jeudi 25 décembre 2014

SERENIDAD, 2012, PUENTE ALTO, MAIPO, CASA MAGREZ



J'ai acheté ce vin pour deux raisons. La première, il vient de la réputée sous-région de Puente Alto, lieu d'où originent plusieurs vins chiliens réputés à base de Cabernet Sauvignon (Don Melchor, Vinedo Chadwick, Almaviva). La deuxième, le vin porte la marque de Bernard Magrez, un français très actif et réputé pour avoir augmenté la qualité de certains vins bordelais (Pape Clément, La Tour Carnet). J'étais donc curieux de voir ce que cette combinaison pouvait donner comme résultat. Ceci dit, après l'achat du vin, je me suis aperçu en lisant la contre-étiquette, collée sur l'originale, que le réel producteur de ce vin est Vina La Rosa, un producteur implanté au royaume du Carmenère, à Peumo dans Cachapoal. Je suppose que le vin a été élaboré selon les spécifications du groupe Magrez. Aussi, sur le site de Magrez, il y a de la confusion sur le lieu d'origine de ce vin. Sur la fiche technique du millésime 2011, on parle en introduction de Puente Alto, mais plus loin on dit que le lieu d'origine du vin est San Bernardo, un endroit plus chaud situé directement à l'ouest de Puente Alto, à l'intérieur de la vallée de Maipo. Pour rajouter à la confusion, on dit que le millésime 2011 est issu d'un vignoble d'un hectare dont l'encépagement est 100% Cabernet Sauvignon, alors que le site de la SAQ dit que ce 2012 est un assemblage à parts égales de Cab et de Syrah issu du même vignoble de un hectare. Ça ne colle pas. Tout ça pour dire que l'information sur ce vin semble très confuse. L'étiquette nous trompe sur le réel producteur et il est difficile d'être certain de l'origine exacte et des cépages qui composent ce vin. Autre élément surprenant, pour jeter encore plus de confusion, le site de la SAQ classe ce vin comme vin nature... Voilà qui est très surprenant... Je pense que la dégustation sera plus instructive que ce qu'on peut lire au sujet de ce vin.

La robe est sombre et bien opaque. Le nez libère des arômes de cerises, de prunes, de bois de cèdre, de vanille et de camphre, complétés par de très subtiles notes évoluées de type thé et feuilles mortes. La bouche dévoile un vin velouté et rond, encore bien marqué par le côté épicé du bois de chêne, mais avec un doux fruité intense balancé par une touche d'amertume. Le milieu de bouche montre une matière riche et concentrée où la douceur boisée se fait toujours sentir. La finale ne renie rien et monte même d'un ton sur une bonne persistance aux relents chocolatés.

Avec toute la confusion entourant l'élaboration et l'origine de ce vin, c'était un peu comme le déguster en semi-aveugle. J'étais sûr qu'il était chilien et élaboré par Vina La Rosa, mais pour le reste je devais me fier à mes sens et à mon expérience pour tenter d'y voir plus clair. C'est bien sûr un exercice périlleux aux réponses incertaines. Ce qui ressort le plus pour moi de la dégustation de ce vin, c'est sa jeunesse et son profil de vin-friandise où le boisé de jeunesse joue un grand rôle avec sa douceur épicée et son côté chocolaté, tout ça allié à un fruité de cerise au marasquin. À part les notes de bois de cèdre et de camphre, difficile pour moi d'y percevoir des caractéristiques typiques des rouges de l'Alto Maipo. Pas de cassis frais, pas de menthol, pas de poivron vert, rien de végétal, rien non plus qui pourrait évoquer la Syrah. Un vin au fruité mature qui a vu une bonne dose de bois neuf. Deux éléments qui amenuisent la typicité. L'usage du bois est cohérent avec ce que je connais du style de Vina La Rosa, mais c'est facile à dire quand on connaît le producteur. Tout cela étant dit, j'ai bien aimé ce jeune vin. De temps en temps je ne boude pas mon plaisir avec des vins de ce style. Aussi, par expérience, je sais que ce type de vin peut se métamorphoser avec le temps pour atteindre un profil beaucoup plus sérieux. Un profil que sa rondeur et sa douceur de jeunesse ne laissent pas soupçonner aujourd'hui. Pour qui n'a jamais fait cette expérience, ça demande un réel acte de foi pour mettre ce genre de vin en cave. Au final, on a un vin de belle qualité, offert à un bon prix, mais à choisir, je préfère les vins venant directement du producteur. Si je veux un Cab de Puente Alto de grande qualité et offert à bon prix, et dont je suis sûr de l'origine, je vais acheter le Cab, Marques de Casa Concha de Concha y Toro. Encore une fois, le vin est de belle qualité, c'est ce qui l'entoure qui m'embête. Ici on a Magrez qui met son nom sur l'étiquette en prétendant être le producteur, alors qu'il joue plutôt les revendeurs en fournissant une information nébuleuse sur le contenu de la bouteille. Je ne sais pas pourquoi la SAQ s'entête à offrir ces vins chiliens de filière française en manque d'identité, penser à l'Escudo Rojo, alors qu'il y a tant de bons producteurs chiliens axés sur l'identité et le terroir qui sont absents des tablettes de notre monopole, par exemple, Vina Leyda ou Vina Falernia. Le moins que  je puisse dire c'est que ce qui entoure ce vin manque de sérénité.


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