigne le plus de l'Argentine, c'est le potentiel de garde décevant pour moi de ses vins rouges de prix abordables. Les vins tiennent la route, pour ça aucun problème, mais ne se transforment pas vraiment. Après 10 ans de garde on retrouve souvent des vins montrant un profil aromatique peu altéré, et à la structure à peine assouplie. Les vins semblent presque inoxydables. L'intérêt de garder du vin n'est pas qu'il dure le plus longtemps possible, mais bien qu'il se transforme en bouteille pour offrir autre chose avec le temps. Les rouges chiliens, de manière générale, atteignent très bien cet objectif, et ce n'est malheureusement pas le cas de la plupart des argentins avec lesquels j'ai tenté l'expérience. Ceci dit, mon expérience est sur des vins de 10 ans ou plus, car j'ai cessé d'acheter des vins argentins pour la garde depuis le millésime 2005. Ceci dit, le producteur avec lequel j'ai obtenu les meilleurs résultats est Catena. Voyons donc ce que donne ce Malbec de type Reserva après presque 20 ans.

La robe arbore une teinte grenat légèrement translucide. Le nez est superbe avec ses arômes évolués de cerise, d'épices douces, de bois de cèdre, complétés par un soupçon de thé, de terre humide et de feuilles mortes. La bouche révèle un vin svelte où le fruit intense mène encore la danse, avec l'aspect boisé et évolué qui s'amalgame à merveille pour produire l'effet gustatif recherché dans les vins de cet âge. Le milieu de bouche permet de constater que ce nectar a encore une belle présence, des tanins fondus et un niveau de concentration bien ajusté au style du vin. La finale confirme l'harmonie d'ensemble sur une très bonne persistance des saveurs et une très légère pointe d'amertume chocolatée à la toute fin.

Catena demeure pour moi le leader de la viticulture argentine. Bien sûr, ce vin est un exemple illustrant ce qu'un vin datant de 1997 peut donner aujourd'hui. Je ne saurais dire avec certitude ce qu'il en est du potentiel des vins d'aujourd'hui. Le vin était vraiment agréable et montrait une belle évolution, ceci dit, on était loin de la métamorphose que certains vins chiliens de la même catégorie peuvent afficher. Le vin était une déclinaison plus âgée de ce qu'il montrait en jeunesse. Le but ici n'est pas de déprécier les vins d'Argentine. Ce pays demeure une destination de premier choix pour qui recherche des vins à la matière généreuse et au fruité mature. Ce vin montre aussi que le Malbec peut bien vieillir. Toutefois, il faut se rappeler que c'est un vin de type Reserva, et en ce sens il ressemble en terme de proportions à ses contreparties chiliennes. La matière et la concentration sont de très bon niveau, mais c'est clairement en deçà de ce qu'offre les cuvées de luxe, Alta et surtout, Zapata. Alors si l'évolution d'un vin comme celui-ci est lente, je n'ose imaginer le temps nécessaire pour assouplir et transformer significativement les cuvées plus ambitieuses. Ceci dit, ce constat ne s'applique pas qu'à l'Argentine. Rendu à un certain âge il faut se demander si il vaut la peine d'acheter des vins qui auraient besoin d'une garde de 25 ans et plus pour commencer à livrer une version différente d'eux-même. J'ai ouvert d'autres rouges argentins au cours des quelques derniers mois, Norton, Privada, 1999 et 2002, Quimera 2002 et 2004, Malbec Fabre Montmayou, 2001, et le constat sur ces vins concorde avec celui que je fais ici pour ce Malbec de Catena.


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