mercredi 23 octobre 2013

Vin : Le snobisme est-il vraiment mort?

Je suis tombé récemment sur ce texte de Matt Kramer du Wine Spectator qui répond par l'affirmative à la question posée dans mon titre. Selon lui le snobisme voulant que seulement certaines régions traditionnelles puissent produire des vins authentiques et de qualité n'existe plus. Je le cite en traduction libre :

"Tout le monde sait maintenant que toutes sortes de lieux autour du monde peuvent produire et produisent des vins remarquables"

Il poursuit son argumentation en s'attaquant au mythe de la Bourgogne en disant qu'il n'y a plus personne qui peut maintenant prétendre que seule cette région peut produire d'authentiques vins de Pinot Noir. Il cite en exemple la Californie, l'Orégon, la Nouvelle-Zélande, l'Australie et l'Ontario pour étayer sa thèse. Avec un peu plus d'ouverture d'esprit il aurait pu ajouter l'Afrique du Sud, le Chili et la Patagonie argentine à sa liste d'exemples. Personnellement, je suis d'accord avec l'essence de son propos, mais pas avec sa conclusion. Le snobisme régional tel qu'il le décrit existe peut-être moins aux États-Unis car ce pays a une production nationale de qualité au style distinct, et un pays avec une telle influence aide à légitimer cette distinction stylistique. Autrement dit, on ne renie pas les classiques européens, mais on a la confiance nécessaire pour affirmer que l'on peut faire aussi bien de manière différente. Cependant, dans une province comme le Québec, il n'y a pas ce facteur pour forcer une mise en perspective des choses et le vieux snobisme tel que décrit par Matt Kramer est encore bien vivant.

Au surplus, ici au Québec, nous avons droit au nouveau snobisme, dont parle aussi M. Kramer, où l'on privilégie certains vins sur une base idéologique. Ce nouveau snobisme privilégie les vins de petits producteurs, préférablement biologiques, non interventionnistes, ou ceux du mouvement dit "naturel". Dans ce courant, les vins non boisés et issus de cépages inusités sont aussi privilégiés. Il est d'ailleurs amusant de voir qu'une lectrice montréalaise a écrit dans la section "Member Comments" pour confirmer cet état de fait. Donc, les différentes sortes de snobisme en matière de vin sont peut-être en régression, mais de déclarer leur mort me semble être un peu prématuré, surtout ici au Québec. Nous avons encore un bon nombre de buveurs d'idées et d'étiquettes et les stéréotypes à l'encontre des vins du Nouveau-Monde ont la vie très dure.



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